Soignants épuisés Crise dans les soins en EMS: revaloriser le travail relationnel

dv, ats

23.2.2024 - 14:47

La crise des soins de longue durée a ses racines dans la manière dont le travail est organisé et évalué. Pour y faire face, il faudra écouter les salariés et notamment revaloriser le travail relationnel.

L'intensification du travail en fonction d'objectifs de «production» est source de grandes souffrances, tant pour les employés pour que les résidents, selon l'étude (image d'illustration).
L'intensification du travail en fonction d'objectifs de «production» est source de grandes souffrances, tant pour les employés pour que les résidents, selon l'étude (image d'illustration).
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Keystone-SDA, dv, ats

C'est ce qui ressort d'une étude de la Haute école spécialisée de la Suisse italienne (SUPSI) et d'Unia, présentée vendredi à Berne. Initiée en 2021, cette analyse qualitative a été réalisée sur la base d'entretiens de groupe avec des salariés d'EMS. Au total, 26 personnes y ont pris part, dont 22 femmes.

Avec le système de financement actuel, les soins sont devenus de plus en plus rationnés. Les soignants manquent de temps pour le travail relationnel, qui est une part essentielle des soins. «Des soins de qualité, c'est plus que maintenir un corps en vie», souligne ainsi l'une des participantes à l'étude.

Cette intensification du travail en fonction d'objectifs de «production» mène les soignants à l'épuisement émotionnel et psychique et a aussi un impact négatif sur les résidents. Trois cents à 400 soignants quittent la profession chaque mois. D'ici 2040, le nombre de personnes de plus de 80 ans augmentera de 88% et 35'000 postes supplémentaires seront nécessaires dans les soins de longue durée.

Améliorer les conditions de travail

Il existe actuellement trois grandes réponses à la crise des soins de longue durée: le recours au travail migrant, la formation et la technologie. Elles sont toutefois insuffisantes, a relevé Nicolas Pons-Vignon, professeur à la SUPSI, dans sa présentation.

Même si les migrants continueront à jouer un rôle important, ce n'est pas une solution à long terme. La formation est certes nécessaire pour répondre à l'augmentation des besoins, mais insuffisante car les néorecrutés quittent en masse la profession. Finalement, les robots ne permettent pas d'économiser de la main-d'oeuvre car ils nécessitent beaucoup de maintenance.

Les conditions de travail doivent donc être améliorées afin de réduire l'exode du personnel. Il faut aussi plus d'offres abordables en faveur du troisième âge, par exemple pour l'aide au ménage ou des logements protégés, afin de retarder les entrées en EMS. Davantage de moyens financiers sont indispensables au vu de l'évolution démographique.

Débat de société

Si rien ne change, ce sont les proches qui seront mis à contribution, avec des effets négatifs sur leur situation professionnelle et leur santé, prévient Unia.

Pour le syndicat, les soins de longue durée et la sécurité des soins pour les personnes vieillissantes doivent être considérés comme un défi social et devenir une priorité politique. Et la voix des soignants doit être entendue dans ce débat. C'est pourquoi un «Manifeste pour des soins de qualité» est en cours d'élaboration. Un colloque est aussi prévu en août.