Des personnes «ne disent pas la vérité» Graves reproches de Dick Marty au DFAE et au MPC

lt, ats

28.4.2023 - 21:24

Dick Marty, ancien procureur tessinois et enquêteur spécial du Conseil de l'Europe, adresse de graves reproches au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et au Ministère public de la Confédération (MPC) dans le cadre des menaces qui pèsent sur sa personne. Selon lui, beaucoup de personnes ne disent pas la vérité dans ces instances.

En 2010, Dick Marty avait conclu dans un rapport à l'attention du Conseil de l'Europe qu'une partie des responsables de l'armée de libération du Kosovo (UCK) avait commis des crimes pendant la guerre du Kosovo de 1998 à 1999
En 2010, Dick Marty avait conclu dans un rapport à l'attention du Conseil de l'Europe qu'une partie des responsables de l'armée de libération du Kosovo (UCK) avait commis des crimes pendant la guerre du Kosovo de 1998 à 1999
KEYSTONE/AP/MICHEL EULER

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Dans le «Tagesgespräch» de la radio alémanique SRF vendredi, Dick Marty dit ne pas comprendre qu'il ait fallu attendre aussi longtemps pour obtenir une protection. Il ne comprend pas non plus pourquoi les autorités n'ont pas immédiatement poursuivi les criminels. «On aurait pu résoudre l'affaire rapidement», estime le Tessinois, qui a récemment affirmé être menacé de mort par les services de renseignement serbes.

L'objectif des criminels était de faire porter la responsabilité de son éventuel assassinat à l'ancien président kosovar Hashim Thaci, explique M. Marty. Il suppose qu'il s'agit de personnes ayant des contacts avec les services secrets serbes, la Serbie craignant que Hashim Thaci ne soit pas traduit en justice.

Si la Suisse officielle était intervenue immédiatement auprès du gouvernement serbe pour dire qu'elle était au courant du projet, le plan aurait capoté, estime M.Marty. «Mais apparemment, on n'a pas voulu perturber les relations diplomatiques. J'ignore pourquoi», a-t-il ajouté. Il sait toutefois que de nombreuses personnes de la Suisse officielle au DFAE et au MPC «ne disent pas la vérité».

«En contact»

Sollicité par Keystone-ATS, le MPC ne répond pas à l'accusation d'avoir trop tardé. Il écrit: «Les autorités suisses compétentes sont en contact avec les autorités serbes à différents niveaux.»

Ainsi, des échanges et des rencontres ont eu lieu entre la Police judiciaire fédérale de l'Office fédéral de la police (fedpol) et les autorités policières serbes, poursuit le communiqué. Cette mesure fait «partie intégrante du dispositif mis en place». Les échanges entre fedpol et les autorités policières serbes ont lieu en étroite concertation avec le MPC.

Les menace ne proviennent toutefois pas seulement de Serbie, a souligné M. Marty à la radio SRF. Les médias albanais et même des politiciens mènent depuis des années une campagne de haine à son encontre. C'est dangereux, car cela peut enhardir des gens incontrôlables, relève-t-il.

M. Marty se dit frustré que les autorités suisses ne lui disent pas la vérité: il estime n'avoir jamais été très apprécié dans la Berne fédérale, notamment parce qu'il a écrit un rapport sur les prisons de la CIA qui pourrait avoir perturbé les relations avec Washington.

Violations confirmées

En 2010, Dick Marty avait conclu dans un rapport à l'attention du Conseil de l'Europe qu'une partie des responsables de l'armée de libération du Kosovo (UCK) avait commis des crimes pendant la guerre du Kosovo de 1998 à 1999. Par la suite, le Tribunal spécial pour le Kosovo à La Haye a confirmé cette accusation. Hashim Thaci a démissionné de la présidence en novembre 2020 après avoir été inculpé, mais il est toujours considéré comme un héros dans son pays.

Dick Marty n'a obtenu une protection complète qu'en décembre 2020. Le MPC explique qu'il a alors fallu partir d'une «situation de menace sérieuse» contre le Tessinois. En raison du «contexte transnational présumé», l'affaire présente également une composante politique.