Il en rêve depuis toujours et a fondé il y a 17 ans sa propre entreprise pour y arriver: dimanche, le milliardaire Richard Branson doit enfin s'envoler dans l'espace depuis le Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, pour quelques minutes en apesanteur à bord d'un vaisseau de Virgin Galactic.
L'intérieur du vaisseau de Virgin Galactic, qui peut accueillir jusqu'à six passagers pour aller flotter quelques minutes en apesanteur dans l'espace
Le milliardaire Richard Branson, fondateur de la société spatiale Virgin Galactic, sur une photo non datée fournie par l'entreprise
Le vaisseau de Virgin Galactic VSS Unity dans l'espace au-dessus de l'Etat américain du Nouveau-Mexique, lors d'un vol test en mai 2021
Le fondateur de Blue Origin, Jeff Bezos (à gauche) et le fondateur de Virgin Galactic, Richard Branson
Le vol de Virgin Galactic
Virgin Galactic décolle pour l'espace, son fondateur Richard Branson à bord - Gallery
L'intérieur du vaisseau de Virgin Galactic, qui peut accueillir jusqu'à six passagers pour aller flotter quelques minutes en apesanteur dans l'espace
Le milliardaire Richard Branson, fondateur de la société spatiale Virgin Galactic, sur une photo non datée fournie par l'entreprise
Le vaisseau de Virgin Galactic VSS Unity dans l'espace au-dessus de l'Etat américain du Nouveau-Mexique, lors d'un vol test en mai 2021
Le fondateur de Blue Origin, Jeff Bezos (à gauche) et le fondateur de Virgin Galactic, Richard Branson
Le vol de Virgin Galactic
Le Britannique espère ainsi faire décoller pour de bon l'industrie naissante du tourisme spatial. Mais aussi battre Jeff Bezos, en remportant le titre de premier milliardaire à franchir cette ultime frontière grâce au vaisseau d'une compagnie qu'il a lui-même fondée.
L'autre grand rival du fondateur d'Amazon, le patron de SpaceX Elon Musk, a d'ailleurs annoncé sur Twitter qu'il assisterait au décollage dimanche. «Je t'y verrai pour te souhaiter le meilleur», a-t-il lancé à Richard Branson. Des milliardaires se sont déjà rendus dans l'espace dans les années 2000 mais à bord de fusées russes.
Le rôle officiel de Richard Branson durant le voyage: tester et évaluer l'expérience que vivront les futurs clients. Le vol doit avoir lieu à partir de 07H00 heure locale (13H00 GMT, 15H00 en France), avec une retransmission vidéo en direct sur le site de Virgin Galactic.
Vaisseau largué par un gros avion
Il ne s'agit pas vraiment ici d'une fusée mais plutôt d'un immense avion porteur, conduit par deux pilotes, qui doit d'abord décoller d'une piste traditionnelle et gagner en altitude durant environ une heure.
Sous cet avion est accroché le vaisseau VSS Unity -- un exemplaire du modèle SpaceShipTwo -- avec à son bord deux autres pilotes et quatre passagers: Richard Branson et trois employés de la compagnie.
À quelque 15 kilomètres de haut, le vaisseau, qui fait à peu près la taille d'un jet privé, sera largué et allumera son moteur pour une ascension supersonique, jusqu'à dépasser les 80 km d'altitude -- la limite fixée aux Etats-Unis pour la frontière de l'espace.
Une fois le moteur coupé, les passagers pourront se détacher de leur siège pour flotter quelques minutes en apesanteur, et admirer la courbure de la Terre depuis l'un des 12 hublots de la cabine. Après un pic à environ 90 km d'altitude, le vaisseau redescendra en planant.
Base spatiale
L'excentrique milliardaire de 70 ans, fondateur du groupe Virgin (dont les activités vont d'une compagnie aérienne au fitness), cultive de longue date son image de tête brûlée, en multipliant les exploits sportifs.
«Quand j'étais enfant, je voulais aller dans l'espace. Comme cela ne semblait pas probable pour ma génération, j'ai déposé le nom de Virgin Galactic, avec l'idée de créer une entreprise qui pourrait rendre ça possible», a écrit Richard Branson quelques jours avant le départ.
Un objectif qui a bien failli tourner court en 2014: l'accident en vol d'un vaisseau de Virgin Galactic avait causé la mort d'un pilote, retardant considérablement le programme. Depuis, VSS Unity a déjà atteint trois fois l'espace, en 2018, 2019 et en mai dernier, avec à son bord des pilotes, et même une passagère en 2019.
Dimanche, l'événement a lieu au Spaceport America, une base spatiale construite dans le désert du Nouveau-Mexique, à moins de 100 km au nord de la petite ville de Las Cruces. Virgin Galactic est à l'initiative de sa construction, largement financée par cet Etat du sud-ouest des Etats-Unis, et en est le client principal. La base comprend une piste de plus de 3,6 km de long et un bâtiment avec des espaces dédiés aux opérations de vol, ainsi qu'à l'accueil des futurs clients.
Vols réguliers en 2022?
Après dimanche, Virgin Galactic prévoit deux nouveaux vols d'essai, puis le début des opérations commerciales régulières pour début 2022. Et ambitionne à terme de mener 400 vols par an depuis Spaceport America.
Quelque 600 billets ont déjà été vendus à des personnes de 60 pays différents -- y compris des célébrités hollywoodiennes -- pour un prix compris entre 200.000 et 250.000 dollars. Même si Richard Branson ne cesse de répéter que selon lui, «l'espace nous appartient à tous», l'aventure ne reste donc à la portée que de privilégiés.
«À mon retour (de l'espace), j'annoncerai quelque chose de très enthousiasmant pour permettre à davantage de gens de devenir astronaute», a-t-il promis.
La compétition dans le secteur du tourisme spatial, dont l'avènement imminent est annoncé depuis des années, s'est formidablement accélérée ce mois-ci: l'homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, doit lui aussi s'envoler le 20 juillet, avec sa propre fusée, nommée New Shepard et développée par sa société Blue Origin.
Cette dernière a publié vendredi un tableau vantant ses mérites par rapport à ceux de Virgin Galactic: New Shepard monte, elle, jusqu'à plus de 100 km d'altitude, dépassant ainsi ce qu'on appelle la ligne de Karman, marquant le début de l'espace selon la convention internationale. «Aucun de nos astronautes n'aura d'astérisque à côté de son nom», a raillé Blue Origin.