Inventif L'EPFL développe un outil pour garder la bonne distance sociale  

fl, ats

7.5.2021 - 11:05

Des chercheurs de l’EPFL ont détourné leur logiciel destiné aux voitures autonomes pour en faire un détecteur 3D qui mesure la bonne distance sociale face au Covid-19. Cela pourrait être utile pour les transports publics, les restaurants et les entreprises.

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Le professeur assistant Alexandre Alahi (à gauche) et le doctorant Lorenzo Bertoni (à droite) dans Laboratoire d’lntelligence Visuelle pour les Transports (VITA) de l’EPFL. Sur l'écran derrière eux, des silhouettes permettant d'analyser les distances entre les personnes.
Le professeur assistant Alexandre Alahi (à gauche) et le doctorant Lorenzo Bertoni (à droite) dans Laboratoire d’lntelligence Visuelle pour les Transports (VITA) de l’EPFL. Sur l'écran derrière eux, des silhouettes permettant d'analyser les distances entre les personnes.
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L'équipe du Laboratoire d’lntelligence Visuelle pour les Transports (VITA) de l’EPFL travaillait sur l'application de leur algorithme aux voitures autonomes. La pandémie leur a fait changer de trajectoire. «Nous avons alors réalisé qu’en y ajoutant quelques fonctionnalités, notre outil pourrait être utile à la crise que nous vivons», explique Lorenzo Bertoni, doctorant cité vendredi dans un communiqué de l'EPFL.

Les chercheurs, dont les travaux viennent d'être publiés dans la revue IEEE Transactions on Intelligent Transportation Systems, ont ainsi voulu améliorer leur algorithme pour prendre en compte et l’importance de respecter une distance sociale de 1,5 mètre entre les personnes. L'algorithme était à la base destiné à détecter l’approche d’un autre véhicule ou d’un piéton dans la rue et à engager le véhicule autonome à freiner, changer de direction ou à accélérer.

Avec un smartphone

Alors que les détecteurs de distances actuels demandent l'usage d'autres instruments de télédétection, celui développé par l'EPFL peut s'ajouter simplement à un appareil photo, à une caméra ou à un smartphone. Il calcule d'une manière innovante les dimensions des silhouettes et la distance sociale entre les êtres humains. L'estimation de la distance se base sur la taille des personnes et non sur le sol.

«Pour localiser des personnes en 3D, les détecteurs habituels partent du principe que chaque personne se tient sur la même surface plane. La caméra ne peut donc pas être en mouvement et son utilisation est limitée. Par exemple, cela pose des problèmes de précision lorsque la personne prend des escaliers», précise Lorenzo Bertoni, premier auteur de l’étude.

L’algorithme identifie également l’orientation des corps, les interactions sociales au sein d'un groupe de personnes présentes dans un espace donné. Il peut ainsi détecter si elles se parlent, ainsi que le respect de 1,5 mètre de sécurité sanitaire entre les personnes.

Respect de la sphère privée

Nommé MonoLoco, le détecteur de l’EPFL garantit par ailleurs l’anonymat. Il n’a besoin de connaître que la distance entre les articulations d’une silhouette (épaules, poignets, hanches, genoux) pour calculer la distance entre les personnes et leur orientation.

Il prend une photo ou une vidéo d’un espace et les convertit en silhouettes schématiques et anonymes dotées de «points-clés», rendant le stockage des photos ou des vidéos initiales inutile. «Cette technologie est donc selon nous un pas dans la bonne direction en ce qui concerne le respect de la sphère privée», précise Lorenzo Bertoni.

L'algorithme, dont le code source est en libre accès sur le site Internet du laboratoire, pourrait avoir de multiples applications «dans les transports publics, bien sûr, mais aussi dans les commerces, les restaurants, les bureaux, les halls de gare et les usines, afin de garantir la santé des ouvriers par le respect des distances et de leur permettre d’aller travailler», détaille le chercheur.

Une première application dans les cars postaux est prévue dans le cadre d’un partenariat entre l’EPFL et La Poste.