Jour «historique»AVS: la presse souligne «l'exploit» de la gauche et des syndicats
st, ats
3.3.2024 - 18:02
Un «résultat historique», un «exploit»: les journaux suisses rivalisent de qualificatifs pour juger le net «oui» à l'initiative pour une 13e rente AVS. La hausse des coûts de la vie, couplée à l'absence de contre-projet, explique en bonne partie ce vote, qui a transcendé le cadre strict de la gauche et des syndicats.
st, ats
03.03.2024, 18:02
ATS
Pour le Temps, les autorités n'ont pas mesuré le degré d’exaspération des citoyens face aux dépenses publiques et à la crise du pouvoir d’achat. Le plébiscite en faveur de la 13e rente montre que le premier pilier est devenu une «valeur refuge» pour le peuple suisse.
Les citoyens ont estimé qu'il est préférable d'augmenter des rentes garanties, malgré le coût important de cette mesure, «plutôt que d'attendre des micro-mesures de la part d'autorités pusillanimes», martèle l'éditorial du journal édité à Genève.
Absence «honteuse» de compromis
Le Temps égratigne aussi le Conseil fédéral et le Parlement, «qui n'ont pas su se départir de leur dogmatisme pour proposer des contre-projets plus équilibrés aux citoyens». Ils devront désormais revenir au compromis constructif, qui permettra un financement supportable pour les entreprises comme pour les individus.
Pour les titres du groupe ESH (Le Nouvelliste, ArcInfo et la Côte), les syndicats et la gauche réalisent un exploit en faisant approuver leur projet, dans un pays si prompt à refuser toute nouvelle dépense sociale. Mais, cette fois, le contexte est bien différent.
La hausse du coût de la vie a grignoté les revenus de toute la population. Le monde politique, lui, n'a pas agi – la droite et le Conseil fédéral répétant jusqu'à l'usure que la situation était meilleure en Suisse qu'ailleurs en Europe.
Qu'aucun compromis politique n'ait été trouvé pour soulager, même un peu, les habitantes et habitants, y compris les retraités, dans un pays aussi riche que le nôtre «a quelque de chose de honteux», affirment les trois titres.
«Historique»
Dans un commentaire vidéo, l'Aargauer Zeitung évoque «la plus grande extension sociale jamais obtenue par une initiative».
Le triomphe de l'initiative représente une «victoire historique» pour la gauche, estime pour sa part La Liberté. Depuis le rejet de la dernière initiative sur l'AVS en 2016, le contexte a changé. L'inflation pèse sur le pouvoir d'achat des ménages suisses, touchant en particulier certains seniors. «Porté avec verve par des hérauts comme Pierre-Yves Maillard, le discours de la gauche a trouvé un large écho, y compris auprès de l'électorat de la droite», analyse le journal.
Même son de cloche du côté du Tages-Anzeiger, qui rappelle que «jamais le peuple n'avait accepté une initiative sur l'AVS, jamais la gauche n'a réussi à obtenir une majorité dans les urnes avec une extension de l'Etat social et que jamais elle n'a convaincu autant d'électeurs bourgeois». Pour le quotidien zurichois, les réformes unilatérales ne sont pas susceptibles de réunir une majorité.
Le succès de l'initiative marque un tournant en politique suisse analysent 24 Heures et la Tribune de Genève. La droite a notamment péché par arrogance. Pour les deux quotidiens lémaniques, les partis bourgeois n'ont pas compris que le monde avait changé depuis 2016 et le rejet sans appel (à 59%) de l'initiative AVS Plus. La crise du pouvoir d'achat, martelée par la gauche, n'est pas qu'un fantasme électoral.
L'initiative a également pu bénéficier d'un contexte favorable, notamment les hausses de prix quasi généralisées rendant difficiles les fins de mois pour de nombreux retraités, ajoute la Tribune de Genève dans un éditorial. La mauvaise campagne des opposants, à l'image de l'intervention d'anciens conseillers fédéraux, a également contribué au succès du texte.
Une victoire «politique»
Le «oui» à une 13e rente AVS est une victoire politique, mais pas une solution au problème de pauvreté qui touche toutes les tranches d'âge, nuance le Blick francophone. Le site estime qu'il n'y a pas de quoi jubiler.
Pour la NZZ, il serait souhaitable, après ce «oui» à une 13e rente AVS, de mettre très rapidement sur le tapis la question du financement de rentes plus élevées. Afin de conserver «au moins encore un peu d'équité entre les générations», il faudrait récupérer une partie des coûts en augmentant l'âge ordinaire de la retraite de 65 à 66 ans, écrit le quotidien zurichois. Cela permettrait de couvrir environ 40 à 50% des coûts supplémentaires.