BirmanieEtats-Unis, UE, G7: les pressions contre la junte birmane s'accumulent
ATS
23.2.2021 - 12:27
La junte responsable du coup d'Etat en Birmanie était plus que jamais sous pression mardi avec une condamnation du G7. Cela au lendemain de l'adoption par les Etats-Unis et l'UE de nouvelles sanctions et de manifestations parmi les plus massives depuis le putsch.
Depuis trois semaines, les autorités birmanes n'ont pas cessé d'intensifier le recours à la force afin d'affaiblir la mobilisation pro-démocratie. Jusqu'à présent, trois manifestants ont été tués, alors qu'un homme qui patrouillait pour éviter des arrestations massives dans son quartier, à Rangoun, a été abattu.
«L'utilisation de balles réelles contre des personnes non armées est inacceptable», ont déclaré mardi dans un communiqué les ministres des Affaires étrangères du G7, les sept plus grandes puissances de la planète, également signé par l'Union européenne.
«Quiconque répond à des manifestations pacifiques par la violence doit être tenu responsable», ont-ils déclaré, appelant les forces de sécurité birmanes à «respecter les droits humains et le droit international».
Dirigeants sous sanctions
Dans la nuit de lundi à mardi, les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions contre deux autres dirigeants de la junte militaire birmane qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, le général Maung Maung Kyaw, à la tête de l'armée de l'air, et le lieutenant-général Moe Myint Tun.
Une salve de mesures similaires avait déjà été annoncées par Washington il y a dix jours, visant plusieurs dirigeants de la junte, dont son chef, le général Min Aung Hlaing.
«Nous n'hésiterons pas à prendre de nouvelles mesures contre ceux qui commettent des actes de violence et répriment la volonté du peuple», a prévenu le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Cette annonce est intervenue quelques heures après la décision de l'UE de prendre des sanctions contre les intérêts économiques et financiers des militaires responsables du coup d'Etat. «Toute aide financière directe (...) aux programmes de réforme du gouvernement est suspendue», a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Balles réelles
Ces sanctions interviennent après que l'armée birmane a eu recours aux balles en caoutchouc, au gaz lacrymogène, aux canons à eau et même parfois aux tirs à balles réelles contre les manifestants.
Elle a également déployé d'avantages de forces de sécurité dans les rue de Rangoun, capitale économique du pays. Pour empêcher les manifestants de se rassembler, des barricades ont été installées.
Des coupures nocturnes d'internet, ordonnées par la junte, font craindre que les autorités n'en profitent pour procéder à des arrestations massives de militants pro-démocratie. Mardi, les manifestations se sont poursuivies, même si Rangoun a connu une moindre mobilisation que les jours précédents.
Voir «le dictateur détrôné»
Dans la ville de Myitkyina, dans l'Etat de Kachin (Nord) – où des violences ont éclaté au cours du week-end – des manifestants ont traversé la ville à moto en agitant le drapeau birman et en saluant à trois doigts, un symbole de résistance.
A Mandalay, deuxième ville du pays, une foule recueillie a participé aux funérailles de Thet Naing Win, un homme de 37 ans abattu samedi lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une foule de manifestants.
«Je demande à tous d'aider à faire en sorte que le cas de mon mari soit jugé avec justice», a déclaré sa veuve Thidar Hnin, ajoutant qu'elle souhaitait voir «le dictateur détrôné».
Centaines d'arrestations
Les appels à cesser de travailler ont fortement perturbé les activités du gouvernement, des entreprises et des banques. Le pouvoir avait brandi dimanche la menace de recourir à la force létale pour en finir avec «l'anarchie».
Depuis le putsch, plus de 680 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées d'après une ONG d'assistance aux prisonniers politiques. Presque toutes sont toujours derrière les barreaux.
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