Evasion fiscale Affaire Kering-Gucci: plainte pénale déposée

ATS

21.3.2019 - 14:33

Le député Matteo Pronzini veut que les autorités tessinoises prennent position sur la «résidence fictive» de l'ancien CEO de Gucci (image d'illustration).
Le député Matteo Pronzini veut que les autorités tessinoises prennent position sur la «résidence fictive» de l'ancien CEO de Gucci (image d'illustration).
Source: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Le député tessinois Matteo Pronzini a demandé au Grand Conseil d'instituer une commission pour enquêter sur les résidences fictives des managers du groupe français Kering, accusé d'évasion fiscale. Il a aussi déposé plainte auprès du Ministère public de Lugano.

«Les autorités n'ont jamais réagi face au scandale soulevé par la presse qui a révélé le système d'évasion fiscale de Kering», qui contrôle notamment la maison de mode italienne Gucci, a déclaré jeudi devant la presse à Bellinzone Giuseppe Sergi, un responsable du Mouvement pour le socialisme (MPS), parti dont est membre le député Matteo Pronzini.

«Nous voulons maintenant que les autorités prennent position notamment en ce qui concerne la résidence fictive» de l'ancien CEO de Gucci, Patrizio Di Marco, a-t-il dit.

Forfait fiscal

Selon les documents obtenus par le MPS, M. Di Marco aurait notamment obtenu le statut de «globaliste» au Tessin, soit des allégements fiscaux considérables.

«Il était au bénéfice d'un permis B et avait loué un appartement à Paradiso, commune voisine de Lugano, où il n'a jamais mis les pieds, sa famille habitant à Rome dans une résidence de 44 pièces», a expliqué Matteo Pronzini, député MPS au Grand Conseil.

«La taxation globale de Di Marco avait été fixée à 400'000 francs, mais lorsqu'il a quitté définitivement le Tessin en 2014, après avoir laissé Gucci, il avait perçu 11,2 millions de francs d'indemnisation et durant les années pendant lesquelles il a été taxé comme globaliste au Tessin, il avait encaissé 23 millions de francs», a-t-il ajouté.

«Affaire honteuse»

Le MPS attend que le nouveau parlement issu des élections cantonales du 7 avril fasse toute la lumière sur «cette affaire honteuse», soit sur les avantages fiscaux concédés à Kering en échange de l'installation de son centre de distribution, Luxury Goods International, à Sant'Antonino, près de Bellinzone.

Il demande en outre au Ministère public d'ouvrir une enquête pour vérifier si les résidences fictives de Patrizio di Marco et de son successeur Marco Bizzarri étaient frauduleuses. En tel cas, il s'agirait d'un délit pénal passible d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de détention.

La requête de constitution d'une commission d'enquête parlementaire et la plainte pénale ont été adressées jeudi par envois recommandés au plénum du Grand Conseil tessinois et au procureur général de Lugano Andrea Pagani, ont précisé Matteo Pronzini et Giuseppe Sergi.

Enquête en Suisse

Selon une enquête du parquet de Milan, Gucci aurait soustrait au fisc 1,4 milliard d’euros de 2011 à 2017 par le biais de Luxury Goods et ceci en «omettant» de déclarer 14,5 milliards d’euros de recettes.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert en juin 2017 une procédure pénale en lien avec l'enquête italienne sur le groupe Kering. Les délits présumés sont le blanchiment d'argent et faux dans les titres. La procédure pénale est dirigée contre inconnu.

Par ailleurs, le MPC a confirmé avoir reçu et exécuté une demande d'entraide judiciaire de la part du parquet de Milan. Cette demande concernait un ancien dirigeant de Kering et non des questions fiscales.

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