Chute libre Face à des résultats en chute libre, Swiss évalue ses options

4.3.2021

La compagnie aérienne Swiss a essuyé une lourde perte l'année dernière, la première en 15 ans, conséquence du quasi-arrêt du trafic aérien mondial en raison de la crise pandémique. Pour faire face à l'effondrement de la demande, l'entreprise examine une série de mesures, notamment un redimensionnement de sa flotte.

Pour faire face à l'effondrement de la demande, l'entreprise examine une série de mesures, notamment un redimensionnement de sa flotte. (archives).
Pour faire face à l'effondrement de la demande, l'entreprise examine une série de mesures, notamment un redimensionnement de sa flotte. (archives).
KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

"La pandémie de coronavirus et les restrictions de voyage qu'elle a entraînées nous ont mis à rude épreuve. La crise nous a (...) frappé beaucoup plus durement que d'autres secteurs en raison de la forte proportion de coûts fixes", a souligné jeudi le nouveau directeur général Dieter Vranckx, qui a pris ses fonctions en début d'année.

Le successeur de Thomas Klühr a rappelé que le secteur aérien faisait face à sa plus grave crise. L'année dernière, le trafic mondial de passagers s'est écroulé de 66% et quelque 17'000 avions avaient été momentanément cloués au sol. Chez Swiss, 90% de la flotte avait été mise à l'arrêt au plus fort de la pandémie de Covid-19.

Conséquence de cette situation hors normes, le transporteur national a subi en 2020 une perte opérationnelle de 654 millions de francs, après un bénéfice opérationnel de 578 millions en 2019. Le chiffre d'affaires a suivi la même trajectoire, plongeant l'année dernière de 65,2% à 1,85 milliard. Le nombre de passagers transportés a quant à lui chuté de 74,5% comparé à 2019, à 4,79 millions de personnes.

Swiss a également dû procéder au remboursement de ses clients, répondant à 1,5 million de demandes et déboursant 800 millions de francs.

Les perspectives immédiates ne sont guère meilleures. Avec l'arrivée de la deuxième vague et des variants du virus, la situation s'est de nouveau "fortement" dégradée en début d'année, a averti M. Vranckx. Raison pour laquelle Swiss va évaluer un redimensionnement de sa flotte. Mais aucune décision n'a encore été prise à ce sujet.

Pour faire face à cette situation, la compagnie aérienne a pris de nombreuses mesures pour réduire ses coûts et préserver ses liquidités. Elle a notamment instauré le chômage partiel, en vigueur au moins jusqu'à fin août, et suspendu les investissements non essentiels.

Deux millions de pertes par jour

La filiale de Lufthansa va néanmoins continuer à investir dans le renouvellement de sa flotte avec l'arrivée programmée dans les prochaines années de 25 appareils de la familles A320neo, une version modernisée de ce moyen-courrier d'Airbus. Swiss va par ailleurs procéder à partir de 2025 au renouvellement de ses long-courriers.

Swiss, qui a obtenu un crédit de 1,5 milliard de francs garanti par la Confédération, dispose de suffisamment de liquidités pour tenir au-delà de 2021, a assuré le directeur financier Markus Binkert. Mais la société n'engrange pas suffisamment de recettes pour couvrir ses coûts et perd environ 2 millions de francs par jour.

"Les liquidités sont assurées au-delà de la fin 2021" et la société dispose encore d'environ 1 milliard de francs de trésorerie, a assuré M. Binkert, ajoutant que l'activité estivale allait être primordiale pour la suite de l'année.

Au niveau de l'emploi, l'entreprise a confirmé la suppression de 1000 postes à temps plein. Environ 500 ont déjà été supprimés l'année dernière et le reste le sera cette année, a précisé le directeur général.

La direction n'anticipe pas une reprise avant l'été et compte revenir au troisième trimestre à environ 65% de ses capacités d'avant-crise.