Hausse de 64% Près de 25'000 demandes d'asile déposées en Suisse en 2022

nipa, ats

13.2.2023 - 10:50

L'an dernier, 24'511 demandes d'asile ont été déposées en Suisse. Soit 9583 de plus qu'en 2021. La fin des mesures anti-Covid et le rôle joué par la Turquie et la Serbie expliquent cette hausse de 64%. Pour 2023, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) table sur quelque 27'000 demandes.

L'an dernier, 24'511 demandes d'asile ont été déposées en Suisse (photo d'illustration).
L'an dernier, 24'511 demandes d'asile ont été déposées en Suisse (photo d'illustration).
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13.2.2023 - 10:50

L'Afghanistan a été le pays le plus représenté parmi les requérants d’asile, avec 7054 demandes, dont 6718 nouvelles demandes. Le reste des demandes concerne des regroupements familiaux, des naissances ou des demandes multiples, qui sont toutes qualifiées de secondaires.

La Turquie arrive en deuxième position (3788 demandes primaires et 1003 demandes secondaires). Suivent l'Érythrée (426 demandes primaires et 1404 demandes secondaires), l’Algérie (1341 demandes primaires et 21 demandes secondaires) et la Syrie (725 demandes primaires et 527 demandes secondaires).

Le SEM explique cette forte hausse par plusieurs facteurs. D'une manière générale, il est redevenu plus facile de se déplacer grâce à la levée de la plupart des mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19 au printemps 2022, écrit-il dans son rapport publié lundi.

Rôle de la Turquie et de la Serbie

Les pays d'origine et de transit traditionnels des requérants d'asile ont été nombreux à voir leur économie s'affaiblir en raison de la pandémie. L'inflation provoquée par la guerre en Ukraine a encore aggravé la situation, augmentant la pression migratoire dans les pays concernés.

La Turquie de son côté a durci le ton l'an dernier pour inciter les 3,5 millions de Syriens et les 200'000 à 300'000 Afghans séjournant sur son territoire à quitter le pays. Enfin, les politiques libérales en matière de visas pratiquées par certains pays ont facilité les voyages vers l'Europe, rappelle le SEM, qui pointe du doigt le rôle joué par la Serbie.

Pas un pays de destination

Une grande partie des migrants qui arrivent en Europe souhaitent se rendre en Allemagne ou en France. La majorité des personnes interceptées par l'Office fédéral de la douane à la frontière sud et à la frontière est n'ont pas déposé de demande d’asile en Suisse, rappelle le SEM.

Par rapport à ces deux voisins, la Suisse joue donc un rôle mineur en tant que pays de destination. Mais avec 2,8 requérants d'asile pour 1000 habitants (2021: 1,7), elle reste cependant au-dessus de la moyenne européenne de 2 requérants d'asile pour 1000 habitants. En 2022, les pays européens qui ont affiché les taux de requérants les plus élevés sont Chypre (24,1), l'Autriche (12,2) et la Grèce (3,5).

30% de reconnaissance

En 2022, la Suisse a octroyé l'asile à 4816 personnes sur un total de 17'599 demandes de première instance traitées, un taux de reconnaissance de 30,6% (2021: 37%). Le taux de protection (octroi de l'asile ou admission provisoire après une décision d'asile de première instance) a lui atteint 59% (contre 60,7% en 2021).

8333 personnes ont quitté le territoire suisse de manière autonome (2021: 973). 1820 personnes ont été renvoyées dans leur État d'origine ou dans un État tiers (2021: 1655), et 1314 dans un État Dublin (2021: 1127). Au total, le nombre de départs a crû de 205,4%.

Le renvoi des requérants d'asile déboutés dans leur État d’origine ou leur transfert dans un État Dublin est du ressort des cantons, qui sont soutenus par le SEM. Fin 2022, le nombre total de cas de soutien au retour dans le domaine de l'asile avait diminué pour s’établir à 3425 personnes (2021: 3666), malgré la hausse du nombre de demandes.

Hausse en 2023 aussi

Selon le scénario le plus probable, le SEM table sur 27'000 demandes d’asile en 2023. Le nombre des demandes d'asile primaires déposées en Suisse dépendra en particulier de l'évolution des flux migratoires de la Turquie vers la Grèce et la Bulgarie, de la migration secondaire depuis la Grèce et la Bulgarie ainsi que de la migration de la Turquie vers l'Italie.

L'ampleur de la migration depuis l'Afrique du Nord ainsi que la pratique suivie par les États limitrophes de la Suisse en matière d’asile et de renvoi joueront également un rôle décisif, tout comme les mesures de contrôle aux frontières.

Les réfugiés ukrainiens disposent d'un statut spécial de protection (dit «S") et n'entrent pas dans ces statistiques. Fin 2022, 74'959 demandes de statut S avaient été déposées, dont 72'611 ont abouti. L'an dernier, 7621 personnes ont mis fin à leur statut de protection, et 6666 ressortissants ukrainiens ont quitté la Suisse.

nipa, ats