Franck, 33 ans, dont le corps a été brûlé à 95%, au centre de rééducation de Corbie proche d'Amiens le 23 novembre 2017
Greffe de Peau sur 95% du corps, première mondiale
Franck, 33 ans, dont le corps a été brûlé à 95%, au centre de rééducation de Corbie proche d'Amiens le 23 novembre 2017
Un grand brûlé survit grâce à une greffe de peau de son jumeau
Franck, 33 ans, dont le corps a été brûlé à 95%, au centre de rééducation de Corbie proche d'Amiens le 23 novembre 2017
Greffe de Peau sur 95% du corps, première mondiale
Franck, 33 ans, dont le corps a été brûlé à 95%, au centre de rééducation de Corbie proche d'Amiens le 23 novembre 2017
Le lien entre ces vrais jumeaux est fusionnel, au sens propre: Franck, brûlé sur la quasi-totalité du corps (95%) et condamné à mourir, a été sauvé grâce à la greffe de peau provenant de son frère, une première selon les médecins qui l'ont soigné.
"J'avais une fresque tatouée sur le bras: la seule chose qui est restée, c'est le mot life. La vie, quoi", raconte à l'AFP cet homme de 33 ans.
"C'est la première fois qu'on réalise une greffe de peau entre jumeaux sur 95% du corps", explique à l'AFP celui qui l'a opéré, le Pr Maurice Mimoun, chef du service de chirurgie plastique et reconstructrice à l'hôpital Saint-Louis à Paris.
Des brûlés ont déjà été greffés avec de la peau de leur vrai jumeau, mais jamais sur une telle étendue, où les chances de survie sont quasiment nulles.
Les cas publiés jusque-là dans le monde allaient de 6 à 68% environ et portaient sur 45% de la surface du corps en moyenne, selon le chirurgien.
L'avantage est que cette peau greffée ne sera jamais rejetée, sans nécessiter de traitement antirejet, puisque ces vrais jumeaux ont un capital génétique identique.
"Mon corps est très abîmé mais j'ai bien cicatrisé. Maintenant mon visage n'a presque plus rien et je n'ai plus mal", détaille le patient, en cours de sevrage de médicaments antidouleurs.
- 'Comme un bas résille' -
Le 27 septembre 2016, Franck Dufourmantelle est admis au centre spécialisé de l'hôpital Saint-Louis de Paris. Brûlé sur 95% de son corps lors d'un accident du travail, cet opérateur chimiste est quasiment assuré de mourir.
"Je déversais un bidon dans une cuve qui m'a explosé dans les mains, c'était un produit inflammable. J'ai brûlé à vif une quinzaine de secondes", se souvient-il.
Il est pris en charge par le Pr Mimoun et le Pr Alexandre Mebazaa en anesthésie réanimation. Par chance, les médecins découvrent qu'il a un jumeau homozygote (du même oeuf). La première greffe de peau, prélevée sur le jumeau sain, est réalisée le 7e jour après l'admission de Franck à l'hôpital.
Les deux frères sont opérés au même moment par deux équipes de chirurgiens et d'anesthésistes réanimateurs, afin de réaliser le transfert immédiat de la peau.
Le procédé est répété au 11e et 44e jour pour assurer la couverture entière du patient brûlé. Au total, il a subi une dizaine d'opérations, incluant greffes et interventions pour exciser la peau brûlée, toxique pour l'organisme.
Les prélèvements de peau sur le donneur ont été faits en prenant de "minces couches" sur le crâne, qui cicatrise en moins d'une semaine, ainsi que sur le dos et les cuisses, qui cicatrisent en une dizaine de jours.
Les 45% de peau obtenue ont été étirés dans une machine pour obtenir "comme un bas résille", ensuite posé sur le corps du brûlé, explique le chirurgien: "Les petites plaies entre chaque maille cicatrisent en dix jours".
- Rééducation -
"Mon frère a souffert énormément physiquement", reconnaît Franck. "C'est pas anodin quand on retire la peau. Mais là tout est cicatrisé, il a juste comme des petits coups soleil par endroits".
L'utilisation de la peau de donneur décédé est classique chez les grands brûlés, mais est systématiquement rejetée au bout de quelques semaines et doit être remplacée.
Franck est sorti du centre de brûlés de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP) mi-février, quatre mois et demi après son hospitalisation. Il est resté dans un centre de réadaptation de grands brûlés jusqu'en juillet.
Aujourd'hui, le patient, qui peut marcher mais pas courir, est rentré chez lui et poursuit sa rééducation de jour au centre de Corbie (Somme).
"C'est un travail de longue haleine pour gagner quelques degrés d'amplitude", dit-il. "Ma main gauche aurait dû être sectionnée mais elle a été sauvée. Ma droite est moins abîmée, j'arrive à écrire".
Il arrive même "à faire quelques échanges au ping pong". "A mon niveau, bien sûr", sourit-il.
Les procédés de réparation chirurgicaux et d'anesthésie réanimation sont au point et permettront d'utiliser les peaux innovantes en cours d'étude dans le monde, selon le Pr Mimoun.
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