Vague de démissions Racisme, «attitude crue» à l'égard des policières,...: climat toxique à la police de Bâle-Ville

scmi, ats

21.6.2024 - 17:00

Un changement de culture est nécessaire dans la police cantonale de Bâle-Ville, selon un rapport présenté vendredi. «Ca bouillonne», il existe «un activisme fatigant», la «machine à rumeurs tourne à plein régime» et il a des problèmes de sexisme et de racisme.

L'enquête met aussi en évidence le fait que plusieurs membres du corps de police se plaignent d'une rémunération insuffisante.
L'enquête met aussi en évidence le fait que plusieurs membres du corps de police se plaignent d'une rémunération insuffisante.
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Le rapport a été établi par Markus Schefer, spécialiste du droit public et administratif à l'Université de Bâle. L'enquête a été menée à la demande du commandant de la police cantonale Martin Roth. L'objectif était de déterminer les causes de la vague de démissions au sein du corps de police.

Environ 320 membres de la police cantonale, qui compte plus d'un millier de collaborateurs, ont été volontaires pour participer à des entretiens confidentiels. Une cinquantaine d'anciens policiers et des membres d'autres unités administratives ont également été entendus.

Le commandant plus pris au sérieux

Lors de ces entretiens, des critiques ont été émises contre la direction de la police. «Il a été dit à plusieurs reprises que le commandant n'était plus pris au sérieux», peut-on lire dans le rapport. Il n'est pas perçu comme une personne respectée, mais plutôt comme un camarade.

Certains ont critiqué le fait qu'un seul membre de la direction ait suivi la formation de base de la police et ait travaillé dans les services extérieurs sur le terrain. Cette situation contribue à créer «d'importants problèmes», en particulier pour les tâches opérationnelles, souligne le rapport. Des policiers considèrent toutefois comme particulièrement positif le soutien apporté par la cheffe du département de la sécurité Stephanie Eymann.

Une culture «marquée par les hommes»

La culture au sein du corps de police reste «marquée par les hommes» et il règne une «attitude crue» à l'égard des policières. Celles-ci déplorent qu'en cas de comportement les dévalorisant, elles ne peuvent que s'adresser à leurs supérieurs, ce qui représente «un risque considérable» pour les personnes concernées, selon le rapport.

Il existe aussi un problème de racisme au sein de la police. Il doit être abordé de manière structurelle, selon Markus Schefer. Certains policiers sont confrontés très régulièrement à des jeunes hommes violents originaires du Maghreb, ce qui est propice à l'émergence de stéréotypes. Un principe de rotation permettrait d'éviter que certains policiers travaillent pendant des années dans cet environnement.

Rémunération jugée insuffisante

L'enquête met aussi en évidence le fait que plusieurs membres du corps de police se plaignent d'une rémunération insuffisante. Il y a aussi des critiques concernant le matériel fourni, notamment les gilets de protection dont la durée d'utilisation est dépassée.

Plusieurs policiers et policières ont également fait part d'une augmentation des attitudes méprisantes et violentes en public à leur égard.

Stephanie Eymann qualifie le rapport externe de «préoccupant». Des conséquences pour certaines personnes au sein du corps de police sont «envisageables, mais prématurées à l'heure actuelle», a déclaré la cheffe du département de la sécurité à l'agence Keystone-ATS.

Certains problèmes évoqués dans le rapport ne sont pas surprenants, mais c'est leur ampleur qui étonne. Il s'agit en particulier du manque de confiance dans la direction de la police et le commandant, a-t-elle ajouté.

Stephanie Eymann a précisé qu'elle va étudier les 30 mesures préconisées par le rapport et qu'elle en discutera rapidement avec le commandant et la direction de la police. Elle trouve louable que le commandant ait commandé cette enquête. Les problèmes sont ainsi «mis sur la table».