Menace sur l'AfriqueUne espèce invasive de moustique gagne du terrain
ATS
2.11.2022 - 11:57
De nouvelles données font apparaître la propagation en Afrique d'une espèce invasive de moustique vecteur du paludisme venue d'Asie. Cela fait peser une menace potentielle sur des dizaines de millions de citadins, alertent des chercheurs.
Keystone-SDA
02.11.2022, 11:57
ATS
Causé par cinq espèces de parasites transmis par les piqûres de moustiques infectés, le paludisme (ou malaria) reste un fléau, notamment pour les enfants africains, malgré l'arrivée récente d'un vaccin.
En Afrique, où sont survenus plus de 95% des 627'000 décès mondiaux de paludisme en 2020, la maladie se répand surtout en zones rurales, via les moustiques Anopheles gambiae, dominants sur ce continent.
Or, une autre espèce, Anopheles stephensi, longtemps principal vecteur de la malaria dans les villes indiennes et iraniennes, peut se reproduire dans des réservoirs d'eau urbains, et donc prospérer lors des saisons sèches. Elle est également résistante aux insecticides courants.
Si ce moustique se déployait largement en Afrique, plus de 126 millions de personnes dans 44 villes seraient à risque de paludisme, selon une modélisation de 2020.
À Djibouti, premier pays africain à avoir détecté Anopheles stephensi en 2012 alors qu'il était sur le point d'éradiquer le paludisme avec seulement 27 cas cette année-là, la malaria est repartie en flèche. Quelque 73'000 cas y ont été comptabilisés en 2020, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Et une épidémie de paludisme dans l'Ethiopie voisine a été causée par le même moustique, selon une étude non revue par des pairs, présentée mardi lors de la réunion annuelle de la Société américaine de médecine tropicale et d'hygiène à Seattle (Etats-Unis).
Le Soudan semble aussi touché. Selon d'autres données préliminaires, des moustiques Anopheles stephensi ont été identifiés dans 64% des 60 sites de tests, répartis dans neuf régions. Ces découvertes interviennent après que l'Institut nigérian de recherche médicale a confirmé pour la première fois, en juillet, la présence d'Anopheles stephensi en Afrique de l'Ouest.
Les décès du paludisme ont reculé de plus de moitié entre le début du siècle et 2017 – principalement grâce aux moustiquaires imprégnées d'insecticide, aux tests et aux médicaments -, avant que la pandémie de Covid-19 n'interrompe ce déclin.