EnvironnementDes tonnes de plastique dans l'environnement
ATS
14.5.2020 - 17:19
Près de 14'000 tonnes de matières plastiques sont rejetées chaque année dans les sols et les eaux suisses. La plus grande partie provient de l'abrasion des pneus et du littering. C'est ce qui ressort d'une vue d'ensemble publiée jeudi par l'OFEV.
Les matières plastiques sont partout, dans tous les domaines de la vie quotidienne. Au vu des préoccupations que l'élimination de ces matières suscite au Parlement et compte tenu des effets potentiels sur la santé humaine et animale, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a élaboré une vue d'ensemble des flux de matières plastiques.
Environ un million de tonnes de matières plastiques servent chaque année en Suisse à fabriquer aussi bien des produits destinés à un usage unique, comme des emballages ou de la vaisselle, que des objets à durée de vie plus longue, comme des cadres de fenêtre ou des pièces de carrosserie. 780’000 tonnes sont éliminées durant le même laps de temps.
Rétention insuffisante
Jusqu'à aujourd'hui, il existait une grande incertitude quant à la quantité de macro- ou microplastiques qui sont rejetés dans l'environnement. En Suisse, la gestion des déchets urbains et des eaux usées contribue certes de manière importante à ce que les matières plastiques ne soient pas rejetées dans l’environnement
Cependant, une partie passe dans la nature. Les STEP ne peuvent en effet pas retenir complètement les microplastiques. Et dans les sols, les plastiques abandonnés mettent plusieurs centaines d'années pour se dégrader. Se fondant sur une étude du bureau Ernst Basler + Partner, l'OFEV évalue cette quantité à près de 14'000 tonnes chaque année.
Pneus et littering
Dans le détail, l'abrasion des pneus arrive en tête avec environ 8000 tonnes qui se perdent dans les eaux et les sols. Environ 900 tonnes dues notamment au nettoyage des routes s'y ajoutent.
Le littering totalise lui 2700 tonnes. Ces plastiques abandonnés dans la nature se désintègrent lentement en microplastiques et finissent dans le sol et les eaux.
Environ 1000 tonnes proviennent de l'agriculture et 800 tonnes de l'élimination inappropriée de déchets plastiques avec les résidus biodégradables dans les composts.
Greenpeace appelle à l'action
Greenpeace Suisse appelle à une action rapide et décisive : une législation efficace au niveau fédéral est nécessaire pour réduire l'immense pollution environnementale causée par les micro- et macroplastiques. La Confédération ne peut s’appuyer uniquement sur des accords volontaires de l'industrie.
L'expérience montre que de tels accords ne sont conclus que sous une forte pression politique. Comme dans l'Union européenne, la responsabilité élargie des producteurs devrait également s'appliquer ici: en tant que fabricants, les entreprises et les détaillants tels que Coop et Migros doivent veiller à ce que plus aucun déchet plastique ne termine dans l'environnement et n'y cause de dommages.
L'industrie de l'emballage représente à elle seule environ 40% de l’utilisation de plastique. Il est clair que les entreprises doivent s’orienter vers les emballages réutilisables.
Terrains de sport ou textiles
L'étude énumère quant à elle encore une foule de sources possibles de plastiques dans l'environnement, comme l'usure des revêtements de terrains de sport, le lavage de textiles synthétiques ou l'apport des cosmétiques.
Ces valeurs sont tirées de modélisations et d'extrapolations. Elles ne tiennent pas toutes compte des mesures de nettoyage et des mécanismes de rétention existant en Suisse, ce qui explique que certaines d'entre elles soient surestimées, explique l'OFEV. L'office nuance donc certains de ces résultats.
Effets sur la santé mal compris
Dans l'ensemble, le flux des matières plastiques indique que les apports dans les sols sont beaucoup plus élevés (près de 12'000 tonnes par an) que dans les eaux de surface (près de 2000 tonnes par an). Pour l'OFEV, il est donc nécessaire d’accorder une plus grande attention aux sols.
Comme les matières plastiques s’accumulent dans l’environnement, cette pollution doit être réduite autant que possible en vertu du principe de précaution, ajoute l'OFEV. En outre, il est impératif de mieux comprendre les effets à long terme de cette pollution sur les organismes vivants et les êtres humains.
Information grand public
Avec le concours des branches concernées, l'OFEV proposera dans une seconde étape des mesures de réduction de cette pollution. Pour ce faire, il suivra les travaux menés dans l’Union européenne sur la question. Il recommande également de renforcer la prévention et de développer des produits qui soient davantage réutilisables.
L’OFEV a résumé les principales connaissances sur les matières plastiques dans dix fiches d’information. Une nouvelle page Internet fournit également des renseignements au grand public. (www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/dechets)
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