Relique retrouvée L'incroyable histoire de «l'Indiana Jones du monde de l'art»

ATS

13.7.2022 - 08:08

Il est 22h30, un vendredi, quand Arthur Brand reçoit le colis qu'il attendait nerveusement. Sa sonnette retentit dans la nuit, il ouvre la porte et ne voit personne. À ses pieds, une boîte en carton.

Keystone-SDA

Elle contient la relique du «Précieux Sang» du Christ, un des objets les plus sacrés jamais volés à l'Église catholique, conservé depuis 1000 ans dans l'abbatiale de Fécamp, dans le nord de la France, affirme-t-il. Son coeur bat la chamade à la vue du reliquaire, qui renferme selon les croyants des fioles du sang de Jésus, raconte M. Brand dans un entretien à l'AFP.

Le détective remettra le reliquaire aux forces de l'ordre néerlandaises mardi, qui sera ensuite remis à la police française, avant de retrouver l'abbatiale de Fécamp.

Surnommé «l'Indiana Jones du monde de l'art», M. Brand, 52 ans, est l'un des experts et détectives d'art les plus célèbres au monde. Le Néerlandais a notamment retrouvé un Picasso, une bague d'Oscar Wilde et «Les chevaux d'Hitler», des sculptures en bronze grandeur nature.

Mais mettre la main sur la relique du «Précieux Sang» du Christ a été pour lui un sentiment particulièrement extraordinaire. «En tant que catholique, c'est à peu près aussi proche de Jésus et de la légende du Saint Graal que vous pouvez l'être», confie M. Brand. «C'était une expérience religieuse», ajoute-t-il.

«Énorme choc»

En ouvrant la boîte déposée au pas de sa porte, Arthur Brand découvre avec satisfaction que la relique est intacte.

Le reliquaire en or, d'environ 30 centimètres de haut, renferme deux fioles métalliques contenant des gouttes de sang de Jésus recueillies lors de la crucifixion, selon les croyants.

Source de culte pour les pèlerins catholiques depuis plus d'un millénaire, il a été volé à l'abbatiale de Fécamp dans la nuit du 1er au 2 juin, deux semaines avant la célébration annuelle de la «Messe du Précieux Sang».

«Le voleur s'est très probablement laissé enfermer à l'horaire de fermeture et s'est enfui avec l'artefact», affirme Arthur Brand à son domicile, où il conserve le reliquaire. Le vol de cette «pièce légendaire» a été «un énorme choc», raconte M. Brand. Une enquête avait aussitôt été ouverte par la police.

La «véritable» relique

La boîte en carton mystérieusement remise à Arthur Brand ne contenait pas que le reliquaire. Le détective d'art y a aussi découvert plusieurs plaques liturgiques en cuivre, des représentations de saints et un gobelet orné, également volés à l'abbatiale en juin.

L'AFP a pu voir le reliquaire mais n'a pas pu vérifier son authenticité ni celle des autres objets retrouvés. Ils n'ont pas encore été examinés par la police ou des experts indépendants, et l'abbatiale n'était pas joignable dans l'immédiat pour commentaire.

Mais selon Arthur Brand, il n'y a aucun doute sur leur authenticité. «Je n'ai aucun doute dans mon esprit que c'est le véritable» Précieux Sang du Christ, souligne le détective d'art. «Les objets religieux sont presque impossibles à contrefaire», assure-t-il.

Le Néerlandais s'est intéressé très jeune à l'art et à l'histoire, et s'est spécialisé dans le commerce d'art et d'antiquités après des études d'espagnol et d'histoire.

«Une malédiction» -

Son rôle dans l'affaire du «Précieux Sang» commence quelques jours après le vol, lorsqu'il reçoit un e-mail d'un expéditeur anonyme affirmant avoir le butin volé en sa possession.

«Cette personne m'a approchée au nom d'une autre, chez qui les reliques volées étaient entreposées», raconte le détective d'art. Mais «avoir la relique ultime, le sang de Jésus dans sa maison, volée, c'est une malédiction», affirme M. Brand.

Quand les voleurs ont réalisé ce qu'ils avaient dérobé, des reliques «invendables» car aucun acheteur n'en voudrait, ils ont compris qu'ils devaient s'en débarrasser, ajoute-t-il.

L'expert en art a montré à l'AFP un e-mail rédigé en néerlandais dans lequel la personne lui demande de reprendre les objets volés car il lui était trop risqué de les restituer à l'abbatiale elle-même. L'expéditeur anonyme prévient alors Arthur Brand que le butin sera déposé à son domicile, sans préciser la date.

Le détective pense que les voleurs ont voulu passer par lui pour rendre les objets car «il aurait été trop dangereux d'impliquer la police».