Venezuela Extradition d'un proche de Maduro vers les USA, ire de Caracas

ATS

17.10.2021 - 03:16

Un poster demandant la libération d'Alex Saab dans les rues de Caracas. Ce dernier a été extradé samedi du Cap-Vert vers les Etats-Unis.
Un poster demandant la libération d'Alex Saab dans les rues de Caracas. Ce dernier a été extradé samedi du Cap-Vert vers les Etats-Unis.
ATS

Alex Saab, un homme d'affaires proche du président vénézuélien Nicolas Maduro et accusé de blanchiment a été extradé samedi du Cap-Vert vers les Etats-Unis. Cela a déclenché la colère de Caracas, qui a suspendu sa participation au dialogue avec l'opposition.

Considéré comme un important intermédiaire du pouvoir vénézuélien, Alex Saab «est dans l'avion en route vers les Etats-Unis», a indiqué une source au sein de son équipe juridique.

Il est censé «faire sa première audition judiciaire lundi 18 octobre» devant un tribunal de Floride, a précisé le ministère américain de la Justice dans un communiqué, confirmant cette extradition.

L'homme d'affaires colombien, 49 ans, et son partenaire Alvaro Pulido sont accusés aux Etats-Unis d'être à la tête d'un vaste réseau ayant permis au dirigeant socialiste Nicolas Maduro et à son régime de détourner à leur profit de l'aide alimentaire à destination du Venezuela.

Ils sont soupçonnés d'avoir transféré quelque 350 millions de dollars (environ 322 millions de francs) du Venezuela vers des comptes qu'ils contrôlaient aux Etats-Unis et dans d'autres pays.

Arrêté au Cap-Vert

Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison. Alex Saab, qui a également la nationalité vénézuélienne et un passeport diplomatique vénézuélien, a été inculpé en juillet 2019 à Miami pour blanchiment d'argent, et a été arrêté lors d'une escale d'avion au Cap-Vert, au large de l'Afrique de l'Ouest, en juin 2020.

L'extradition de Saab par le Cap-Vert, qui avait accepté de l'arrêter, semblait inéluctable après une énième décision de justice le 7 septembre et plus de deux ans de procédure.

«Nous avons été informés qu'Alex Saab avait été embarqué dans un avion du département de la Justice des Etats-Unis et envoyé dans ce pays», a déclaré Jose Manuel Pinto Monteiro, un de ses avocats au Cap-Vert. «L'extradition est illégale car la procédure n'était pas encore définitive. L'extradition a donc été convenue entre le ministère de la Justice du Cap-Vert, la Cour constitutionnelle et l'ambassade des Etats-Unis en dehors de la loi», a estimé Me Pinto Monteiro.

Négociations suspendues

L'extradition a déclenché l'ire de Caracas. «Notre délégation annonce qu'elle suspend sa participation à la table des négociations et du dialogue. Nous n'assisterons pas au (quatrième) round qui devait commencer le 17 octobre à Mexico, en protestation à la brutale agression (...) contre Alex Saab», selon le texte lu à la télévision par le président du Parlement Jorge Rodriguez, chef de la délégation du pouvoir.

M. Saab avait été désigné comme membre de la délégation du pouvoir pour le précédent tour en septembre. Les membres de cette délégation avaient brandi des photos de lui à Mexico.

Pouvoir et opposition ont entamé des négociations depuis le mois d'août pour tenter de sortir le pays de l'ornière. D'un côté, le pouvoir veut une suppression des sanctions imposées par les pays qui ne reconnaissent pas l'élection du président Maduro. De l'autre, l'opposition veut obtenir des élections libres et transparentes en vue du scrutin régional du 21 novembre, mais surtout de la présidentielle de 2024.

Les principaux partis d'opposition ont rompu avec leur stratégie de boycott des dernières années (présidentielle 2018 et législatives 2020).