Procès historiqueAlexandre Loukachenko bientôt jugé en Suisse ?
sn, ats
30.8.2023 - 15:24
Un ancien membre d'une unité d'intervention rapide du président bélarusse Alexandre Loukachenko sera jugé en septembre à Rorschach (SG). Ce procès, «historique» selon des ONG, sera le premier en Suisse au titre de la compétence universelle pour disparition forcée.
sn, ats
30.08.2023, 15:24
ATS
Yuri Harauski comparaîtra dès le 19 septembre prochain devant un tribunal pénal, a dit mercredi TRIAL International. L'ONG genevoise, aux côtés de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et de l'organisation bélarusse Viasna, prix Nobel de la paix l'année dernière, soutient les plaintes déposées par les proches de deux des victimes. Ces trois institutions en avaient aussi déposé une.
Cette affaire n'est pas liée à l'actuelle crise politique au Bélarus après la répression des manifestations au moment de la réélection controversée d'Alexandre Loukachenko en 2020. Membre de l'unité d'intervention SOBR, l'homme en cause est accusé d'avoir participé aux disparitions forcées de trois opposants politiques majeurs en 1999, les ministres Ioury Zakharenka et Viktar Hantchar et l'homme d'affaires Anatoli Krassowski.
Ce procès constituera une première pour plusieurs raisons. Jamais un ressortissant bélarusse n'a été jugé pour le crime de disparition forcée au titre de la compétence universelle. Et jamais ce délit n'a été incriminé en Suisse avec cette approche.
«Nous envoyons un signal fort», déclare l'avocat de Viasna, Pavel Sapelko, l'avocat de Viasna. «La justice en matière de crimes internationaux peut être et sera rendue, indépendamment des frontières des États ou du temps écoulé depuis que les crimes ont été commis», ajoute-t-il. «Petit à petit, nous empêchons les criminels internationaux de jouir de l'impunité».
Peut-être Loukachenko ensuite
Les familles des victimes ont tenté à maintes reprises d'obtenir des indications sur leurs proches. Mais les autorités biélorusses ont systématiquement refusé de poursuivre les responsables, fait remarquer TRIAL qui parle d'un «procès historique» en Suisse.
«La poursuite de tels crimes en Suisse servira d'exemple dans le monde entier», ajoute encore l'ONG genevoise. Le procès pourrait être utilisé pour poursuivre plus tard d'autres responsables de crimes similaires ou même le président, selon la FIDH. «Cette affaire marque une étape décisive dans la lutte contre l'impunité des crimes commis au Bélarus», déclare de son côté l'avocat des familles des victimes, Severin Walz.
Après la répression entamée en 2020, des ONG ont parlé de crimes contre l'humanité perpétrés au Bélarus. Selon l'ONU, au moins 37'000 personnes ont été détenues de mai 2020 à mai 2021 en lien avec le scrutin. Plus de 13'000 avaient été retenues arbitrairement pour la seule période du 9 août 2020, au moment du vote, et la semaine qui a suivi. Dans le pays, près de 1500 individus, dont le dirigeant de Viasna Ales Bialiatsky condamné récemment à dix ans de prison, restent détenus pour des raisons politiques.