Premier anniversaire de l'invasion Cassis appelle à «ne pas baisser les bras» face aux abus russes

sn, ats

23.2.2023 - 21:58

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis veut envoyer un «message clair» en défense de la Charte des Nations Unies, un an après l'offensive russe en Ukraine. Jeudi à New York, il a appelé «à ne pas baisser les bras», après la violation du droit international par Moscou.

Ignazio Cassis s'est exprimé jeudi devant l'Assemblée générale de l'ONU (Archives).
Ignazio Cassis s'est exprimé jeudi devant l'Assemblée générale de l'ONU (Archives).
KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANE

23.2.2023 - 21:58

«Ce serait une grave erreur», a affirmé le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) lors de la réunion spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU. Il ne faut pas donner raison à ceux qui cherchent à étendre leurs intérêts par la force, selon lui.

«Tous les pays du monde ont été touchés de près ou de loin par les répercussions de cette guerre», déplore le conseiller fédéral. «Ses conséquences sont désastreuses». «Le coût humain est impossible à chiffrer», affirme M. Cassis. Outre des dizaines de milliers de victimes, plus de huit millions de personnes ont dû fuir le pays.

Les attentes d'une réponse pour défendre les valeurs de l'ONU «sont grandes», a insisté le conseiller fédéral, avant le vote d'une résolution. Celle-ci a recueilli 141 voix pour, dont celle de la Suisse, sept contre, alors que 32 pays se sont abstenus, dont la Chine et l'Inde. Elle exige un retrait «immédiat» des troupes russes, appelant à une paix «juste et durable».

Dans son discours, le conseiller fédéral a répété les condamnations suisses des violations du droit international humanitaire (DIH) et des droits humains, alors que s'ouvriront lundi près de six semaines de réunion du Conseil des droits de l'homme.

Dans une semaine, le numéro deux de la diplomatie russe Sergueï Riabkov est attendu devant cette instance onusienne à Genève, pour la première fois depuis le boycott du discours par vidéo de son chef Sergueï Lavrov il y a un an. La Commission d'enquête internationale de l'ONU sur les violations des droits humains dans ce conflit doit elle rendre prochainement son rapport final. Elle a déjà dénoncé des crimes de guerre.

Second discours pour Cassis

«La Suisse est prête à jouer son rôle» pour oeuvrer à une solution pacifique du conflit, a encore affirmé jeudi le conseiller fédéral. Aux approches isolées de certains, il répond par un appel à l'unité de la communauté internationale. «Certaines conséquences néfastes de la guerre ont pu être atténuées, tant sur le plan humain, sécuritaire, politique qu'économique».

Et de mentionner l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui doit être renouvelé le 18 mars et qui a permis de faciliter l'exportation de plus de 21 millions de tonnes alimentaires. L'ONU a récemment relayé son inquiétude pour celui-ci, si un autre arrangement sur l'exportation d'engrais russes n'est pas mieux appliqué.

Plus largement, la communauté internationale doit tout faire pour défendre la Charte des Nations Unies, violée par un membre permanent du Conseil de sécurité, alors que les défis sont nombreux, dit M. Cassis. De la pénurie énergétique à l'insécurité alimentaire, en passant par l'inflation et le changement climatique.

Proposition chinoise

De nombreux autres chefs d'Etat, de gouvernement ou ministres des affaires étrangères, comme celui du Japon Yoshimasa Hayashi ont aussi pris la parole. «Dans un an, nous ne devons pas nous retrouver pour marquer le deuxième anniversaire de cette guerre d'agression absurde», a lancé le ministre japonais espérant à la place un «sommet pour la paix» en 2024.

Mais «la Russie ne montre aucun désir pour la paix (...) Elle tente de convaincre certains d'entre vous que ses tentatives pour bouleverser l'ordre mondial et d'imposer un ordre basé sur la force joueront en leur faveur. C'est une illusion», a-t-elle ajouté, joignant sa voix aux dizaines d'Etats demandant de soutenir la résolution, soumise au vote après la reprise de la session à 15h00 (21h00 suisses).

L'Ukraine et ses alliés espèrent que le texte obtiendra au moins autant de voix qu'en octobre 2022, quand 143 pays avaient voté pour la résolution condamnant les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie.

«Les guerres n'ont pas de vainqueur», a déclaré l'ambassadeur adjoint à l'ONU Dai Bing. «Un an après le début de la crise ukrainienne, les faits prouvent qu'envoyer des armes n'apportera pas la paix», a-t-il ajouté, exhortant Kiev et Moscou «à reprendre le dialogue aussi vite que possible».

La Chine, qui comme l'Inde s'est généralement abstenue lors des votes à l'ONU sur l'Ukraine, a promis de rendre publique cette semaine une «solution politique» dont elle a présenté des éléments à Kiev et Moscou.

Au début de la réunion spéciale de l'Assemblée générale, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, attendu lundi à Genève, s'en était pris mercredi à la Russie, ciblant un «affront». Moscou lui avait ensuite répondu tout aussi directement lors de la même réunion. De son côté, le conseiller fédéral doit encore s'exprimer vendredi sur l'Ukraine au Conseil de sécurité.

sn, ats