«Crise profonde»Fondation Urgences Santé: l'Etat de Vaud décide d'agir
sj, ats
9.2.2022 - 15:10
Face à une crise de plus en plus aiguë au sein de la Fondation Urgences Santé (FUS) à Lausanne, qui gère notamment les appels au 144, le Conseil d'Etat vaudois a décidé mercredi d'intervenir. Il a mandaté un haut fonctionnaire pour établir un premier diagnostic.
Keystone-SDA, sj, ats
09.02.2022, 15:10
09.02.2022, 15:40
ATS
La Fondation Urgence Santé gère la centrale d'appels d'urgences sanitaires pour les cantons de Vaud et Neuchâtel, ainsi que la centrale téléphonique des médecins de garde (CTMG). Depuis le début 2021, des employés se plaignent de problèmes de gestion et de manque de personnel. Autre grief: une gouvernance jugée opaque.
Après un premier courrier anonyme, un second courrier, signé, avait été adressé en août à la cheffe du Département de la santé et de l'action sociale (DSAS) Rebecca Ruiz, avec l'appui du syndicat SSP Vaud. Pour y voir plus clair, le Conseil de fondation a lancé l'automne dernier un audit sur le fonctionnement de la FUS et les conditions de travail. Mme Ruiz a décidé de faire de même, mais axé plus sur la gouvernance générale de la Fondation.
L'affaire avait même rebondi au Grand Conseil en novembre dernier. Un député UDC s'était fait le relais des critiques et avait déposé une interpellation, décrivant une «situation alarmante». La FUS est une fondation de droit privé dotée d'un Conseil de fondation avec laquelle l'Etat passe un contrat de prestation annuel.
Trois audits déjà avec celui de 2018
La FUS a déjà fait l'objet d'un premier audit en 2018, qui avait amené un certain nombre de correctifs. Selon une partie des employés, la situation ne s'est pas améliorée depuis. Elle a même empiré en 2021 et s'est encore détériorée depuis le début de l'année.
Le canton confirme mercredi une «dégradation de l'ambiance de travail signalée le 8 février», avec notamment la démission de deux cadres. Le syndicat SSP Vaud ainsi que trois partis bourgeois (PLR, UDC et Centre) avaient alerté en matinée que la crise s'aggravait, évoquant la démission du directeur de la centrale 144.
C'est pourquoi le Conseil d'Etat a décidé d'agir et de mandater le chef de l'Etat-major cantonal de conduite (EMCC), Denis Froidevaux, très en vue durant la pandémie. Sa mission première: établir rapidement un diagnostic permettant de stabiliser et d'assurer le bon fonctionnement de la FUS ainsi que de restaurer un climat de travail apaisé, a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
Des propositions de réorganisation de la FUS, en concertation avec son Conseil de fondation, seront faites au Conseil d'Etat par le chef de l'EMCC. Elles seront adressées Mme Ruiz, Béatrice Métraux et le président du conseil de fondation de la FUS.
Mission et sécurité assurées
Les autorités vaudoises tiennent à souligner qu'à «aucun moment les prestations délivrées par la FUS à la population en matière d'urgence et de santé publique n'ont été touchées par ces dysfonctionnements managériaux. Sur le plan opérationnel, la réponse aux besoins de la population est et continuera d'être assurée».
Dans un communiqué conjoint publié plus tôt, les sections vaudoises du PLR, de l'UDC et du Centre appelaient le Conseil d'Etat à prendre des mesures adéquates. Elles se disent inquiètes d'une FUS qui semble avoir fini «par imploser», avec «des démissions en cascade, un personnel surmené et de nombreux arrêts maladies».
«Malgré le fait que la FUS soit une fondation de droit privé, il est de la responsabilité du Conseil d'Etat de s'assurer que le service à la population soit garanti, ce qui ne semble être absolument plus le cas dans ces conditions», écrivent les trois partis bourgeois.
Changements de statuts exigés
SSP Vaud, qui a appuyé le personnel du FUS dans ses tentatives d'alerter les pouvoirs publics, s'est aussi montré très inquiet. Le syndicat estime que l'institution traverse une crise «profonde».
Dans un communiqué, il exige le retrait du Conseil de fondation et la mise sous tutelle immédiate de la FUS par l'Etat de Vaud, qui est son principal financeur. Le syndicat souhaiterait aussi des changements de statuts de la FUS, reconnaissant par exemple la mission publique des deux centrales, 144 et CTMG.