Environnement Décès de l'écologiste Franz Weber

ATS

4.4.2019 - 17:35

Franz Weber est décédé mardi à l'âge de 91 ans. L'infatigable défenseur de l'environnement avait protégé les vignes de Lavaux, gagné l'initiative sur les résidences secondaires et lutté contre la chasse aux bébés phoques en compagnie de Brigitte Bardot.

Ces dernières années, le Vaudois d'origine bâloise avait perdu la mémoire et vivait dans un foyer pour personnes âgées. Il s'est éteint dans la soirée du 2 avril à Berne, a annoncé jeudi sa fondation. «Le grand lion a rejoint les étoiles», écrit-elle.

Durant plus de 50 ans, le militant a multiplié les combats en faveur de la nature, des animaux et du patrimoine. «Mon père était un grand homme. Il était impressionnant de combativité et de sincérité, et il était animé d'un fort sentiment de justice», a déclaré sa fille Vera Weber, à Keystone-ATS. «Il n'avait jamais peur de rien. Il m'a appris à ne pas avoir froid aux yeux».

Tout a commencé en 1965. De passage en Engadine, il est choqué par un projet de spéculation immobilière à Surlej, au bord du lac de Silvaplana. Il se met en tête de le sauver et découvre sa vocation.

Plus de 150 combats

Franz Weber a mené plus de 150 combats à travers la planète, a calculé sa fondation. Certains l'ont fait connaître à l'étranger, comme sa lutte pour le site antique de Delphes ou contre la chasse aux phoques au côté de Brigitte Bardot. Sur les réseaux sociaux, la Fondation Brigitte Bardot a partagé son «immense tristesse».

L'homme, adulé ou détesté, a su médiatiser ses engagements. Il a agacé et dérangé. Sa connaissance des médias n'est pas due au hasard. Après la Deuxième Guerre Mondiale, il a gagné sa vie comme correspondant à Paris.

Cette figure emblématique a lutté pour la beauté du paysage et la poésie de la nature. Qu'il s'agisse des bébés phoques, des taureaux et de la corrida, des Baux de Provence, de la bretelle de la Peraudettaz près de Lausanne ou du val d'Anniviers, ces combats relèvent moins de l'écologie que d'un duel contre la bêtise qui détruit ou avilit, expliquait-il.

Lavaux protégé

Sans lui, le site de Lavaux n'aurait probablement jamais été inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Afin de protéger le vignoble vaudois, le montreusien a lancé trois initiatives populaires. Les deux premières ont été acceptées en 1977 et 2005.

Mais en 2014, sa troisième initiative est rejetée en votation populaire. Déjà affaibli, il s'était tenu en retrait durant la campagne. En complet beige, d'une élégance quelque peu surannée, il avait tenu à commenter les résultats, soutenu par sa femme Judith. «C'est le plus beau vignoble d'Europe et c'est l'un des combats de ma vie», disait-il alors.

Résidences secondaires

L'adoption de l'initiative populaire visant à limiter les résidences secondaires en 2012 fait partie des grandes victoires de la fondation Franz Weber. «Je me rappelle très bien de ce 11 mars 2012. Franz Weber n'arrivait pas à croire qu'il avait gagné. Il lui a fallu attendre le téléjournal pour vraiment réaliser», raconte l'avocat Pierre Chiffelle.

Franz Weber «s'est toujours battu avec panache et détermination», ajoute l'ancien conseiller d'Etat vaudois. «Il a été un précurseur. Il s'est battu pour ses convictions à une époque où les questions écologiques n'allaient pas de soi. Le temps lui a donné raison».

Relève et hommage

Sa fille Vera Weber assure la relève depuis plusieurs années. Elle a dirigé la campagne de l'initiative sur les résidences secondaires et, depuis 2014, elle dirige la fondation Franz Weber.

Pour honorer la mémoire de Franz Weber, une cérémonie publique en son honneur aura lieu au début de l'été au Grand hôtel de Giessbach, à Brienz. Cet hôtel qu'il avait sauvé de la démolition «pour en faire un fleuron de l'hôtellerie suisse», rappelle sa fille.

L'hommage de sa fille Vera:

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