Scandale à la RTSHarcèlement confirmé, mais la hiérarchie n'est pas inquiétée
tb, ats
16.4.2021 - 15:50
Keystone-SDA, tb, ats
16.04.2021, 15:50
16.04.2021, 15:56
Les cas de harcèlement au sein de la RTS commis par deux collaborateurs sont confirmés par les enquêtes externes menées suite aux révélations du Temps. Darius Rochebin, lui, est blanchi. Ebranlés par cette crise, les directeurs généraux de la SSR et de la RTS restent en place.
Gilles Marchand, directeur général de la SSR et qui était à la tête de la RTS à l'époque des faits, a reconnu vendredi lors d'une conférence de presse en ligne qu'"une décision erronée avait été prise en 2014 concernant le périmètre de l'enquête à propos d'un cas de mobbing». Mais cela n'a pas été considéré comme une erreur grave dans l'évaluation de la chaîne de responsabilités, selon la SSR.
Le Conseil d'administration de la SSR lui réitère ainsi sa confiance. Il en fait de même avec le directeur de la RTS Pascal Crittin. Le président du Conseil d'administration de la SSR, Jean-Michel Cina, et les deux directeurs ont réitéré leurs excuses aux collaborateurs touchés. Ils regrettent que les personnes en souffrance n'aient pas été assez entendues. Il s'agit désormais de réinstaurer la confiance.
Fin octobre, Le Temps, suivi par d'autres médias, avait révélé des dysfonctionnements au sein de la RTS en épinglant trois collaborateurs, dont l'ex-présentateur Darius Rochebin. Le quotidien relatait des cas de harcèlement sexuel, de gestes déplacés et d'abus de pouvoir.
Départs
Les enquêtes externes menées suite à ces accusations ont conclu qu'il s'agissait, dans deux cas, d'actes qualifiés de harcèlement. Un des collaborateurs a quitté l'entreprise, l'autre a reçu une sanction formelle.
S'agissant de Darius Rochebin, aucun témoignage recueilli ne permet de conclure à des actes relevant de harcèlement sexuel ou psychologique, d'atteinte à la personnalité ou de quelconque infraction pénale. L'avocat de l'ex-star des écrans romands salue vendredi le sérieux de l'enquête qui permet, selon lui, de clarifier la situation.
Darius Rochebin avait immédiatement rejeté les accusations à son encontre et déposé dans la foulée une plainte pénale pour diffamation contre Le Temps. Il avait rejoint la chaîne française LCI à la rentrée, mais il s'est retiré temporairement de l'antenne après la publication de l'enquête.
Bernard Rappaz, rédacteur en chef de l'actualité TV, avait décidé de se mettre en retrait des tâches opérationnelles pendant l'enquête. Le journaliste quitte finalement l'entreprise. Un retour à son poste s'avérait peu réaliste, selon la RTS. Enfin, le directeur des RH quitte son poste pour laisser la place à une nouvelle équipe qui devra incarner le changement.
Pas de sanction
La ligne externe mise en place pour recueillir les témoignages des collaborateurs sur leur souffrance au travail a été activée par près de 220 personnes. En l'état, la RTS estime qu'il n'est pas nécessaire de lancer de nouvelles enquêtes disciplinaires.
L'enquête mandatée par le Conseil d'administration de la SSR sur la chaîne de responsabilités au sein de la RTS révèle «certaines insuffisances managériales» de la part de deux cadres qui n'ont pas agi de manière adéquate dans l'un des cas de harcèlement examinés. Selon les experts qui ont investigué, il n'y a toutefois pas de faute grave. Aucune sanction ne s'impose, selon la RTS.
Lacunes
Les experts externes ont aussi constaté que les instruments mis en place pour protéger les collaborateurs ont révélé des lacunes. Insistant sur la tolérance zéro en matière de harcèlement, le Conseil d'administration de la SSR veut notamment désigner des personnes de confiance au sein de chaque unité et créer un nouveau poste de médiateur.
Ursula Gut-Winterberger, membre du Conseil d'administration, exige un changement de paradigme au sein de l'entreprise. Tous les cadres devront suivre une formation sur le harcèlement et la façon de le traiter, a-t-elle indiqué. De son côté, la RTS, qui révise son dispositif de protection, annoncera des mesures concrètes d'ici juin.
«Pas réglé»
Le Syndicat des mass médias (SSM) craint que les décisions prises par le Conseil d'administration ne suffisent pas, à elles seules, à restaurer la confiance des employés dans la capacité de l'entreprise à traiter les problèmes de management sans concessions. Et de s'interroger sur les personnes qui devront incarner le changement culturel voulu.
«L'affaire n'est pas réglée», a pointé pour sa part la ministre de la communication Simonetta Sommaruga devant les médias. Un changement de culture est nécessaire et le directeur général doit le mettre en oeuvre, a-t-elle exigé.