Ignazio Cassis «Même divisés, les Suisses savent rester unis»

bu, ats

1.8.2022 - 23:27

Le président de la Confédération Ignazio Cassis et les autres conseillers fédéraux ont sillonné la Suisse le 1er août. Au coeur de leur discours, la volonté de rassembler les Suisses, déstabilisés par les crises sanitaire, climatique, sécuritaire et énergétique.

Keystone-SDA, bu, ats

Ignazio Cassis a achevé son tour de Suisse ferroviaire à Lausanne lundi à l'occasion de la fête nationale. Le président de la Confédération a visité le quartier des musées Plateforme 10, avant de se rendre à Ouchy pour la cérémonie officielle.

Le train présidentiel s'est exceptionnellement arrêté directement entre les deux bâtiments du pôle muséal situé en bordure de la gare de Lausanne. Accompagné de la présidente du Conseil d'Etat vaudois Christelle Luisier, Ignazio Cassis a été accueilli par le syndic Grégoire Junod sous les acclamations du public.

La culture rassemble

Devant quelque 600 personnes et sous un soleil de plomb, le président de la Confédération a souligné la dimension symbolique de son passage à Plateforme 10 et affirmé le rôle de la culture comme élément rassembleur. «C'est ce que j'ai cherché à faire aujourd'hui», a-t-il déclaré.

«Mon voyage du jour m'a permis de traverser un pan de l'histoire nationale. Dans ces temps agités, j'ai voulu relier des lieux symboliques, qui ont été à différentes époques témoins de crises et surtout de réconciliations», a souligné le président de la Confédération dans son discours.

Et de rappeler être parti de Lugano pour rejoindre Knonau (ZH) où il a partagé un brunch paysan sur les terres historiques de la guerre du Sonderbund. A Granges (SO), le PLR s'est plongé dans le souvenir de la grève générale de 1918, un épisode qui a abouti en 1937 à la paix du travail, «un autre élément fort de l'identité nationale».

Les autres ministres ont également sillonné la Suisse dimanche et lundi. «À l'occasion de la Fête nationale, rappelons-nous ce qui nous unit vraiment», a lancé Alain Berset à Lucerne dimanche et à Bellerive (VD) lundi. Le Fribourgeois a déploré que la culture des médias sociaux ait bouleversé le débat politique. Pour certains, l'intransigeance est devenue une qualité, «alors qu'elle n'est en réalité qu'une attitude de blocage.»

Polémiques incessantes

À ses yeux, les polémiques de ces dernières années ont affaibli la Suisse. Sa culture politique parfois compliquée et sa diversité étonnante ne peuvent s'épanouir que si l'on se rappelle que «seules les bonnes solutions nous renforcent».

Au Moléson (FR) lundi, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a appelé la Suisse à défendre ses libertés. «Nous pensions être bientôt sortis d'une crise sanitaire sans précédent. Et voici que la Russie agresse l'Ukraine.»

«Ce qui semblait acquis ne l'est plus: nos libertés, notre sécurité, nos institutions, notre culture politique doivent être défendus.» Et de citer Raymond Aron: «Les valeurs de liberté sont toujours précaires, toujours menacées».

La ministre de la défense Viola Amherd a souligné pour sa part à Winterthour (ZH) la valeur de la démocratie. «Il y a toujours plus d'Etats au régime autocratique. Des politiciens se servent d'un vernis de démocratie pour défendre leurs propres intérêts,» a-t-elle dit. A ses yeux, la fête nationale est «une occasion en or de contrer» ces évolutions négatives.

«On ne peut pas continuer comme ça»

Pour sa collègue Simonetta Sommaruga à Fribourg lundi soir, «le tournant énergétique est à notre portée». La Suisse doit toutefois accélérer la production d'énergie sur son territoire.

«On ne peut pas continuer comme ça (...) nous devons prendre notre destin en main», a martelé la ministre de l'énergie à Saas-Balen (VS) le soir précédent. «Car pendant trop longtemps, nous nous sommes reposés sur les importations d'énergie». La solidarité est capitale, a-t-elle ajouté.

À Oberwald (VS), Guy Parmelin a appelé les Suisses à célébrer la fête nationale malgré l'atmosphère de crise régnant dans le pays. «Aujourd'hui, il ne faut pas se morfondre, mais faire la fête», a lancé le ministre de l'économie.

Le vigneron vaudois a certes reconnu que «2022 n'est définitivement pas un excellent millésime»: la Suisse traverse probablement la période la plus difficile depuis la dernière crise énergétique, il y a presque 50 ans.

Des drones plutôt que des feux

Des lutteurs au Grütli, plus de 150'000 personnes au brunch à la ferme, 1382 fusées et 100'000 personnes au bord du Rhin... l'intensité de l'offre 2022 est loin des rassemblements nationaux chagrins des deux dernières années. Le tout a été émaillé de peu d'incidents.

Autre marque de ce 1er août 2022: de nombreuses communes ont interdit les feux et les feux d'artifice en raison du risque d'incendie dû à la sécheresse. Ils ont été remplacés dans certaines d'entre elles par un ballet de drones comme à Crans-Montana (VS), Hauterive (NE), Cudrefin (VD), Bienne ou Berne.