Aide au développementEfforts à faire dans l'aide au développement
ATS
5.4.2019 - 12:42
La Suisse est un partenaire solide et fiable du développement, salue l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Mais elle devrait dépenser un tout petit plus et faire des efforts de communication afin d'accroître le soutien du public.
Le bilan du nouvel examen par les pairs réalisé tous les cinq ans par le Comité d'aide au développement de l'OCDE est réjouissant. La Suisse est «toute proche du sommet», a salué vendredi devant la presse la présidente Susanna Moorehead. Et de citer comme atouts son expertise, sa flexibilité, sa très grande capacité d'innovation, sa tradition humanitaire et sa fidélité au multilatéralisme.
Une série de recommandations doivent aider la Confédération à bâtir sur ses acquis. La Suisse devrait notamment tenir son engagement à consacrer 0,5% de son revenu national brut à l'aide publique au développement. Elle y est parvenue entre 2014 et 2016, mais le budget annexé au message 2017-2020 ne prévoit d'atteindre que 0,48%.
En 2018, le niveau est tombé à 0,45%. Même si cela s'explique par un recul de frais d'asile inclus dans l'enveloppe, «c'est un fait que le but fixé par le Parlement en 2011 n'est pas atteint», a reconnu Manuel Sager, chef de la Direction du développement et de la coopération (DDC).
Neutralité en jeu
Le comité s'inquiète des pressions sur l'aide publique au développement visant à limiter les migrations irrégulières. Un programme visant d'abord à prévenir l'immigration plutôt qu'à promouvoir le développement durable du pays partenaire pourrait créer un risque pour la réputation de la Suisse et compromettre sa neutralité. Il faut des garde-fous en faveur des objectifs de long terme.
Pour M. Sager, le problème peut être résolu en pratique, les activités d'aide ont de toute façon un impact sur la migration. Mais pour que la Suisse reste un partenaire fiable, elle doit éviter d'adapter ses activités en fonction de l'impact sur la migration, a ajouté Raymund Furrer, chef de la coopération et du développement économiques au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Vendre mieux
Le Conseil fédéral a posé en novembre les jalons du message sur la coopération internationale 2021-2024. Il souhaite réduire le nombre de pays prioritaires de 54 à 34 et cibler quatre régions prioritaires: l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l'Afrique subsaharienne, l'Asie centrale, du sud et du sud-est, ainsi que l'Europe de l'est, sans les membres de l'UE.
Le comité salue le recentrage du programme d'aide. Il appelle désormais à étayer dans le message l'avantage apporté par la Suisse, à expliciter la logique régionale suivie et à dire comment il veut la concrétiser pour renforcer son impact.
Le recentrage ne signifie pas que le pays se retirera de l'Amérique latine. Il restera présent via l'aide humanitaire ou le multilatéralisme notamment, ont tenu à préciser MM. Sager et Furrer. Le Pérou et la Colombie resteront en outre deux pays prioritaires du SECO.
Analyser mieux
La Suisse est par ailleurs invitée à analyser de manière plus poussée l'impact de ses politiques nationales sur les pays en développement. D'éventuelles incohérences devraient être mises en évidence et débattues au sein du gouvernement mais aussi dans le grand public.
Les experts recommandent encore à Berne d'intégrer davantage l'égalité des genres et la gouvernance dans ses interventions. Le nombre limité de projets visant à limiter les changements structurels dans ces domaines nuit aux efforts pour favoriser un changement en profondeur.
La Suisse s'est dotée de solides mécanismes en vue de garantir la qualité de l'aide. Mais la multiplication des informations à livrer pour rendre des comptes réduit le temps des responsables de programme pour améliorer les projets. Les experts conseillent de recueillir davantage de données servant à déterminer si le programme atteint les plus vulnérables.
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