Assemblée générale de l'ONU Cassis propose une réunion en lien avec les Conventions de Genève

sn, ats

24.2.2023 - 17:18

La Suisse propose une réunion en lien avec les Conventions de Genève, face aux violations du droit international humanitaire (DIH) perpétrées en Ukraine. Vendredi à New York, Ignazio Cassis a lancé cette invitation devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis, ici pendant la minute de silence, a affirmé que les Conventions de Genève ont été "bafouées" par l'offensive russe en Ukraine.
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis, ici pendant la minute de silence, a affirmé que les Conventions de Genève ont été "bafouées" par l'offensive russe en Ukraine.
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

Depuis une année, les Conventions de Genève, qui fêteront l'année prochaine leurs 75 ans, «sont bafouées», a estimé le conseiller fédéral lors de la réunion sur l'Ukraine de l'organe onusien le plus puissant. La Suisse, dépositaire de ces accords, a été «énormément choquée» par l'agression russe.

«La population civile, les blessés, les prisonniers et les infrastructures» doivent être «protégés» par les parties au conflit et par les combattants, a dit le conseiller fédéral. Selon lui, il faut organiser une discussion «maintenant.».

«La Suisse est prête à tout moment à réunir tout le monde autour d'une table», a-t-il ajouté. Mais cette rencontre ne serait pas une conférence formelle des parties aux Conventions, mais une discussion autour du DIH, a précisé à Keystone-ATS un responsable du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

M. Cassis a encore salué la résolution approuvée jeudi par l'Assemblée générale de l'ONU, pour laquelle Berne a voté favorablement, qui demande le retrait des forces russes. Une requête que le conseiller fédéral a lui-même relayée auprès de la Russie, dont l'ambassadeur Vassili Nebenzia était assis à côté de lui, vendredi devant le Conseil. «Il est grand temps de cesser toutes les hostilités», dit également le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Discours également à l'OSCE

Selon lui, la résolution votée jeudi, avec presque le même résultat que l'année dernière, constitue une étape «claire» pour «la solidarité, le dialogue et la paix». La Chine, qui a proposé vendredi un plan de paix, s'était abstenue comme il y a un an.

Lors de la réunion de vendredi, le conseiller fédéral a encore rappelé que la neutralité militaire suisse ne signifiait pas qu'elle était «indifférente». Il a rappelé que plus de 40 Etats, dont la Suisse, avaient porté la situation devant la Cour pénale internationale (CPI). Et demandé à tous de collaborer avec la juridiction.

Depuis jeudi, M. Cassis a multiplié les discours sur le premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Après l'Assemblée générale de l'ONU la veille et avant le Conseil de sécurité, il a participé vendredi par vidéo au Conseil permanent de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Cette institution, la seule qui rassemble sur les questions de sécurité tous les acteurs du conflit, a été largement ciblée pour son inaction au début de la guerre. Même la Suisse avait été dure à son égard.

Tension avec la Russie à New York

Vendredi, changement de ton. Le conseiller fédéral a estimé que l'OSCE était «elle-même victime de cette guerre». Et d'affirmer que celle-ci reste indispensable «par l'unité des Etats membres et leur position commune». En dehors de la Russie où il dénonce à nouveau la répression des libertés fondamentales.

Et M. Cassis répète aussi qu'il faut repenser l'ordre sécuritaire européen, avec comme référence les principes qui ont établi cette organisation, pour ne pas donner raison aux agresseurs. A New York aussi, il a appelé à un effort commun pour rétablir la sécurité dans la région.

La réunion du Conseil de sécurité a donné lieu à une scène qui montre l'extrême tension avec Moscou. Tous les participants se sont levés à la demande du ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba pour honorer par une minute de silence les victimes ukrainiennes du conflit.

Et y compris Vassili Nebenzia qui a ensuite demandé un hommage similaire, mais pour toutes les victimes de la guerre. Il s'est alors levé seul, M. Cassis à sa gauche et les autres délégués se regardant et restant bien ancrés sur leur siège. Il aura fallu de longues secondes avant que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ne décide de faire comme l'ambassadeur russe, suivi par tous les participants.

Ces discours ont eu lieu alors que l'ambassadrice ukrainienne à l'ONU à Genève et de nombreux homologues européens se sont rassemblés vendredi soir sur la Place des Nations à Genève, parmi plus de 400 personnes. L'Ukraine sera aussi dès lundi au centre des travaux du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.