Conseil d'Etat valaisan «Oui, ça va être difficile pour les femmes»

zd, ats

19.2.2021 - 09:16

La course au Conseil d'Etat valaisan réunit deux candidates et six candidats pour cinq fauteuils à pourvoir. La présence d'une femme à l'exécutif n'est de loin pas assurée.

Dans la course au Conseil d'Etat valaisan, seuls les Verts ont présenté des femmes.
Dans la course au Conseil d'Etat valaisan, seuls les Verts ont présenté des femmes.
KEYSTONE

«C'est très dommage qu'il y ait aussi peu de candidates», réagit Kathrin Bertschy, qui regrette que seuls les Verts aient présenté des femmes. La co-présidente d'Alliance F, une faîtière qui s'engage à réaliser l'égalité entre les femmes et les hommes dans la société, l'économie et en politique, n'est en revanche pas autrement surprise: «La composition des Conseils d'Etat se modifie très lentement».

Ce n'est pas l'histoire valaisanne qui lui donnera tort. Depuis 1970, date à laquelle les femmes peuvent voter et être élues dans le canton, le gouvernement valaisan n'a compté qu'une seule femme dès 2009: la socialiste Esther Waeber-Kalbermatten qui se retire cette année justement après douze ans.

Issue «pas réjouissante» pour les femmes

Le PDC a lancé une liste à trois avec les sortants Roberto Schmidt et Christophe Darbellay et le nouveau venu Serge Gaudin, cadre chez Novelis. Le PLR présente Frédéric Favre à sa propre succession tandis que l'UDC, qui compte bien revenir au pouvoir, mise sur son conseiller national Franz Ruppen.

La gauche fait front commun. La liste réunit un autre conseiller national, socialiste cette fois, Mathias Reynard, et les deux vertes Brigitte Wolf, biologiste de formation, et Magali Di Marco, à la tête de son entreprise de communication.

L'issue qui se dessine «n'est pas réjouissante» pour les femmes, souligne Kathrin Bertschy. Même si une verte réussissait à monter dans le train gouvernemental, cela ne serait pas suffisant pour parler de représentativité. Cela éviterait toutefois au Valais de rejoindre le club des cantons dirigés exclusivement par des hommes à l'image d'Uri, Lucerne, Argovie ou encore le Tessin.

«Une bonne occasion manquée»

L'élection du candidat PDC Serge Gaudin, peu connu et politiquement inexpérimenté, n'est pas assurée. Selon Kathrin Bertschy, le parti majoritaire aurait aussi pu choisir de présenter une femme, «pas par défaut mais par choix», insiste la Bernoise.

«Une femme aurait de plus eu mathématiquement davantage de chances d'être élue tout en présentant l'avantage de signaler aux citoyennes que le PDC les représente aussi. Le parti a manqué une bonne occasion de le faire», analyse Kathrin Bertschy.

«Qui ose se lancer quand le nom d'un candidat circule déjà officieusement?»

Kathrin Bertschy, co-présidente d'Alliance F

Elle-même conseillère nationale, la vert'libérale note de manière générale que la désignation des candidats passe souvent par des comités à grande majorité masculine. «Ils ne voient pas que certaines femmes ont aussi les compétences nécessaires».

Par ailleurs, ces réunions ne sont pas «toujours aussi démocratiques qu'elles le paraissent». Déjà minoritaires, les femmes pâtissent d'une culture masculine de l'entre-soi. «Qui ose se lancer quand le nom d'un candidat circule déjà officieusement?», s'interroge-t-elle.

Plusieurs partis affirment pourtant avoir activement cherché «les perles qui pourraient se porter candidates, malheureusement sans succès». C'est justement le problème, relève Kathrin Bertschy. La candidate doit être une perle «absolument géniale» pour que son profil soit retenu. «Un candidat a juste besoin d'être l'un des leurs», résume-t-elle.

Une simple concordance

D'autres cantons ont montré qu'il n'était pas nécessaire d'instaurer des quotas pour voir la part des femmes augmenter au sein des exécutifs. Il suffit de prendre les femmes en compte dans l'équation de la formule magique. Au Conseil fédéral, la représentation des genres s'est finalement ajoutée à celle des régions, et «on imagine mal aujourd'hui un gouvernement avec moins de trois femmes», relève-t-elle.

Le Valais tient déjà compte de sa minorité linguistique, il pourrait faire de même avec la majorité de sa population, à savoir les femmes, estime Kathrin Bertschy. Faudrait-il inciter ceux pour qui la représentation des genres est importante à voter femme plutôt que partisan? «C'est une pesée des intérêts que chaque électrice et électeur doit effectivement faire». Mais même avec une mobilisation en faveur de l'une ou l'autre candidate au 2e tour, «cela sera difficile pour les femmes».

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