DéfenseL'Estonie et la Norvège renforcent la conviction d'Amherd
dv, ats
9.2.2024 - 09:20
La Suisse doit renforcer ses capacités de défense. Un voyage en Estonie et Norvège, deux voisins de la Russie, a renforcé cette conviction de la présidente de la Confédération Viola Amherd. Pour le nouveau secrétaire d'Etat à la politique de sécurité Markus Mäder, Berne doit aussi intensifier sa collaboration avec ses partenaires européens.
Keystone-SDA, dv, ats
09.02.2024, 09:20
ATS
Mme Amherd s'est rendue en Estonie lundi et mardi puis en Norvège mercredi et jeudi. Les deux pays, membres de l'OTAN, sont préoccupés par la situation en Ukraine. L'Estonie est davantage concernée en raison de sa proximité avec la Russie mais aussi pour des raisons historiques, a expliqué la cheffe du Département fédéral de la défense à Keystone-ATS au dernier jour de son voyage.
Et d'ajouter que les deux pays sont en train de renforcer leur capacité de défense, l'Estonie fortement. En janvier, les trois pays baltes – Lettonie, Estonie et Lituanie – ont annoncé qu'ils allaient construire une ligne de défense commune à la frontière avec la Russie et le Bélarus.
Pour Mme Amherd, la Suisse doit en tirer une leçon et renforcer ses propres capacités. En début de semaine, elle avait indiqué qu'il fallait aujourd'hui évaluer si, après des décennies de «dividendes de la paix», l'on pouvait continuer de la sorte. «L'armée a été détruite pendant 30 ans et il est évident que cela ne peut pas être corrigé en cinq ans et sans augmentation des moyens».
Les menaces «hybrides»
Le nouveau secrétaire d'Etat à la politique de sécurité Markus Mäder, qui faisait partie de la délégation suisse, estime également qu'il faut un renforcement des capacités de défense. La Suisse doit par ailleurs accroître sa résilience face aux menaces hybrides et en même temps intensifier sa collaboration avec ses partenaires européens, a-t-il expliqué à Keystone-ATS.
Et d'ajouter que la Suisse souhaite en particulier intensifier les échanges d'informations et d'expériences avec l'OTAN mais aussi de façon bilatérale avec plusieurs pays européens.
Le chef de l'armée Thomas Süssli se rendra ainsi en Estonie en juin pour échanger avec ses partenaires, la Suisse et l'Estonie ayant toutes deux un système de milice et un modèle similaire de mobilisation. Il se renseignera également sur la cyberdéfense, un domaine dans lequel l'Estonie a de l'expérience, avait indiqué Mme Amherd après son entretien avec son homologue estonien.
La Suisse veut aussi évaluer dans quelle mesure elle peut participer à des exercices communs, indique encore M. Mäder. Depuis 2020, la Confédération prend notamment part aux activités du Centre d'excellence de cyberdéfense coopérative de l'OTAN à Tallin.
Ce dernier organise chaque année l'exerce défensif Lock Shields, qui simule un cyber-incident massif. L'édition 2024 aura lieu en avril. Vingt Suisses y prendront part à distance depuis Andermatt (UR). Ils formeront une équipe avec les Etats-Unis et l'Autriche, a indiqué Reto Senn, attaché de défense pour la Suède, la Finlande, la Norvège et l'Estonie, à Keystone-ATS lors de la visite du centre par la délégation suisse.
Gels des avoirs russes
La présidente de la Confédération a également abordé la question des avoirs russes gelés et la possibilité de les utiliser pour reconstruire l'Ukraine. Une telle législation est sur les rails en Estonie. Selon la Valaisanne, les différents interlocuteurs s'accordent à dire qu'il est important de trouver une solution internationale, qui soit praticable pour tous les pays.
Interrogée sur la compatibilité d'une telle loi avec la neutralité suisse, la ministre a répondu que «cela dépendait du mécanisme». Pour l'instant, Berne va suivre ce qui se passe au niveau international. En Suisse, quelque 7,5 milliards de francs ont été gelés dans le cadre des sanctions, selon les chiffres du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).
Au niveau politique, le Conseil national approuve l'utilisation des avoirs russes gelés pour reconstruire l'Ukraine, tout comme le Conseil fédéral. La commission compétente du Conseil des Etats est, elle, opposée à un tel projet. Le dossier sera probablement débattu par les sénateurs à la session de printemps.