La génétique a parlé Cet homme est bien l'arrière-petit-fils de Sitting Bull 

AFP

28.10.2021 - 08:52

Pour la première fois, la technologie génétique a permis de corroborer un lien de parenté entre un personnage historique et un descendant vivant, en l'occurrence entre le célèbre chef amérindien Sitting Bull et un homme qui affirmait être son arrière-petit-fils.

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La découverte a été rendue possible par une nouvelle technique qui permet d'obtenir des informations génétiques à partir d'un échantillon minuscule voire fragmenté d'ADN ancien. La technique a été développée par une équipe de scientifiques menée par le Pr. Eske Willerslev de l'université de Cambridge au Royaume-Uni, et du centre de géo-génétiques de la fondation Lundbeck au Danemark.

Leurs résultats ont été publiés mercredi dans la revue Science Advances.

Des études précédentes, fondées sur des échantillons génétiques anciens, s'étaient attelées à trouver des correspondances en utilisant des marqueurs génétiques sexuels, notamment trouvés dans le chromosome Y.

Ernie LaPointe, 73 ans, affirme être le descendant de Sitting Bull du côté maternel, a déclaré le Pr. Willerslev à l'AFP, empêchant l'utilisation de ces techniques.

Avec ses collègues chercheurs, le Pr. Willerslev a trouvé en revanche un moyen de chercher de l'ADN «autosomal», soit non-marqué sexuellement. Ils ont ainsi localisé une petite quantité d'ADN autosomal dans un échantillon de cheveux de Sitting Bull avant de développer une méthode de calcul informatique pour la comparer avec l'ADN d'Ernie LaPointe.

«Certains à 100%»

«En se basant sur cela, nous pouvons estimer le lien de parenté avec Sitting Bull», a affirmé le Pr. Willerslev, ajoutant: «Nous sommes certains à 100%» qu'Ernie LaPointe est l'arrière-petit-fils de Sitting Bull.

«Au fil des ans, beaucoup de personnes ont tenté de remettre en question la relation que mes soeurs et moi avons avec Sitting Bull», a déclaré de son côté Ernie LaPointe dans un communiqué de l'université de Cambridge.

Selon lui, les restes de Sitting Bull se situent actuellement à Mobridge dans le Dakota du Sud, Etat qui abrite encore une importante population amérindienne, dans un lieu qui ne possède aucune résonance avec l'histoire du chef Lakota et la culture qu'il représentait.

Ernie LaPointe a ainsi cherché à établir un lien génétique afin de l'aider à obtenir le droit d'exhumer son ancêtre et de transporter ses restes dans un lieu plus approprié.

Homme-médecine et lumière mystérieuse

Sitting Bull, dont le vrai nom était Tatanka-Iyotanka, est né en 1831 et mort en 1890.  En 1876, il mène 1'500 guerriers Lakota à la célèbre bataille de Little Big Horn, où ils écrasent les troupes américaines du général Custer.

Il y a près de 10 ans, le Pr. Willerslev apprend la quête de vérité d'Ernie LaPointe, et offre ses services.

Une natte de cheveux appartenant à Sitting Bull et prélevée après sa mort, avait été rendue par un musée de Washington à Ernie LaPointe en 2007, mais avant qu'il ne la transmette au Pr. Willerslev, il a souhaité savoir si les intentions du scientifiques étaient pures.

Ernie LaPointe a ainsi demandé à Eske Willerslev de prendre part à une cérémonie impliquant un homme-médecine (fonction de guérisseur au sein des tribus amérindiennes), des percussions, et des chants dans une salle assombrie.

«Une lumière bleu-vert est apparue au milieu de la salle -et je suis un scientifique par nature, j'ai donc pensé, +et bien c'est l'homme médecine qui court autour avec une lampe+, mais quand j'ai étendu mes bras dans l'obscurité, il n'y avait personne», a déclaré le professeur.

Quatre centimètres de natte

Eske Willerslev et ses hôtes ont ensuite fumé un calumet Lakota, et ont mangé de la viande de bison avant qu'Ernie LaPointe ne l'informe que la mystérieuse lumière n'était autre que l'esprit de Sitting Bull, donnant sa bénédiction à l'étude.

Ernie LaPointe n'a cependant transmis que quatre centimètres de la natte de Sitting Bull, longue de plus de 30 centimètres, et a ensuite incinéré le reste, conformément aux instructions de l'esprit de son ancêtre. «C'est un désastre», pensait à l'époque le Pr. Willerslev, considérant qu'il n'aurait pas assez d'ADN restant. 

Mais les circonstances l'ont forcé avec son équipe à développer une méthode innovante au cours des 10 années suivantes. La même méthode peut désormais être utilisée pour enquêter sur les liens avec d'autres personnages historiques, du bandit Jesse James, à la famille impériale russe... si des échantillons anciens d'ADN sont disponibles.