ONU Berne veut présider un Conseil de sécurité efficient après Moscou

sn, ats

18.4.2023 - 14:10

La Suisse veut renforcer «l'efficience» du Conseil de sécurité de l'ONU lors de sa présidence en mai. Malgré les tensions observées depuis le début que Moscou pilote l'organe depuis début avril, elle ne parle pas de besoin d'«apaiser» celui-ci.

L'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl et plusieurs conseillers fédéraux devront faire face au menu intensif du Conseil de sécurité en mai en présidant l'organe onusien.
L'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl et plusieurs conseillers fédéraux devront faire face au menu intensif du Conseil de sécurité en mai en présidant l'organe onusien.
ATS

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Globalement, «la Russie fait un travail correct» comme présidente face aux situations d'urgence, a affirmé mardi à la presse l'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl. Exception faite toutefois de certaines discussions thématiques où elle a fait preuve de «désinformation».

Contrairement à cinq pays, la Suisse n'avait pas quitté la salle début avril lors d'un débat auquel avait participé la commissaire présidentielle russe aux droits de l'enfant, Maria Lvova-Belova, sous mandat d'arrêt international pour crime de guerre. Mais elle n'était pas représentée par Mme Baeriswyl à cette réunion et avait fait part de sa désapprobation.

«La Suisse ne va pas reprendre le Conseil pour l'apaiser», a aussi affirmé l'ambassadrice. Seule conséquence à attendre selon elle après la présidence russe, plusieurs pays ont reporté l'organisation de réunions informelles, une situation qui alourdira encore un peu plus le mois sous pilotage suisse, déjà habituellement chargé à cette période.

La Suisse veut insister sur l'importance d'un organe exécutif capable de résultats. Depuis début janvier, neuf résolutions et trois déclarations présidentielles au total ont été approuvées.

Prête sur la Syrie

Berne veut «renforcer l'efficience» du Conseil, insiste le secrétaire d'Etat adjoint et chef de la division ONU au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), l'ambassadeur Thomas Gürber. «Nous le voyons comme une chance mais aussi comme une intensification supplémentaire» des efforts que la Suisse doit mener.

Les 100 premiers jours du mandat suisse comme membre non permanent de l'organe ont montré que «le système suisse» fait ses preuves et fonctionne, ajoute M. Gürber. Comme attendu, le rythme a été très soutenu. La Suisse a obtenu des succès sur le renouvellement du mécanisme d'acheminement d'aide humanitaire depuis la Turquie vers la Syrie ou sur le celui du mandat du Bureau des Nations Unies au Sahel.

Depuis, le séisme en Syrie a abouti à l'ouverture de deux nouveaux points de passage depuis la Turquie, autorisée pour trois mois par le président syrien Bachar al-Assad. L'échéance de ce dispositif supplémentaire arrivera mi-mai, pendant la présidence suisse du Conseil.

Mme Baeriswyl, en charge du dossier avec le Brésil devant l'instance onusienne, préférerait que celle-ci n'ait pas à intervenir. Pour éviter de politiser l'aide après le séisme. «Mais nous sommes prêts à tous les scénarios», fait remarquer l'ambassadrice.

Parmi les accents de la présidence suisse du Conseil, le lien avec la Genève internationale sera mis en avant tout au long du mois. La venue du président de la Confédération Alain Berset et du chef de la diplomatie Ignazio Cassis était déjà connue.

Viola Amherd également prévue

Le premier dirigera le 23 mai un débat de haut niveau sur la protection des populations civiles. Un accent sera mis sur la faim dans les conflits et sur le lien entre technologie et l'assistance humanitaire. Le président de la Confédération inaugurera une exposition avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont la présidente Mirjana Spoljaric est aussi attendue à New York.

De son côté, le chef du DFAE mènera une discussion de haut niveau sur les efforts pour une paix durable, en lien avec le nouvel Agenda pour la paix que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres doit présenter. L'établissement de la confiance entre parties à des conflits, la prévention des violences ou la diplomatie scientifique sont autant de chantiers qui seront abordés.

Mais les deux conseillers fédéraux ne seront pas les seuls à faire le déplacement. Leur collègue Viola Amherd doit participer aussi à des réunions les 24 et 25 mai. Une d'entre elles portera sur les 75 ans de la première mission de maintien de la paix de l'ONU, au Proche-Orient, et qui est actuellement dirigée par le Suisse Patrick Gauchat. La seconde doit faire le suivi sur la collaboration entre les Nations Unies et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Selon Mme Baeriswyl, ce mois de présidence, qui sura suivi en octobre 2024 d'un second, constitue un «moment historique». «Nous sommes bien préparés», insiste-t-elle. Elle ne s'attend pas à des assauts sur la neutralité suisse, une question peu abordée depuis début janvier à New York malgré les pressions pour autoriser des réexportations d'armes ou de munitions suisses.

Environ quatre discussions sur cinq sont prévues à l'avance chaque année. Il reste des incertitudes comme des tensions en cas de nouvelle contre-offensive en Ukraine et d'augmentation des violences au Proche-Orient. La mission de l'ONU en Irak devra être renouvelée. De même que celle au Soudan du Sud.