Recherches à l'EPFLTrop de sucre favoriserait les formes graves du Covid
nt, ats
2.8.2021 - 12:00
Le Blue Brain Project de l'EPFL contribue à la lutte contre le Covid-19. Grâce à un outil d'intelligence artificielle (IA), plus de 400'000 articles scientifiques ont été analysés. Objectif: comprendre pourquoi certaines personnes contractent des formes graves de la maladie et d'autres non. Une glycémie élevée pourrait être en cause.
Keystone-SDA, nt, ats
02.08.2021, 12:00
ATS
Au Blue Brain, un groupe d’experts a mis au point un outil d’IA capable de lire des centaines de milliers d’articles scientifiques, d’en extraire les contenus pertinents et de les analyser, explique lundi l'EPFL dans un communiqué. Le résultat a été publié dans «Frontiers in Public Health, section Clinical Diabetes».
Afin de tenter d’apporter une aide à la communauté médicale, le Blue Brain a généré des modèles d’apprentissage automatique pour exploiter les données de ces articles et en extraire des informations structurées. L'analyse a fait ressortir une série de textes révélant le métabolisme du glucose comme la variable biologique la plus fréquemment mentionnée.
Correspondance avec la gravité
Il est apparu que l'élévation de la glycémie était soit causée par un métabolisme anormal du glucose, soit due à l’hospitalisation, à des traitements médicamenteux ou de l’administration de perfusions, écrit Blue Brain.
Cette approche a permis la correspondance avec la gravité du Covid-19 au sein de la population. Elle a révélé comment une glycémie élevée favorise pratiquement chaque étape de l’infection virale: depuis son apparition dans les poumons jusqu’aux complications graves telles que le syndrome de détresse respiratoire aiguë, la défaillance multiple d’organes ou les accidents thrombotiques.
Les scientifiques abordent aussi les conséquences potentielles de cette hypothèse. Ils proposent «des investigations en matière de diagnostic, de traitement et d’intervention ou de recherches qui pourraient aider à réduire la gravité du Covid-19 et à maîtriser l’impact de la pandémie sur la santé publique», relève le Dr Emmanuelle Logette, biologiste moléculaire, citée dans le communiqué.
Vaste collection accessible
À l'origine de cette recherche, la base de données Covid-19 Open Reseach Dataset (Cord-19). Elle contient plus de 400'000 articles scientifiques traitant du Covid-19, du SARS-CoV-2 et d’autres coronavirus. Rendue accessible en raison de la pandémie, elle est la plus vaste collection de publications sur les coronavirus disponible à ce jour.
La communauté à l’origine de cette initiative a mis au défi des experts en IA d’utiliser leurs compétences afin d’en extraire de nouvelles hypothèses ou conclusions susceptibles de contribuer à la lutte contre le Covid-19.
Par chance, ce groupement a «convaincu tous les éditeurs de publications de lever la barrière de la souscription payante», explique dans le communiqué le professeur Henry Markram, fondateur et directeur du Blue Brain Project. Mettre ces documents en libre accès a permis de les analyser à l’aide de technologies modernes d’apprentissage automatique et d’ingénierie des connaissances.
Souscription payante décriée
À cette occasion, le directeur du Blue Brain Project a exprimé sa frustration face à cette pratique très répandue: le verrouillage des connaissances scientifiques par les éditeurs sur souscription payante. «Est-il juste de ne rendre libres d’accès des articles scientifiques (financés par des fonds publics) que pendant une pandémie?», s'interroge Henry Markram.
Le même type de techniques pourrait être utilisé pour s’attaquer à tant d’autres maladies, pour accélérer le progrès scientifique et contribuer à sauver la planète du changement climatique, estime le professeur. Le Blue Brain Project fait partie du vaste projet de recherche européen Human Brain Project, qui vise à simuler par ordinateur un cerveau humain complet.