Interview Berset voit la lumière au bout du tunnel et fait son mea culpa

ot, ats

21.5.2021 - 21:17

Keystone-SDA, ot, ats

Alain Berset voit la lumière au bout du tunnel dans la pandémie de coronavirus. Il reconnaît toutefois avoir commis des erreurs et ne pas avoir «assez remis en question la science au début» de la crise.

«Le pire est derrière nous», a déclaré le ministre de la santé dans une interview publiée vendredi soir.
«Le pire est derrière nous», a déclaré le ministre de la santé dans une interview publiée vendredi soir.
KEYSTONE

«Le pire est derrière nous», a déclaré le ministre de la santé dans une interview publiée vendredi soir sur les sites des médias alémaniques du groupe Tamedia. Il va toutefois falloir encore du temps jusqu'à ce que la pandémie soit surmontée, également parce que de nombreux pays n'ont pas encore accès au vaccin.

Pour le Fribourgeois, «le chemin suivi jusqu'ici a fait ses preuves». Il est peu probable que le virus disparaisse, il deviendra une partie de la vie avec laquelle il faut composer, a ajouté le conseiller fédéral.

«Trop confortable»

Jeudi soir, le ministre socialiste avait fait son mea culpa dans une interview à la radio alémanique SRF. C'"était très confortable» pour le Conseil fédéral de simplement écouter l'avis de la science au début de la pandémie et de le mettre en oeuvre, a-t-il ajouté. «Cela nous a amenés à prétendre que les masques pouvaient même être nuisibles».

De nombreux experts scientifiques estimaient que l'on ne pouvait pas attendre de la population qu'elle utilise correctement les masques sanitaires et que leur maniement incorrect pouvait être nuisible, poursuit M. Berset. «Avec le recul, je dois dire que j'aurais dû me poser davantage de questions».

Meilleurs vaccins en Suisse

Il rejette cependant l'affirmation soutenant que le port du masque a été déconseillé, car il y en avait trop peu de disponibles. «Si le gouvernement avait été convaincu à l'époque que les masques seraient utiles, on aurait simplement dû faire avec le matériel disponible».

Le socialiste fribourgeois salue en revanche les décisions prises dans le cadre de la vaccination. Les meilleurs vaccins contre le Covid-19 sont utilisés en Suisse, relève-t-il. Seuls des vaccins à ARN messager sont administrés, ajoute-t-il, soulignant que très peu de pays sont en mesure de le faire d'ici à l'été.

M. Berset a également remarqué que la crise a renforcé l'esprit d'équipe au sein du Conseil fédéral. La situation a cependant parfois été «physiquement très brutale» pour tous les ministres. Après le choc initial, le socialiste était «vraiment épuisé» entre la fin du mois d'avril et la mi-mai 2020. Mais, heureusement, dit-il, malgré la forte pression, il a toujours été capable de bien dormir.

Déclarations critiquées

L'épidémiologiste bernois Christian Althaus, qui a quitté le groupe de travail scientifique fédéral en signe de protestation en janvier 2021, a critiqué vendredi dans une série de tweets les «déclarations manifestement fausses» d'Alain Berset. Il estime que le ministre de la santé continue d'arguer qu'il a été averti tardivement par la task force des développements épidémiologiques.

Or la science a été ignorée notamment sur la question du port du masque en mai/juin 2020. Selon le procès-verbal de la réunion de crise de mai 2020, l'ancien président du groupe de travail a déclaré: «Le bon sens veut que les masques protègent. Cela doit être communiqué ainsi.»

Selon M. Althaus, l'avantage du port du masque pour la population générale a été principalement contesté par les autorités sanitaires et par l'ancien chef de la division des maladies transmissibles. Ceux-ci ont même contredit leurs propres recommandations, affirme le Bernois.

M. Althaus a indiqué qu'il souhaitait voir le Conseil fédéral remettre en question de manière critique ses actions durant la pandémie et en tire les leçons nécessaires. La prochaine pandémie ne doit pas plonger le pays dans la stupeur pendant des mois, a souligné M. Althaus. Lors de sa démission, il avait demandé que les politiciens apprennent enfin à regarder la science sur un pied d'égalité.