Genève Des dizaines de radeaux face à la chaleur

Des dizaines de radeaux ont descendu le Rhône à Genève alors que la chaleur pesait sur la ville. Samedi après-midi, les centaines de participants ont rivalisé à bord de leurs embarcations, sous le regard de badauds amusés.

«On va y aller!». Vers 14h45, 45 minutes plus tard que prévu mais sous les clameurs, le premier navire d'un jour se jette à l'eau pour cette habituelle Course des radeaux organisée par les milieux altermondialistes genevois. L'optimisme pour arriver jusqu'au Lignon n'est pas de mise pour tous, parmi les participants venus aussi d'autres régions de Suisse ou de France voisine. «Il y a des infiltrations d'eau par là», dit une passagère.

Plus de peur que de mal toutefois. Une heure plus tard, les occupants d'un des derniers radeaux à s'élancer ne pourront pas en dire autant. La dizaine de jeunes, après avoir tangué à plusieurs reprises, se retrouvent dans l'eau quelques mètres seulement après le départ. La seconde tentative sera la bonne pour eux.

Il faut dire que certains avaient passé auparavant des heures sur le quai à préparer leur embarcation. Perceuses, scies, pompes pour gonfler les pneumatiques, tout y est passé.

Les responsables de l'un des plus grands navires étaient inquiets après l'avoir déplacé d'une dizaine de mètres. Ils étaient plusieurs à s'affairer pour résorber des brèches de dernière minute. Leur assiduité sera récompensée, la vingtaine de rameurs de l'embarcation au total se déplaçant ensuite sans encombres.

Toilettes en grill

«C'est énorme. Tu imagines le boulot?», dit une femme à son mari. Des dizaines de badauds s'extasiaient aussi devant ces marins d'un jour. Notamment pour le radeau surmonté de toilettes changées en grill, premier à l'applaudimètre. «Une petite grillade», avait promis son chef. Il ne faudra que quelques encablures avant que les premières flammes ne jaillissent en attendant la nourriture.

Le radeau «tennis de table» figure aussi parmi les plus couronnés de succès. D'autres ont préféré du gazon, des vélos ou une partie de voiture comme pour leur navire. «On dirait une maison», affirme une jeune femme après avoir vu un immense matelas gonflable.

Des embarcations volumineuses qui ont rendu plus difficile la tâche des habitués du Rhône, luttant parfois à la limite des tensions pour se frayer un accès jusqu'à l'eau. Les dizaines de radeaux improvisés ont dû accepter de patienter au milieu de cet embouteillage.

Et certains sont venus avec un message politique, appelant la société à aller elle «moins vite». Une banderole sur le pont qui surplombe la jetée demandait justice pour le Zurichois tué par les forces de l'ordre l'année dernière à Morges (VD) après avoir menacé des fonctionnaires avec un couteau, s'en prenant à la police. Ces appels ont contrasté toutefois avec l'approche amusée de la plupart des participants.