Dossier électronique du patientLa plateforme romande tire un premier bilan
gsi, ats
5.5.2022 - 14:03
Le dossier électronique du patient (DEP) se fait gentiment une place. La principale communauté du pays CARA, qui regroupe les cantons de Fribourg, Genève, Jura, Valais et Vaud, recense environ 7500 utilisateurs après une année d'existence.
gsi, ats
05.05.2022, 14:03
05.05.2022, 14:12
ATS
«Cela peut sembler peu dans l'absolu, mais une dynamique a bel et bien été enclenchée», a affirmé Jacques Gerber, le ministre jurassien de la santé et président de l'association CARA, jeudi devant la presse au Biopôle d'Epalinges (VD). Du côté des professionnels de la santé, plus de 900 institutions (cabinets médicaux, hôpitaux, EMS, etc) ont déjà rejoint cette plateforme.
CARA, qui fait partie des sept fournisseurs de DEP certifiés, représente actuellement près de 90% des dossiers ouverts dans toute la Suisse. L'association espère atteindre 20'000 patients d'ici la fin 2022, et beaucoup plus dans les années à venir.
«Cela va prendre quelques années avant que le DEP devienne la norme, mais nous sommes déjà en train de changer d'ère», a indiqué Adrien Bron, directeur général de la santé du canton de Genève et responsable du comité de direction CARA. Différentes campagnes de communication, auprès de la population et des soignants, seront menées ces prochains mois pour vanter les mérites du DEP.
Plus efficace et moins cher
Gratuit et disponible via internet, le dossier électronique permet «d'améliorer la coordination et la continuité des soins», a relevé Claudine Mathieu Thiébaud, cheffe de la santé publique fribourgeoise. «Ce système évite d'avoir des petits bouts de dossiers partout», a-t-elle dit, prenant l'exemple d'une patiente qui serait suivie par différents médecins.
«Le DEP ne remplace pas seulement les dossiers physiques, il est un véritable outil de santé publique», a renchéri Mauro Poggia, le ministre genevois de la santé. Outre une meilleure prise en charge des patients, il doit permettre de faire des économies, en évitant par exemple des actes médicaux redondants ou des surprescriptions de médicaments.
Affirmant que cet outil devait rester «en mains des collectivités publiques», Mauro Poggia a indiqué que les membres de CARA avaient investi 7 millions de francs en 2022 pour assurer son développement, et que 8,7 millions avaient déjà été validés pour l'année prochaine.
Appel à la Confédération
Son homologue vaudoise Rebecca Ruiz a, elle, souligné que les cantons ne devaient «pas être les seuls à porter ce projet», appelant la Confédération à en assurer le pilotage et en partager les coûts. La ministre a rappelé que le Conseil fédéral était justement en train de préparer un projet de consultation, visant à modifier la loi sur le dossier électronique du patient.
Cette révision de loi doit aussi clarifier le caractère facultatif de la participation des patients. L'introduction d'un modèle «opt-out» (où il faut activement refuser de participer) pourrait aussi être envisagée.
«Haut niveau de sécurité»
Les intervenants présents jeudi à Epalinges ont aussi insisté sur le volet sécuritaire. Les données du DEP sont cryptées et hébergées en Suisse sur des serveurs décentralisés. Elles sont accessibles uniquement aux personnes autorisées par les patients. «Ni l'Etat ni les assureurs n'y ont par exemple accès», a expliqué le chef du service de la santé publique valaisanne, Victor Fournier.
Le DEP est aussi protégé par un moyen d'identification électronique certifié (SwissID, GenèveID ou encore VaudID-santé). «Cela donne une certaine lourdeur lorsque l'on veut ouvrir son dossier, mais c'est le prix à payer pour avoir la meilleure sécurité», a poursuivi M. Fournier.
«La sécurité absolue n'existe pas. Mais avec CARA, nous bénéficions du plus haut niveau de sécurité qu'il est possible d'avoir aujourd'hui», a assuré Jacques Gerber.
Outre CARA, six autres communautés ont été jusqu'ici certifiées pour fournir un DEP, dont la solution neuchâteloise (Mon Dossier Santé), seul canton romand absent de CARA.
Cette multiplication des plateformes est due au fédéralisme, même si la révision de loi fédérale pourrait déboucher, à terme, sur l'instauration d'une plateforme commune à toute la Suisse, a estimé Jacques Gerber.