Il pourrait même influencer vos choix Guilleret ou chafouin? La faute au microbiote intestinal!

Relax

23.5.2024 - 14:09

(ETX Daily Up) – Et si certaines de vos décisions ou votre comportement étaient le fait, non pas de mécanismes volontaires, mais de la composition de votre microbiote intestinal? Une perspective qui peut prêter à sourire… C'est pourtant ce que suggère une étude très sérieuse menée par des chercheurs de l’Institut du Cerveau et de l’université de Bonn. Des modifications dans la flore intestinale pourraient notamment jouer un rôle sur les interactions avec les autres.

Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Institut du Cerveau et de l’université de Bonn (Allemagne) suggère que la composition du microbiote intestinal pourrait avoir une influence sur certaines prises de décision.
Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Institut du Cerveau et de l’université de Bonn (Allemagne) suggère que la composition du microbiote intestinal pourrait avoir une influence sur certaines prises de décision.
SewcreamStudio / Getty Images

23.5.2024 - 14:09

D'après la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM), le microbiote intestinal rassemble «des milliers de milliards de micro-organismes vivant principalement dans les intestins, en symbiose avec l'organisme, c'est-à-dire en association bénéfique à chacun. Il y en a autant que de cellules constituant notre corps ! Il s'agit essentiellement de bactéries, mais aussi de levures et de virus». Si l'on sait déjà que cette flore, comme on l'appelle également, impacte la fonction digestive, elle pourrait également avoir une influence sur le comportement, certaines émotions, voire certaines prises de décision. Un constat surprenant fait par des scientifiques de l'Institut du Cerveau, en France, et de l'université de Bonn, en Allemagne.

Ce n'est pas la première étude qui explore cette association, mais la plupart des recherches effectuées ne portaient jusqu'alors que sur des animaux. «Les données disponibles suggèrent que l’écosystème intestinal communique avec le système nerveux central grâce à différents canaux, dont le nerf vague. Il utilise aussi des signaux biochimiques qui déclenchent la libération de neurotransmetteurs, tels que la dopamine et la sérotonine, qui sont essentiels pour le bon fonctionnement du cerveau», indique Hilke Plassmann, responsable de l’équipe Contrôle cognitif – intéroception – attention à l’Institut du Cerveau et professeure à l’Insead, dans un communiqué.

Partant de ce constat, les chercheurs ont souhaité soumettre 101 hommes âgés entre 20 et 60 ans à des tests comportementaux, dont le 'jeu de l'ultimatum' qui consiste à évaluer la prise de décision et la sensibilité à l'injustice – ou à l'équité – d'un individu. Les règles du jeu sont simples: il s'agit de donner une somme d'argent à un participant et de lui demander de la partager – équitablement ou pas – avec un second participant. Lequel peut accepter ou décliner l'offre selon qu'elle lui semble juste ou injuste. Dans le deuxième cas, aucun des joueurs ne touche la récompense.

Détail des plus importants, 51 participants ont consommé des probiotiques et des prébiotiques, utilisés pour rééquilibrer la flore intestinale, pendant sept semaines, tandis que 50 participants ont reçu un placebo. Tous ont participé au jeu lors de deux sessions, au début et à l'issue de la prise des compléments.

Une «plus grande sensibilité à l'équité»

Publiés dans le journal PNAS Nexus, les résultats suggèrent que la composition du microbiote intestinal pourrait influencer non seulement la prise de décision, mais aussi la «sensibilité à l'injustice». Dans le détail, les chercheurs expliquent que les participants ayant pris des probiotiques et des prébiotiques étaient davantage susceptibles de refuser les offres considérées comme inégales, et ce à l'issue des sept semaines de supplémentation. Une évolution dans la prise de décision et la sensibilité à l'injustice – ou à l'équité – qui n'a pas été observée dans le groupe placebo. Les participants ayant consommé des compléments sont également ceux qui ont connu les changements les plus importants dans la composition de leur microbiote intestinal.

Ultime observation et non des moindres, «les chercheurs ont également observé [au sein du groupe supplémenté] une forte diminution des niveaux de tyrosine, un précurseur de la dopamine, après les sept semaines d’intervention. Pour la première fois, un mécanisme causal se dessine: la composition du microbiote intestinal pourrait influencer le comportement social par l’intermédiaire des précurseurs de la dopamine – un neurotransmetteur qui intervient dans les mécanismes cérébraux de la récompense», comme on peut le lire dans le compte rendu de ces travaux.

Un constat qui devrait donner lieu à de nouvelles recherches plus poussées, et plus ciblées. «Il est trop tôt pour affirmer que les bactéries intestinales sont capables de nous rendre moins rationnels et plus réceptifs aux considérations sociales. Toutefois, ces résultats précisent quelles voies biologiques nous devons regarder. La perspective de moduler le microbiote grâce à l’alimentation pour influencer positivement la prise de décision est très enthousiasmante! Nous devons explorer cette piste avec le plus grand soin», estime Hilke Plassmann, principale auteure de ces travaux.

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