AnalyseVoilà pourquoi l'élan de solidarité est si fort en Suisse
ats
13.4.2022 - 08:43
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Suisses font preuve d'une grande solidarité envers les réfugiés ukrainiens. Pour Etienne Piguet, vice-président de la Commission fédérale des migrations (CFM), plusieurs facteurs expliquent cet élan. L'ethnie et la religion ne sont toutefois pas un élément central.
Keystone-SDA, ats
13.04.2022, 08:43
ATS
«Dans le cas de l'Ukraine, on assiste à une juxtaposition d'une multitude de facteurs particulièrement favorables à l'accueil», indique Etienne Piguet dans une interview publiée mercredi dans Arcinfo. Il y a pour lui quatre éléments principaux.
Il mentionne tout d'abord la proximité géographique. Le fait que cela se passe si près interpelle, note-t-il. Et de relever qu'il n'y a pas de cas récents où des personnes habitant en Suisse sont allées chercher elles-mêmes des réfugiés à la frontière.
Un second facteur est la soudaineté de l'attaque russe. «Quand quelque chose de très brusque se produit, on est émus, on réagit», note-t-il. M. Piguet mentionne ensuite la lisibilité du conflit avec un agresseur et des victimes clairement identifiables.
Il y a finalement l'absence d'alternatives de protection. «J’ai le sentiment dans le cas ukrainien qu’il y a la conviction au sein de l’administration et de la population que les pays limitrophes comme la Pologne sont déjà à la limite, et donc qu’il n’y a pas tellement d’alternatives possibles à part l’accueil en Suisse», explique le professeur.
Des femmes et des enfants
Le profil des réfugiés, majoritairement des femmes et des enfants, joue également un rôle. Ce sont les personnes pour lesquelles on a le plus d'ouverture et c'est une constante historique, relève M. Piguet.
Interrogé si le traitement différencié des réfugiés ukrainiens et des autres réfugiés révélait une fermeture raciste de la Suisse et de l'Union européenne, le vice-président de la Commission fédérale des migrations répond qu'il ne pense pas que ce soit un facteur explicatif central. Il reconnaît cependant que le racisme et la peur de l'islam jouent un rôle dans les politiques d'asile européennes.
«Même si cela peut être un élément facilitateur, ce n'est pas parce que les réfugiés sont blancs et chrétiens que nous allons forcément davantage les accueillir», ajoute-t-il. Et de mentionner le «contre-exemple du Kovsovo» en 1999. Pendant une courte période, la Suisse avait accueilli des dizaines de milliers de personnes, qui ne venaient pas d'Europe de l'Ouest et étaient majoritairement musulmanes.