Vague verte Canton de Zurich écolo sans virer à gauche

ATS

26.5.2019 - 12:20

Si les Verts ont eux aussi progressé lors des élections zurichoises du 24 mars, ce sont les Vert'libéraux ont le plus tiré leur épingle du jeu. Phénomène politique unique à un tel niveau en Suisse, le PVL pourrait à l'avenir peser de plus en plus sur la politique cantonale (photo symbolique).
Si les Verts ont eux aussi progressé lors des élections zurichoises du 24 mars, ce sont les Vert'libéraux ont le plus tiré leur épingle du jeu. Phénomène politique unique à un tel niveau en Suisse, le PVL pourrait à l'avenir peser de plus en plus sur la politique cantonale (photo symbolique).
Source: KEYSTONE/ENNIO LEANZA

Plus écolo, moins bourgeois, le nouveau parlement zurichois veut faire du canton le plus peuplé de Suisse l'un des plus actifs dans la protection du climat. Zurich reste toutefois attaché au libéralisme économique. Une aubaine pour les Vert'libéraux.

Un législatif qui veut l'état d'urgence climatique, un jeune ministre des infrastructures et de l'environnement, le Vert Martin Neukom, qui annonce son intention de rendre le canton plus combatif dans la protection du climat, notamment en bannissant les chauffages au mazout: la nouvelle donne politique zurichoise s'est fait ressentir dès l'ouverture de la nouvelle législature, début mai.

Le 24 mars dernier, les citoyens zurichois ont infligé une cinglante défaite à la droite. L'UDC (9 sièges de moins, à 24,5%) a été renvoyée au niveau qui était le sien au milieu des années 1990. Les votants ont donné une majorité aux partis soutenant la mobilité douce et la protection de l'environnement (gauche alternative, Verts, PS, Vert'libéraux, Evangéliques).

La «facture» par référendum?

Seront-ils aussi enthousiastes face aux mesures environnementales contraignantes qui toucheront leur quotidien? Les éventuels référendums sonneront «l'heure de vérité, celle de la facture présentée aux votants», souligne le politologue Michael Hermann, interrogé par Keystone-ATS.

L'UDC a déjà annoncé, peu après les élections, son intention de saisir le référendum, le cas échéant. Au PLR, on se montre moins affirmatif, mais on n'exclut pas de suivre la même voie.

Pour leur président Hans Jakob Boesch, l'usage du référendum dépendra de l'attitude des partis du centre. «Il faudra voir à quel point ils se laisseront embrigader par les roses-verts dans des interdictions inutiles, une sur-réglementation et une mise sous tutelle par l'Etat», prévient le député au Grand Conseil.

Droite perdante face à l'urbanisation

Autre inconnue: le canton de Zurich est-il réellement en train de glisser durablement vers la gauche, aujourd'hui encore minoritaire, et l'écologie? «Ce printemps, la gauche et les partis verts ont mobilisé beaucoup de jeunes et de femmes, à l'inverse de l'électorat de droite qui s'est peu mobilisé», nuance Michael Hermann. La donne changera peut-être dans quatre ans, selon le directeur de l'institut Sotomo.

Il n'empêche, les Zurichois avaient déjà infligé des défaites électorales à la droite il y a un an dans les principales communes d'agglomération. Ces dernières basculent de plus en plus à gauche, car leurs besoins (transports, crèches, structures parascolaires, aide sociale, qualité de vie) s'harmonisent avec ceux de la capitale cantonale rose-verte, explique Michael Hermann.

Zurichois attachés au libéralisme

Le politologue reste pourtant sceptique à l'idée d'un glissement généralisé du canton vers la gauche, comme l'ont vécu plusieurs cantons romands. Attachés au développement durable, les Zurichois ne le sont pas moins au libéralisme économique, observe Michael Hermann.

Il n'est donc pas exclu que les tenants du libéralisme reprennent un jour le pouvoir dans les communes d'agglomération, s'ils en acceptent les besoins urbains.

Le phénomène du PVL zurichois

Dans ce contexte, les Vert'libéraux (PVL) sont aux premières loges pour saisir l'opportunité et ravir, un jour peut-être, le 3e rang cantonal au PLR. Car en réalité, le canton est davantage en train de «se vert'libéraliser» que de «se gauchiser», estime Michael Hermann.

Le politologue en veut pour preuve la puissance croissante du PVL en terres zurichoises (4e formation avec 12,9% de l'électorat contre 11,9% pour les Verts). Il s'agit d'un phénomène unique en Suisse.

«Dans une vingtaine de communes, nous sommes la deuxième force politique et la première force libérale», commente Michael Zeuglin, chef du groupe vert'libéral au Grand Conseil. Le parti compte de nombreuses femmes et de nombreux jeunes parmi ses membres, ajoute-t-il.

«Nous ressentons aussi un soutien de plus en plus fort des milieux économiques», souligne le député. «Ce sont deux facteurs importants pour gagner à nouveau des élections à l'avenir.»

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