PandémieCOVID-19: ralentissement encore insuffisant pour les hôpitaux
ATS
12.11.2020
La situation épidémiologique en Suisse se dirige vers une stabilisation, indique jeudi Virginie Masserey, cheffe de la section contrôle de l'infection de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), mais le nombre de nouvelles infections demeure trop élevé. Le nombre de décès continue, lui, à augmenter. Le ralentissement encore insuffisant pour les hôpitaux. 600 militaires volontaires se sont annoncés.
Cette tendance à la stabilisation est le signe que les mesures prises par les cantons et la Confédération sont efficaces. «Mais ce n'est pas le moment de se relâcher», insiste Mme Masserey. Elle rappelle aussi qu'il ne faut pas attendre l'appel des services du médecin cantonal si l'on a été en contact étroit avec une personne positive au coronavirus.
«Grâce au report des interventions non urgentes et aux transferts, les limites de capacités hospitalières ne sont pas atteintes, mais on ne peut pas compter sur ce mécanisme. Il faut diminuer le nombre de malades», indique Virginie Masserey.
La Suisse compte 6924 nouveaux cas de coronavirus en 24 heures, selon l'OFSP et 280 nouvelles hospitalisations. Environ 32'000 tests sont effectués par jour avec un taux de positivité se stabilisant à hauteur de 25%.
Forte variation du taux d'incidence
Le taux d'incidence demeure très élevé en comparaison internationale. Il est de 1120 cas pour 100'000 habitants au niveau national, et varie entre environ 600 et 2500 selon les cantons.
Genève compte près de 2500 cas pour 100'000 habitants, suivi par Fribourg qui en compte plus de 2400. Neuchâtel s'approche de la barre des 2000 cas pour 100'000 habitants, tandis que le Valais l'a dépassée, selon le rapport quotidien de l'OFSP.
Uri détient le taux le plus bas, avec environ 547 cas pour 100'000 habitants. Les chiffres peuvent être sous-estimés en raison d'un décalage dans l'enregistrement des données.
Ralentissement encore insuffisant pour les hôpitaux
L'évolution de l'épidémie ralentit, mais la charge pour les hôpitaux reste encore trop élevée, a déclaré jeudi Martin Ackermann chef de la Task Force scientifique de la Confédération. Il faut viser une réduction de moitié des nouvelles infections tous les 15 jours.
Le taux de reproduction du virus est passé à 0,86. C'est encourageant, mais cet indice pourrait être sous-estimé, a précisé l'expert. Reste que les indicateurs concernant l'occupation des lits en soins intensifs et les décès restent trop élevés.
Le doublement des personnes en soins intensifs a lieu tous les 12 jours, et celui des décès tous les 7 jours. Selon M. Ackermann, les hôpitaux pourraient atteindre la limite de leurs capacités en lits d'ici la mi-novembre. Environ 20 à 30% des tests sont positifs alors que l'OMS fixe le plafond à 5%.
Il a appelé à réduire autant que possible les contaminations. La Task Force propose de diminuer de moitié les nouvelles infections tous les 15 jours. On arriverait à 500 contaminations le 1er janvier, ce qui deviendrait gérable pour le système hospitalier. Il faudrait que le taux de reproduction passe sous 0,7.
La Task Force nationale Covid-19 songe à d'autres mesures, mais pour l'heure, il s'agit d'appliquer celles déjà en vigueur.
La collaboration intercantonale fonctionne bien
La coopération entre les cantons fonctionne bien, a assuré jeudi Rudolf Hauri, président de l'Association des médecins cantonaux (AMCS), devant la presse. Des patients sont régulièrement transférés d'un canton à un autre.
Rudolf Hauri note également un tournus élevé dans les sections normales. Dès qu'un patient quitte l'hôpital un autre le remplace. Il y a beaucoup d'arrivées et de départs.
La situation est différente d'un canton à l'autre, a-t-il poursuivi. Mais tous font face à une activité élevée du virus. La situation reste instable et les hôpitaux ne savent pas ce qu'il va encore venir. C'est pourquoi la population doit absolument respecter les mesures d'hygiène et de distanciation.
Noël en petit comité
Interrogé sur les fêtes de fin d'année, il a assuré qu'elles pourront être célébrées dans le cercle restreint de la famille. «Rien ne l'empêche». Il serait en revanche contre-productif d'organiser une grande fête. Et il faudra faire attention aux grands-parents.
600 militaires volontaires se sont annoncés
Quelque 600 militaires se sont volontairement mis à disposition de l'armée pour soutenir les cantons face au coronavirus. L'armée ne peut actuellement pas les engager tous pour les hôpitaux.
«L'armée ne s'impose pas. Elle intervient là où on demande, puis elle se retire», a rappelé jeudi le divisionnaire Yvon Langel lors d'un point de presse. Actuellement, 500 militaires sont en service d'appui. Parmi eux, 300 sont directement engagés auprès des cantons qui ont fait une demande d'aide; les 200 autres sont intégrés dans la logistique et l'Etat-major. L'armée recherche toutefois du personnel de cuisine, a lancé le divisionnaire.
Les six cantons romands ainsi que Berne bénéficient de l'aide demandée. Une demande du Tessin est en cours d'évaluation. Si d'autres demandes sont déposées, l'armée devra faire appel à du personnel sanitaire supplémentaire. Elle fait du «sur mesure». Les militaires qui ne sont plus nécessaires doivent être licenciés à temps, a précisé Yvon Langel.