Coronavirus – GE Fragilisation des personnes en difficulté

ATS

22.9.2020 - 18:14

Une étude de l'Université de Genève établit les conséquences de la crise sanitaire pour les populations en situation de précarité au bout du lac. Sans surprise, le semi-confinement a dégradé leurs conditions de vie matérielle, les poussant à obtenir une aide alimentaire aux Vernets (archives).
Une étude de l'Université de Genève établit les conséquences de la crise sanitaire pour les populations en situation de précarité au bout du lac. Sans surprise, le semi-confinement a dégradé leurs conditions de vie matérielle, les poussant à obtenir une aide alimentaire aux Vernets (archives).
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Une étude de l'Université de Genève établit les conséquences de la crise sanitaire pour les populations en situation de précarité au bout du lac. Sans surprise, le semi-confinement a dégradé leurs conditions de vie matérielle.

A la demande de la fondation Colis du coeur, Jean-Michel Bonvin, professeur à la Faculté des sciences de la société, et son équipe ont invité les bénéficiaires de l'aide alimentaire à remplir un questionnaire en ligne du 15 mai au 7 juin. Les chercheurs ont obtenu 223 réponses complètes, ensuite approfondies par des entretiens avec 40 personnes.

Directement liée à l'action de Colis du coeur, la crise a eu un impact sur l'alimentation: 84% des répondants disent avoir craint, au moins une fois, manquer de nourriture. Si 61% des personnes ont dû réduire la quantité de nourriture, 90% ont acheté de la nourriture de moins bonne qualité et moins diversifiée, a indiqué mardi devant les médias le professeur Bonvin.

Epargne insuffisante

La majorité des personnes travaille dans l'économie domestique. A cause du semi-confinement, 24% des personnes ont perdu leur gagne-pain, surtout celles sans permis de séjour ou contrat de travail. Alors que 82% de celles l'ont conservé ont vu leur temps de travail baisser, 84% ont subi une baisse de revenu, indépendamment de leur niveau de formation. A noter que 62% des répondants gagnaient déjà moins de 2000 francs par mois avant la crise.

Ce faible niveau de revenu explique pourquoi 89% des répondants ne disposent pas d'une épargne leur permettant de subvenir à leurs besoins plus de deux mois et 95% disent qu'ils ne pourraient pas faire face à une dépense soudaine de 1500 francs. Près de la moitié (48%) a emprunté de l'argent suite à la crise, dont 23% à des taux d'intérêt de 6% voire plus.

La crise a eu un impact sur le moral de 82% des répondants. Les finances et le travail sont les principales sources d'inquiétude. Près de la moitié (45%) de l'échantillon n'a pas d'assurance-maladie, une proportion qui se monte à 80% pour les personnes sans contrat de travail. Et 27% des répondants ont renoncé à des soins durant la crise.

Mieux informer

Malgré ces situations préoccupantes, les chercheurs constatent que la majorité des personnes n'a pas recours aux aides institutionnelles ou associatives. Le manque d'informations mais aussi la crainte de perdre son permis expliquent pourquoi, selon le professeur Bonvin, qui recommande notamment d'informer et d'encourager l'accès aux droits et prestations sociales.

Un avis partagé par la conseillère administrative de la Ville de Genève Cristina Kitsos, en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité, qui entend mettre en place des stands lors de manifestations. Son homologue le conseiller d'Etat Thierry Apothéloz a relevé le rôle de prévention des communes, tout en dénonçant les politiques visant à faire porter le poids de la faute sur les pauvres.

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