Immunothérapie ou "vaccin" Des pistes prometteuses émergent pour traiter le cancer 

Relax

3.2.2021 - 11:47

Mieux tirer partie de l'immunothérapie, vacciner pour combattre la tumeur... Face aux cancers, qui constituent toujours la deuxième cause de décès dans le monde, avec 9,6 millions de morts en 2018, plusieurs pistes prometteuses se dessinent.

Le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, s'est fait vacciner contre la Covid-19.
Le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, s'est fait vacciner contre la Covid-19.
Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP

Immunothérapie

Les médicaments d'immunothérapie, qui modifient le fonctionnement du système immunitaire pour lui permettre de reconnaître les cellules cancéreuses, ont bouleversé la prise en charge des cancers depuis une dizaine années.

Mais ils ne sont efficaces qu'auprès d'environ 25% des patients, avec de fortes disparités selon le type de cancer.

L'ambition est d'«augmenter» ce pourcentage, explique Christophe Le Tourneau, responsable des essais cliniques précoces à l'Institut Curie, l'un des principaux centres français de recherche et de traitement du cancer.

«Pas loin de 80% des molécules ou des voies thérapeutiques en développement pour les cancers sont à ranger dans le lot des immunothérapies», a indiqué à l'AFP le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer.

Combinaison de techniques

Les chercheurs testent notamment l'association d'une chimiothérapie suivie d'une immunothérapie, la première provoquant des mutations dans les cellules cancéreuses qui les rendent ensuite plus facilement détectables par le système immunitaire.

Beaucoup d'espoirs résident aussi dans les traitements dits «inhibiteurs de points de contrôle», qui cherchent à «réveiller» les lymphocytes tueurs présents dans la tumeur mais «endormis» par cette dernière. Ils ont déjà permis d'améliorer sensiblement le pronostic dans le mélanome et le cancer du poumon.

Ces traitements représentent un espoir pour les 10% à 15% de cancers du sein à «mauvais pronostic», dits «triple négatif», sans traitement efficace actuellement, souligne la Fondation Arc.

Une étude menée avec le durvalumab (médicament commercialisé par AstraZeneca pour certains cancers du poumon), publiée récemment dans Nature Medicine, montre que cet anticorps améliore la survie des femmes atteintes de ce type de cancer.

«Vaccin» ?

Des essais en cours explorent l'efficacité d'une vaccination à effet thérapeutique, et non préventif. C'est la voie suivie notamment par la biotech française Transgene, avec un vaccin anti-virus HPV (papillomavirus) combiné à une immunothérapie classique.

Un autre essai d'un vaccin personnalisé du même laboratoire vient de débuter à l'Oncopole de Toulouse, pour traiter des patients atteints de cancers de la sphère ORL (nez, gorge...).

Ce traitement «consiste à mettre à la disposition du système immunitaire une sorte de reconnaissance faciale», basée sur les mutations génétiques propres à la tumeur de chaque patient, «pour que celui-ci identifie les cellules cancéreuses et déclenche une réaction immunitaire spécifique», détaille l'Oncopole.

L'appellation de «vaccin» vient du fait que, contrairement à d'autres immunothérapies, «on va vraiment chercher à cibler des protéines qui ne sont pas exprimées par les cellules normales, mais seulement par les cellules tumorales. On crée un vaccin contre ces protéines pour que l'organisme s'immunise contre elles», explique à l'AFP Eric Solary, directeur scientifique de la Fondation Arc.

Mieux cibler

L'analyse morphologique et, de plus en plus, génétique de la tumeur et des cellules qui l'entourent joue un rôle majeur pour préciser le pronostic des patients mais aussi pour choisir leur traitement.

La présence de certaines mutations dans l'ADN des cellules cancéreuses ainsi que la répartition des cellules immunitaires (lymphocytes notamment) permet en effet de prédire si tel type de traitement marchera.

Mieux cibler les traitements, «c'est vraiment l'enjeu majeur», résume Eric Solary, évoquant des enjeux économiques mais aussi d'éviter des effets secondaires inutiles à des patients qui enchaînent souvent plusieurs traitements.

Nanoparticules

Une autre voie prometteuse consiste à optimiser l'efficacité des molécules existantes en les enrobant dans des «nanocapsules» de lipides.

Il s'agit ainsi de mieux «distribuer» le médicament, pour «qu'il aille directement dans les cellules tumorales et évite d'abîmer les cellules normales», ce qui limite son effet toxique pour l'organisme, détaille le Pr Solary.

Des essais cliniques «concluants et prometteurs» à l'Institut Curie concluent aussi que l'injection de nano-billes métalliques dans la tumeur augmente l'efficacité de la radiothérapie.

Dans la même veine, plusieurs équipes de chercheurs américains utilisent des bactéries génétiquement modifiées pour administrer un «cocktail toxique» au centre de la tumeur, moins vascularisée et où les molécules de chimiothérapie qui passent par le sang ne parviennent pas.

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