Grand Conseil – FR CEP pour la pisciculture d'Estavayer-le-Lac

ATS

6.2.2020 - 10:43

Au terme de vifs débats, les députés fribourgeois ont accepté d'instituer une commission d'enquête parlementaire (CEP) pour faire la lumière sur la déconfiture de la pisciculture cantonale d'Estavayer-le-Lac.
Au terme de vifs débats, les députés fribourgeois ont accepté d'instituer une commission d'enquête parlementaire (CEP) pour faire la lumière sur la déconfiture de la pisciculture cantonale d'Estavayer-le-Lac.
Source: Philippe Lebet – Keystone-ATS

Le fiasco de la pisciculture d'Estavayer-le-Lac fera l'objet d'une commission d'enquête parlementaire (CEP) dans le canton de Fribourg. Les députés ont accepté jeudi une requête en ce sens de deux députés broyards pour faire toute la lumière.

La requête a été avalisée par 71 voix contre 25 et 7 abstentions. Les requérants, la PLR Nadia Savary-Moser et le PDC Eric Collomb, se sont insurgés contre la décision du Conseil d'Etat, annoncée en décembre, de fermer la pisciculture cantonale pour créer une entité intercantonale avec Neuchâtel et Vaud à Colombier (NE).

Le site staviacois a subi des manquements et des négligences, selon les deux députés, dont l'action reflète le mécontentement de la population du district de la Broye. «La décision est une aberration, notamment financière, vu les moyens du canton, et économique, pour les pêcheurs du lac de Neuchâtel», a déploré Nadia Savary-Moser.

Nombreux manquements

«Je doute qu'un mot assez fort existe dans le dictionnaire», a dit la députée, en référence à la colère et à la stupéfaction nées de l'abandon. «On ne s'y serait pas pris autrement si l'on avait voulu couler une infrastructure neuve», a-t-elle précisé, en ajoutant que l'objectif consistait à remettre en fonction la pisciculture.

Les débats ont duré une heure et demie, avec la prise de parole de de toute la représentation broyarde. Selon le député UDC Jean-Daniel Chardonnens, il n'est «pas concevable de tirer la prise pour aller produire de l'autre côté du lac». Son collègue de parti Nicolas Kolly a insisté sur la nécessité d'approfondir les responsabilités.

«Une CEP peut paraître démesurée par rapport à la taille du projet, mais il faut corriger les nombreux manquements constatés lors des travaux», a relevé la députée PDC Anne Meyer Lötscher. De son côté, la socialiste Violaine Cotting-Chardonnens a mis en avant la responsabilité des autorités vis-à-vis des citoyens.

Pas le bon instrument

Le député PLR, via Claude Brodard, a dénoncé la gestion catastrophique du dossier. En revanche, à ses yeux, la CEP n'est pas le bon instrument pour un enjeu et infrastructure non stratégique pour le canton. «A ce moment-là, il faudrait instituer une commission permanente», a-t-il caricaturé.

Le député «La Broye c'est vous» Cédric Péclard, membre du groupe Vert Centre Gauche, a regretté l'échec de la pisciculture cantonale. La visite de députés sur place en janvier a laissé voir la misère de la conception du bâtiment. «L'architecte n'avait visiblement aucune expérience dans le domaine», s'est-il exclamé.

Le Conseil d'Etat s'est opposé à l'institution d'une CEP. Selon lui, les enquêtes administratives et techniques menées par des experts externes en 2017 et 2018 sont suffisantes. En faire davantage «ne contribuera ni à une meilleure transparence, ni à une meilleure compréhension des circonstances ayant abouti aux dysfonctionnements».

Motion populaire

Le Conseil d'Etat, par la voix de Didier Castella, en charge de l'agriculture, a dit comprendre la colère et l'émotion exprimées pendant les débats. «Une CEP arrivera aux mêmes conclusions existantes, sans compter le temps et l'argent nécessaires», a averti le magistrat PLR.

L'échec du projet laisse une ardoise de près de 2,3 millions de francs pour le contribuable fribourgeois, selon les chiffres du Conseil d'Etat. Selon ce dernier, un transfert à Colombier est moins onéreux qu'une remise en état, pour un coût de 1,5 million, d'un site qui n'a jamais fonctionné.

La colère est aussi visible au sein de la population du district de la Broye. Une motion populaire a été lancée par des citoyens staviacois pour le maintien de la pisciculture. Le texte a déjà récolté plus de 1000 signatures, soit bien davantage que le minimum requis de 300.

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