La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) a recensé 147 actes antisémites en Suisse romande en 2020, soit une hausse de 41% par rapport à 2019. Et 36% d'entre eux concernent les théories du complot juif en lien avec la pandémie due au Covid-19.
«Avec la crise sanitaire, économique et sociale, nous voyons ressurgir les vieux thèmes de l'antisémitisme par des groupes d'extrême droite», a relevé mardi devant les médias Bruno Lévy, président de la CICAD. La communauté juive est aussi particulièrement visée par les théories complotistes liées au coronavirus, notamment de la part de mouvements anti-vaccins.
La majorité des actes (85%) a eu lieu sur Internet et les réseaux sociaux. La CICAD a recensé davantage de cas en avril, lors de la première vague de la pandémie, et encore plus entre septembre et novembre, en lien avec des mouvements conspirationnistes et des groupes d'extrême droite, à savoir le parti PNS et de l'association française Egalité & Réconciliation, présidée par Alain Soral.
«Manque de fermeté»
Sur les 147 actes recensés en 2020, 141 sont qualifiés de préoccupants, à savoir des propos antisémites divers non ciblés. Trois actes graves et trois actes sérieux ont aussi été enregistrés, contre respectivement six et huit en 2019. Parmi les actes sérieux figure celui d'une enseignante genevoise qui a hurlé «Heil Hitler» et effectué le salut nazi pour faire respecter le calme en classe.
Le fait que des enseignants propagent de telles idées inquiète la CICAD, qui déplore «le manque de fermeté» du Département de l'instruction publique. «Nous demandons, sans succès, depuis trois ou quatre ans qu'une enquête soit menée dans les écoles pour mesurer le taux de pénétration des préjugés, afin de pouvoir adopter une stratégie», a indiqué Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la CICAD.
Toute la société concernée
La coordination recommande que les écoles sensibilisent aux questions de discriminations et introduisent un apprentissage à la vérification des informations diffusées sur les réseaux sociaux, minés par les fake news. Si l'antisémitisme et l'exclusion concernent d'abord une communauté, ils minent l'ensemble de la société, estime Bruno Lévy.
En dernier recours, la CICAD agit en justice en dénonçant les cas. Afin de rendre la norme pénale contre la discrimination plus efficace, elle demande à pouvoir se porter partie civile. Or la modification du code de procédure pénale a supprimé cette possibilité.
Dans leur rapport annuel, la Fédération suisse des communautés israélites et la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme ont enregistré outre-Sarine 47 incidents antisémites, hors Internet. Les organisations constatent, elles aussi, que la pandémie a déclenché des réactions antisémites. Sur l'application Telegram notamment, 143 incidents ont été recensés sur sept chats de groupe.
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