39 millions 3e correction du Rhône: crédit octroyé pour Vernayaz-Evionnaz

zd, ats

9.5.2023 - 15:48

Le parlement valaisan a débloqué mardi un crédit d'engagement de 39 millions pour poursuivre la troisième correction du Rhone et financer la première étape des travaux de sécurisation dans le cadre de la mesure prioritaire Vernayaz-Evionnaz. Les questions de l'emprise sur les terres agricoles et la revitalisation du fleuve ont aussi été abordées.

Le parlement valaisan a débloqué mardi un crédit d'engagement de 39 millions pour poursuivre la troisième correction du Rhone. (Archives)
Le parlement valaisan a débloqué mardi un crédit d'engagement de 39 millions pour poursuivre la troisième correction du Rhone. (Archives)
KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

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Cette mesure prioritaire s'étend sur cinq kilomètres, entre le pont de Dorénaz (VS) et le barrage de Lavey (VD). Elle vise à sécuriser 486 hectares menacés en cas de crue du Rhône. Sur cette surface, 260 hectares se situent en zone de danger élevé, dont 59 hectares de zones à bâtir. Les dégâts potentiels maximaux en cas de crue centennale du Rhône sont estimés à 306 millions de francs.

En plénum, députées et députés ont soutenu le crédit par 112 voix et 10 abstentions. Plusieurs questions ont toutefois été soulevées notamment en ce qui concerne le maintien du pont de Vernayaz, les fluctuations de la nappe phréatiques, l'emprise sur les terres agricoles, l'impact sur une relique de forêt riveraine et les nuisances pour les communes.

Quart du coût total

Ces 39 millions sont destinés à l’établissement du dossier de mise à l’enquête publique, à l’acquisition de terrains, ainsi qu'à la réalisation anticipée de mesures agricoles ou de travaux préliminaires. Le crédit d’engagement correspond au quart du coût total de la mesure prioritaire, estimée à 155 millions de francs.

Sur les 39 millions, la part nette du canton s’élèvera à 12,6 millions de francs. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et l’Office fédéral des routes (OFROU) contribueront à hauteur de 25,6 millions de francs, les communes pour 780'000 francs.

Analyse en cours

Lors du vote, l'UDC a décidé de s'abstenir concernant cette demande de crédit avant de connaître les résultats de la réévaluation du projet de 3e correction du Rhône (R3), notamment la question des élargissements prévus sur le fleuve que la formation dénonce, notamment en lien avec l'emprise sur les surfaces agricoles.

L'analyse a été ouverte par le département de la mobilité, du territoire et de l’environnement pour établir si R3 «tel que défini à ce jour est le plus approprié afin de répondre aux défis actuels et futurs», selon les termes du chef du département, Franz Ruppen. Mardi, le conseiller d'Etat a indiqué qu'une quarantaine d'auditions avaient déjà été menées. «On informera le moment venu».

Plus tard en réponse à une interpellation des Verts sur le projet R3, Franz Ruppen a indiqué que les résultats «étaient attendus après l'été».

Et la revitalisation?

Dans leur interpellation, les Verts regrettent notamment que la disparition des terres agricoles occulte les autres aspects du projet R3, notamment la revitalisation du fleuve. Dans leur intervention, ils indiquent que 4 habitants sur 5 considèrent ce dernier aspect comme important, se basant sur un sondage représentatif mené en 2021 auprès de 500 personnes habitant à proximité du Rhône.

La diminution des surfaces agricoles – 80 hectares chaque année – dépasse largement R3, ont répété les Verts. Une limitation des infrastructures ou une réduction des surfaces industrielles est-elle également envisagée pour endiguer cette perte, s'est demandé la formation.

Le Conseil d’Etat soutient une vision multisectorielle du projet, avec une pesée des divers intérêts (sécurité, agriculture, biodiversité...) en présence et une analyse en profondeur, a répondu Franz Ruppen. «Lorsque cela est possible, il sera important de préserver les terres agricoles» sur lesquelles l'emprise de R3 est estimée «à environ 300 hectares», ajoute-t-il aussi.

Par ailleurs, le sondage dont fait état l’interpellation a été initié par les ONG des milieux environnementaux, appuie Franz Ruppen. Le gouvernement se base sur des entretiens scientifiques et non sur un sondage d'opinions pour ses analyses.

Quelque 3,6 milliards

La 3e correction du Rhône est le plus grand projet de protection contre les crues en Suisse. Le chantier s'étend sur 162 kilomètres de Gletsch au Léman. Le coût total est estimé à 3,6 milliards de francs étalés sur 30 ans et assumés aux trois quarts environ par la Confédération.