Mathias Reynard«Ceux qui frappent, ceux qui harcèlent sont loin d'être les monstres»
zd, ats
21.5.2024 - 14:07
Le Conseil d'Etat valaisan veut renforcer la prévention, réduire la récidive et améliorer la protection des personnes touchées par les violences domestiques. Pour la première fois, le canton présente aussi un état des lieux chiffrés de la situation.
Keystone-SDA, zd, ats
21.05.2024, 14:07
21.05.2024, 14:35
ATS
«Ceux qui frappent, ceux qui harcèlent sont loin d'être les monstres qu'on imagine. Ce sont des hommes ordinaires», indique mardi en conférence de presse le conseiller d'Etat Mathias Reynard. Et «la violence est un comportement que l'on peut désapprendre», ajoute celui qui est en charge du département de la santé, des affaires sociales et de la culture.
Pour contrer «ce problème systémique», le Conseil d'Etat a transmis au parlement un projet de révision partielle de la loi sur les violences domestiques qui s'engage à apporter de l'aide à toutes les personnes concernées. «Nous savons que cibler uniquement les personnes qui subissent des violences et pas celles qui les exercent n'est pas efficace», explique Katy Solioz-François, cheffe de l'office cantonal de l'égalité et de la famille (OCEF).
En ce sens, le projet de loi propose que les centres de consultations spécialisés prennent proactivement contact par téléphone avec les personnes ayant subi ou ayant exercé des violences quelques jours après une intervention de la police.
Soutien aux enfants
Cette prise de contact proactive est «aussi une possibilité de proposer un soutien aux enfants concernés», note Katy Solioz-François. Elle souligne que dans le projet de loi, ceux-ci sont désormais aussi considérés comme victimes en cas de violences au sein du foyer, même s'ils ne sont pas directement touchés, en raison du «fort potentiel traumatisant de ces violences pour les enfants et la mise en danger conséquente et durable qu'elles entraînent».
Selon la loi actuelle, la personne présumée auteure des violences et expulsée du domicile est déjà automatiquement contactée pour fixer un entretien obligatoire. Le projet de loi veut que celle sous le coup d'une mesure d'éloignement ou d'interdiction de contact prononcée par un tribunal y soit également astreinte. Et que le nombre d'entretiens socio-thérapeutiques passe de un à trois «pour favoriser une vraie prise de conscience», relève encore Katy Solioz-François.
Le nouveau projet de loi veut aussi renforcer l'échange d'informations entre les autorités, la justice et les services et institutions spécialisées qui sont amenés à traiter des situations de violence domestique.
Statistiques par institution
La collecte de données en la matière fait également partie du projet. Il s'agit d'étoffer cette récolte statistique «indispensable» et de la mener à terme «de manière transversale», souligne Mathias Reynard dans la préface au premier rapport valaisan sur les chiffres 2022 des violences domestiques, élaboré par l’Observatoire valaisan de la santé (OVS) sur mandat de l'OCEF.
En 2022, la police a enregistré 377 interventions en lien avec les violences domestiques; les centres LAVI ont pris en charge 936 victimes. Les quatre lieux d’accueil ont reçu 118 personnes (64 femmes et 54 enfants) pour 3202 nuitées et 91 auteurs présumés (93% d’hommes) ont été aidés. Les unités de médecine des violences ont pris en charge 79 personnes.
Ces chiffres ne sont que «la partie émergée de l'iceberg», rappelle Luc Fornerod, directeur de l'Observatoire valaisan de la santé. D'une part parce que certains autres organismes n’ont pour l’instant pas de données disponibles mais aussi parce que «selon plusieurs enquêtes réalisées en Suisse, seulement 10 à 22 % des victimes s’adressent aux services de police».
Quatre EPT réclamés
Les incidences financières supplémentaires liées à ce projet de révision sont estimées à 110'000 francs. Les centres de consultation spécialisée LAVI seraient quant à eux renforcés de quatre équivalents plein temps (EPT).
Les violences domestiques regroupent «tous les actes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique qui surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre d'anciens ou actuels conjoints ou partenaires, indépendamment du fait que l’auteur de l’infraction partage ou a partagé le même domicile que la victime»