Armes Armes: les partisans sont soulagés

ATS

19.5.2019 - 15:27

Les partisans du durcissement de la loi sur les armes peuvent souffler. Leur crainte de devoir quitter Schengen/Dublin s'est envolée. Le co-président du comité référendaire a lui dénoncé une campagne des partisans proche de la désinformation.

«Aujourd'hui, nos libertés ont reculé», a estimé Jean-Luc Addor (UDC/VS), président de ProTell. «On a réussi à faire croire que cette modification touche très peu de monde, mais elle va toucher des centaines de milliers de Suisses qui n'ont rien fait», a-t-il rappelé sur la RTS. «Je suis triste comme un stand de tir vide.»

Besoin de Schengen

Les partisans sont soulagés et satisfaits par le résultat. «Nous avions besoin de rester dans Schengen et nous avions besoin de l'accès à ce système Schengen», a pour sa part lâché Béatrice Métraux, cheffe de la sécurité du canton de Vaud au micro de la RTS. Elle craignait avant tout les conséquences sécuritaires et économiques d'un départ de Schengen/Dublin.

Interrogé par Keystone-ATS, le conseiller aux Etats Olivier Français (PLR/VD), membre du comité interpartis en faveur de la réforme de la loi sur les armes, estime que l'argument sécuritaire, avec un meilleur suivi du propriétaire de l'arme et des munitions, est celui qui a le plus porté.

Pour economiesuisse, le vote «confirme la voie bilatérale». Il doit nous «encourager à poursuivre sur la voie de l'ouverture», écrit Operation Libero. L'union suisse des arts et métiers (usam) salue également le résultat.

La branche du tourisme souligne que le maintien dans Schengen/Dublin est un facteur concurrentiel majeur. Le Groupement pour une suisse sans armée salue «un pas dans la bonne direction». D'autres mesures seront toutefois nécessaires pour améliorer la sécurité des citoyens.

Inquiétudes pour le futur

«Nous reconnaissons qu'il y a un certain besoin de rester dans Schengen/Dublin, mais pour autant, on ne peut pas tout accepter», souligne Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC, seul parti à s'être opposé au durcissement de la loi sur les armes. Cette dernière dit entendre et accepter le résultat, mais émet des inquiétudes pour le futur, notamment lors des débats relatifs à l'accord-cadre avec l'Union européenne.

Elle relève notamment que l'Europe «va pouvoir un peu nous dicter ce qu'elle veut en jouant sur deux- trois piliers qui semblent centraux pour nos opposants». Selon Mme Métraux, personne ne s'est couché devant l'UE. La tradition suisse du tir va demeurer. Et de conclure que la tradition n'est pas remise ne cause par la loi.

«Désinformation»

Pour le co-président du comité référendaire, Werner Salzmann (UDC/BE), «les déclarations selon lesquelles les tireurs ne sont pas touchés et que la Suisse aurait dû quitter Schengen en cas de rejet sont simplement fausses.»

80% des tireurs tirent avec des armes semi-automatiques, a-t-il rappelé à Keystone-ATS. Ils devront à présent présenter une preuve de nécessité et enregistrer leur arme. Cela entraîne des coûts élevés, mais n'aura aucune influence sur la sécurité, estime M. Salzmann.

Selon le Bernois, l'argument selon lequel la Suisse serait automatiquement éjectée de Schengen est aussi faux. Selon les accords, le comité mixte aurait eu 90 jours pour proposer une solution. Le résultat de dimanche était à craindre car les partis du centre ont joué le jeu.

«Au service des propriétaires»

Les tireurs devront maintenant tout mettre en oeuvre pour que les exigences ne soient pas trop strictes. Le Conseil fédéral doit mettre sa marge de manoeuvre «au service des propriétaires d'armes», estime M. Salzmann. De plus, il faut éviter que la loi sur les armes ne soit à nouveau renforcée dans cinq ou dix ans.

De son côté, ProTell «veille au grain». Sa vice-présidente, Olivia de Weck, espère que le Conseil fédéral comprenne le but de Bruxelles et des Etats de l'UE lors du prochain durcissement et «dise stop».

Surcharge administrative

Pour le président de l'Association suisse des armuriers et des marchands d'armes spécialisées (ASA), Daniel Wyss, le «oui» à la loi sur les armes apporte surtout une surcharge administrative, sans augmentation de la sécurité. Par ailleurs, moins d'armes seront vendues, a-t-il dit au micro de la SRF. Des places de travail vont ainsi disparaître dans la branche.

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