Genève Des associations dénoncent «une chasse aux sans-papiers»

fasc, ats

7.2.2021 - 17:06

Silvana Mastromatteo, gauche, de La caravane sans frontières, Alessandro de Filippo, droite, coordinateur du Collectif de soutien aux sans-papiers, ont dénoncé lors d'une conférence de presse la multiplication de contrôles d'identité et d'arrestations à Genève.
Silvana Mastromatteo, gauche, de La caravane sans frontières, Alessandro de Filippo, droite, coordinateur du Collectif de soutien aux sans-papiers, ont dénoncé lors d'une conférence de presse la multiplication de contrôles d'identité et d'arrestations à Genève.
ATS

Le Collectif de soutien aux sans-papiers de Genève a dénoncé des contrôles d'identité «massifs» et «systématiques» de la part des gardes-frontières ces dernières semaines. Les associations demandent aux autorités cantonales de réagir.

«Nous constatons une recrudescence de contrôles d'identité. Des dizaines par jour», a dénoncé Alessandro de Filippo, coordinateur du collectif, au cours d'une conférence de presse dimanche matin. «Les personnes sans statut légal ont peur de sortir de chez elles», a-t-il lancé.

Selon les associations rassemblées au sein du collectif, des contrôles d'identité sont effectués dans les transports publics genevois et certaines lignes de train entre Genève et Lausanne. A la suite des contrôles, certaines personnes ont reçu des décisions d'interdiction d'entrée du territoire et «risquent une décision de renvoi».

Distribution alimentaire

Les personnes sans statut légal craignent d'aller travailler, de sortir chercher leurs enfants à l'école ou encore de se rendre sur les lieux de distribution alimentaire, ont souligné les associations.

Samedi matin, l'association d'aide Caravane sans frontières a publié sur les réseaux sociaux que des contrôles d'identité aux alentours du point de distribution des Colis du Coeur étaient effectués à Thônex (GE) et conseillait de ne pas s'y rendre.

«Ce sont des personnes qui travaillent et non des criminels. On ne doit pas criminaliser des travailleurs», a lancé Silvana Mastromatteo, fondatrice de La caravane sans frontières.

«Un retour en arrière»

«C'est un retour en arrière. On s'attaque à des travailleurs dans des conditions extrêmement précaires, en pleine pandémie», a ajouté Davide de Filippo, du Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs. «Cela va à l'encontre de la décennie de politique ouverte du canton de Genève. Il en va de la crédibilité du canton», a-t-il souligné.

Les associations prévoient d'interpeller le Conseil d'Etat genevois afin qu'il prenne position face à une «vague de contrôles d'une ampleur inédite». Elles lui demandent de réagir auprès des autorités fédérales, dont dépendent les gardes-frontières, «afin de faire cesser immédiatement ces opérations de contrôles et d’arrestations».

Pas d'action ciblée, selon l'AFD

Contactée par Keystone-ATS, l’Administration fédérale des douanes (AFD) se défend de toute opération ciblée.

«La Douane ouest ne mène actuellement aucune action de contrôle ciblant les sans-papiers ou plus largement les personnes séjournant illégalement sur le territoire genevois», répond Caroline Wälti, chargée de communication au sein de l'AFD. Et d'ajouter que de tels contrôles n’ont jamais fait l’objet d’une priorité.

«La densité des contrôles correspond aux enjeux actuels, en particulier à la situation Covid-19», souligne Mme Wälti. Au total, plus d’une centaine de collaborateurs renforcent la surveillance de la frontière genevoise, apprend-on.

«Ces ressources sont prioritairement engagées dans la lutte contre la contrebande de marchandises, ainsi que la lutte contre la criminalité transfrontalière», précise-t-elle. En raison de «tactique d’engagement», l'AFD refuse de livrer des renseignements quant aux lieux et au nombre de contrôles effectués par les gardes-frontières.

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