La situation des réfugiés en Grèce demeure désastreuse, selon #evacuerMAINTENANT et Amnesty International. Les deux ONG appellent lundi le Conseil fédéral et le SEM à dialoguer avec les villes, les communes et les paroisses afin de développer des programmes d'accueil humanitaire. Le SEM maintient sa position.
L’an dernier, à l’appel d’#evacuerMAINTENANT, 132 organisations et 50'000 personnes ont demandé au Conseil fédéral d’accueillir un important contingent de réfugiés des îles grecques. Depuis, des dizaines de villes, communes et paroisses ont offert leur soutien au Conseil fédéral en ce sens.
Cependant, à ce jour, ni le Conseil fédéral ni le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) n'ont fait usage de ces disponibilités, dénoncent #evacuerMAINTENANT et Amnesty.
L’Alliance «Villes et municipalités pour l'accueil des réfugiés», qui comprend les huit plus grandes villes de suisse et huit autres municipalités, dont Montreux, Bienne, Fribourg, Lausanne et Genève, réitère sa volonté d’accueillir des réfugiés en provenance de Grèce. Elle demande au Conseil fédéral un geste politique clair dans cette direction.
Camp débordé
En septembre 2020, une série d'incendies a ravagé le centre d'accueil de Moria, sur l'île de Lesbos, laissant 12'000 personnes sans-abri, rappellent les ONG. Les autorités grecques ont mis en place un site d’urgence. Actuellement, environ 6900 personnes y vivent pour une capacité estimée de 3500 places.
En outre, le nouveau camp est installé sur un ancien terrain de tir militaire. Comme l'a concédé le gouvernement grec, le sol est contaminé par le plomb: à certains endroits il dépasse massivement la limite légale et pourrait présenter des risques sanitaires considérables pour les personnes qui y vivent, souligne Pablo Cruchon, d'Amnesty International Suisse.
Depuis les incendies, la Suisse a acheminé du matériel humanitaire sur place, notamment des tentes, du matériel pour le traitement de l’eau, et du matériel médical pour prévenir la propagation du Covid-19 et traiter les patients atteints par le virus. Elle a en outre accueilli 97 mineurs non accompagnés des îles de la mer Égée.
Accueil insuffisant
«L’accueil de ces quelques dizaines de réfugiés est une bonne chose, mais demeure largement insuffisant», explique M. Cruchon. Le Conseil fédéral avait décidé d'admettre un contingent de 1600 réfugiés particulièrement vulnérables pour 2020/2021 dans le cadre de son programme de réinstallation. Or à ce jour, seules 330 personnes ont été admises dans le cadre de ce programme, selon Amnesty.
En outre, seules 11'041 demandes d’asile ont été déposées en Suisse en 2020, soit 3228 de moins qu’en 2019 (-22,6 %). Il s’agit du chiffre le plus bas enregistré depuis 2007, observe Pablo Cruchon.
Amnesty International demande le soutien du Conseil fédéral à une évacuation complète du camp de Moria au niveau européen, l’accueil rapide d’un fort contingent de réfugiés des îles grecques et l'entrée en matière de la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter sur l'offre des villes d’accueillir des réfugiés.
«Pas opportun»
Le SEM maintient sa position. Si les villes veulent accueillir davantage de réfugiés en provenance des zones de crise, c'est «un signe positif et bienvenu», a-t-il indiqué à Keystone-ATS. Mais faire venir en Suisse des migrants d'un pays de l'Union européenne (UE) dans le cadre d'une opération ad hoc n'est «pas opportun».
La Confédération décide seule de l'admission de migrants, en concertation avec les cantons. La priorité du gouvernement reste «clairement l'aide sur place» et le Parlement soutient cette voie, de même que les cantons qui l'ont confirmée la semaine passée lors d'un échange avec le Conseil fédéral.
Le SEM a par ailleurs avancé que la politique d'asile suisse a pour but de protéger les personnes dont la vie est menacée, ce qui n'est pas le cas dans un pays de l'UE comme la Grèce. Toutefois, plus de 6000 personnes ont fait l'objet de procédures d'asile au cours des sept dernières années, bien qu'enregistrées pour la première fois en Grèce. Ainsi, la Suisse est l'un des rares pays européens à tenir ses engagements d'accepter des demandeurs d'asile venant de Grèce, selon le SEM.
Et de souligner qu'en outre, la situation s'est «considérablement améliorée» à Lesbos et sur d'autres îles de la mer Egée au cours des derniers mois. Le nombre de migrants est passé de 40'000 au début 2020 à 15'000 aujourd'hui, les camps ne sont plus surpeuplés et sont plus sûrs. Et les conditions d'hygiène et de soins aux personnes se sont aussi améliorées, relève le SEM.