CorseauxCampagne tendue autour d'un EMS et d'une crèche
nt, ats
12.6.2022 - 12:48
Les habitants de Corseaux (VD) se prononceront dimanche prochain sur le plan d'affectation spécial (PA) «EMS Résidence du Léman» qui prévoit la réalisation d'un EMS et d'une crèche sur une parcelle viticole. Pour les partisans, le projet répond à des besoins urgents, tandis que les opposants crient à la destruction du patrimoine et du paysage de Lavaux.
nt, ats
12.06.2022, 12:48
ATS
Le 9 octobre 2019, la Municipalité de Corseaux, l'un des dix villages inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco, a mis à l'enquête le PA «EMS Résidence du Léman». Il a été approuvé en octobre 2021 par le Conseil communal.
Le projet a été redimensionné à la baisse pour tenir compte des arguments des opposants et réduire l'impact des constructions. Pour qu'un débat démocratique ait lieu, la Municipalité a décidé soumettre l'objet à un référendum spontané.
Intérêt général contre pied de vigne
À l'approche de la votation et après plusieurs débats, la campagne fait rage. C'est l'affrontement entre «les partisans du pied de vigne et ceux de l'intérêt général et de la santé publique», résume Antoine Lambert, ancien syndic du village et co-président du comité de soutien «oui pour nos enfants et nos aînés à Corseaux».
Pour les partisans de l'intérêt général, le projet répond à un besoin impérieux. Dans le cercle composé des communes de Corsier, Corseaux, Chardonne et Jongny, 180 enfants attendent une place en garderie. «Certains parents sont désespérés», relève M.Lambert.
Quant à l'EMS, les besoins ne vont que s'aggraver en raison de la démographie: 600 places doivent être créées sur la Riviera d'ici 2040. Si elles n'augmentent pas, les aînés devront aller toujours plus loin et s’éloigner de leur lieu de vie et de leurs proches.
Le cep de la discorde
Les quatre associations qui s'opposent au PA, à savoir Protégeons Corseaux, Sauver Lavaux, Patrimoine Suisse section Vaud et la Fondation Franz Weber, dénoncent un projet «destructeur du patrimoine et du paysage».
«Le paysage si typique de Lavaux et l'identité du village s'en verraient à jamais dégradés», selon la présidente de Sauver Lavaux Suzanne Debluë. Et ce en contradiction avec la protection du vignoble, introduite dans la Constitution vaudoise en 1977 par l'initiative de Franz Weber.
Les associations brandissent notamment le spectre de l'arrachage de 10'000 m2 de vignes. Le classement de la région au Patrimoine mondial de l'Unesco en serait menacé, martèlent-elles.
Zone d'utilité publique
Les partisans du projet s'insurgent contre des «affirmations totalement inexactes». Il est faux de déclarer que le patrimoine de l'Unesco est en danger car les vignes de la parcelle en Châtonneyre ne sont pas protégées par la loi sur le plan de protection de Lavaux (LLavaux). Ses 14'000 m2 sont en zone d'utilité publique depuis 1976. À aucun moment, la disparition d'une partie de ces vignes ne menace la reconnaissance de l'Unesco, car elles se situent en zone tampon.
Au contraire, le projet permettra de conserver 4400 m2 de vignoble et de l'intégrer à la zone protégée par la Llavaux, relève M.Lambert. Une surface légèrement moindre, soit 4000 m2, sera affectée aux bâtiments; le reste sera consacré aux jardins, parties arborisées ou accès. Quant aux vignes qui seront enlevées, elles représentent 4,8% de la surface viticole totale de Corseaux.
Mastodonte de béton
Les opposants dénoncent un mastodonte en béton de 125 mètres de long et 14 mètres de haut. Pour eux, il s'agit de reliques d'une «politique du siècle passé».
À nouveau faux, dénonce le comité de soutien: la modélisation faite par l'architecte permet d'imaginer entre deux et trois bâtiments de deux à trois niveaux, respectant la hauteur maximale de onze mètres. Et de préciser que l'apparence du projet sera définie ultérieurement par un concours d'architecture.
Alternative impossible
Quant à la réfection de l'actuel EMS soutenue par Georges Charotton, président de Protégeons Corseaux et ancien syndic de la commune, elle est impossible, tout comme l'expropriation de son propriétaire par le canton, observe le comité de soutien. «Une fois rénové, l'établissement ne pourrait pas accueillir plus de 20 chambres. Le propriétaire du terrain a d’autres intentions pour cette parcelle. Il ne renouvellera pas le bail résilié pour 2026», note M. Lambert.