«En Suisse: injustice!»Colère et tristesse à Genève après le suicide d'un jeune requérant
tb, ats
8.12.2022 - 19:16
A Genève, plus de 500 personnes ont manifesté jeudi en fin d'après-midi pour exprimer leur colère et leur tristesse suite au suicide la semaine dernière d'un requérant afghan âgé de 18 ans. Le jeune homme venait d'apprendre son renvoi de Suisse.
Keystone-SDA, tb, ats
08.12.2022, 19:16
08.12.2022, 19:30
ATS
«A son arrivée au foyer de l'Etoile en 2021, il m'a tout de suite demandé comment faire pour s'intégrer et pour avancer», a raconté Nesim, un ami du jeune homme. Très ému, il se souvient de son camarade: un gars sympa, sportif, studieux et qui jouait du violon. «Après s'être battu pour son avenir, il avait perdu tout espoir», a-t-il ajouté.
La cousine du jeune Afghan, en pleurs, a raconté les souffrances de l'adolescent pour arriver en Suisse. Il avait quitté l'Iran où sa famille s'était réfugiée pour fuir les talibans. En Grèce, il avait subi des violences qui l'avaient profondément traumatisé. «L'Etat est responsable et doit rendre des comptes», a déclaré la cousine.
Décision injuste
Les manifestants, dont de nombreux jeunes résidants des foyers, ont crié leur colère devant le siège de l'Hospice général au centre-ville. «En Suisse: injustice!» ou «Réfugiés: solidarité!», a scandé la foule. Des chants, parfois interrompus par des cris de détresse, ont résonné. Beaucoup tenaient une photo du jeune homme dans leurs mains.
Le directeur de l'Hospice général, Christophe Girod, a pris le micro pour exprimer son soutien aux proches du jeune homme. Il a ensuite critiqué des décisions administratives prises sans considération des situations personnelles. Mais le directeur général n'a pas pu finir son intervention. Il a été interrompu par les manifestants qui criaient «Hospice: injustice!».
La décision de renvoi du jeune Afghan en Grèce par le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), confirmée par le Tribunal administratif fédéral, a été fustigée par la foule. Selon plusieurs orateurs, les autorités auraient dû prendre en compte le risque suicidaire que présentait ce jeune requérant.
Conditions déplorables
Des représentants des associations d'aide aux migrants ont aussi dénoncé les mauvaises conditions d'hébergement dans les foyers. «On nous parle mal», a raconté Nesim. Les chambres sont trop petites et ressemblent à une prison, a-t-il expliqué. Les associations réclament depuis longtemps des alternatives au foyer de l'Etoile.
La foule s'est ensuite dirigée devant l'Hôtel-de-Ville pour interpeller Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat en charge de la cohésion sociale. Mercredi, le gouvernement genevois avait exprimé son incompréhension face aux pratiques de la Confédération «qui met en danger la vie et la santé des personnes découtées, lorsque celles-ci se trouvent dans une situation médicalement avérée de détresse psychologique».