Cantons romands Les efforts des assureurs sont jugés insuffisants
bu, ats
28.9.2021 - 17:33
Tous les cantons romands voient leurs primes maladie baisser l'an prochain. Si tous saluent cette accalmie, ils mettent le doigt sur les réserves trop hautes et le peu qui est restitué à la population.
Keystone-SDA, bu, ats
28.09.2021, 17:33
ATS
«On ne nous donne pas grand-chose par rapport à ce l'on nous doit», estime le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia, commentant mardi la légère baisse annoncée pour 2022 des primes d'assurance-maladie à Genève. Le magistrat continue de s'en prendre aux trop grandes réserves des assureurs.
Entre 2017 et fin 2020, les excédents de recettes des assureurs ont totalisé 5 milliards de francs, note M. Poggia. Rien qu'en 2020, année marquée par la pandémie de Covid et une activité réduite des hôpitaux en raison du report de nombreuses interventions, l'excédent de recettes des caisses s'est établi à 1 milliard de francs.
Certes, les assureurs ont réduit leurs réserves de 380 millions de francs et ont aussi reversé 130 millions de francs de trop-plein perçu. Mais en additionnant ces deux chiffres, «on ne rend que la moitié» du surplus de réserves encaissées uniquement durant 2020, déplore M. Poggia.
«Compte tenu de leurs excédents de primes et de leurs réserves extrêmement confortables, on aurait pu s'attendre à ce que certains assureurs proposent des primes moins élevées dans le canton», a déclaré pour sa part la ministre vaudoise Rebecca Ruiz à Keystone-ATS.
Elle rappelle que les réserves excédentaires, c'est-à-dire supérieures au seuil minimum légal, ont augmenté de 11% l'an dernier, à 6,4 milliards de francs. «Ces montants doivent être rendus aux assurés.»
Redonner du poids aux cantons
Rebecca Ruiz, également vice-présidente de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé se réjouit à ce propos de l'acceptation récente par le Parlement fédéral de la motion du conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC/TI) «Coût de la santé. Rétablir la transparence», qui permettra à nouveau aux cantons d'accéder aux données comptables des assureurs, servant au calcul des primes. «Cela redonnera du poids aux cantons.»
Fribourg salue le fait que sa prime moyenne toutes catégories d'âge confondues est la moins chère des cantons latins. S'il se réjouit de la baisse des primes pour 2022, il estime toutefois que les réserves des assureurs maladie se situent toujours à un niveau «nettement» trop élevé. Il estime, à l'instar de la Conférence des directeurs de la santé, qu'une meilleure transparence dans la fourniture des données par l'Office fédéral de la santé publique est souhaitable.
Le Gouvernement jurassien attend des assureurs maladie qu'ils fassent usage de la possibilité de réduire volontairement leurs réserves et qu'ils restituent une partie des primes payées en trop aux assurés. Le canton du Jura a calculé que les réserves des assureurs ont augmenté de 700 millions de francs entre 2019 et 2020.
Ces réserves s'élevaient au 1er janvier 2021 à environ 12 milliards de francs alors que le niveau minimal exigé se situe à environ 6 milliards, constate-t-il. Il déplore aussi que l'Office fédéral de la santé publique n'ait pas été en mesure d'isoler l'effet du Covid sur les coûts de la santé en 2020.
Neuchâtel inquiet
Neuchâtel pour sa part est inquiet car sa prime reste parmi les plus élevées de Suisse, en raison notamment d'indicateurs défavorables, comme une population plus âgée que la moyenne helvétique.
«Avec ce que permet le cadre financier, on va faire le mieux possible pour alléger le poids des primes sur les ménages avec les subsides», a dit la conseillère d'Etat Florence Nater. La responsable politique reste toutefois inquiète par rapport à une possible hausse du nombre de bénéficiaires de subsides, en lien avec la fin des aides fédérales liée à la crise sanitaire.
Le Valais aussi va continuer à soutenir les personnes qui ne parviennent pas à payer leur assurance maladie. Le gouvernement souhaite débloquer 9,8 millions supplémentaires aux subsides de l’assurance-maladie pour l’année 2022. «Dès l'introduction de la loi sur l'assurance-maladie (LAMal) en 1996, nous savions qu'environ 30% de la population nécessiterait des subsides, relève le chef du Service de la santé publique Victor Fournier. Actuellement, entre 20 et 25% de la population valaisanne y a droit».