Ministère public valaisan«Je ne pense pas qu'on puisse parler de crise»
zd, ats
15.5.2024 - 14:43
La nouvelle procureure générale valaisanne Béatrice Pilloud n'estime pas avoir pris ses fonctions dans un ministère public «en crise» mais débordé. Elle l'a dit mercredi en réponse aux médias réunis pour une conférence de presse, six mois après son élection.
Keystone-SDA, zd, ats
15.05.2024, 14:43
15.05.2024, 15:11
ATS
«Je n'ai pas constaté de crise au sein du ministère public depuis que j'ai pris mes fonctions début janvier 2024», a expliqué la procureure générale. Elle dit en revanche avoir «constaté des magistrats en souffrance en raison du manque de confiance qu'on a dans leur travail ainsi qu'un manque de ressources humaines», a-t-elle ajouté.
«Je ne pense pas qu'on puisse parler de crise, car il n'y a jamais eu de manquements ou flottements dans le traitement des affaires», a abondé Catherine Seppey, la procureure générale adjointe lors d'une conférence de presse durant laquelle les deux magistrates ont insisté sur leur complémentarité. Celle-ci a été élue lors de la même session parlementaire, il y a six mois.
Cette double élection était intervenue alors que le ministère public, en particulier l'office central, était sous le feu des critiques. Elle devait permettre de tirer un trait sur les dysfonctionnements d'un ministère public valaisan «en crise», connus depuis plusieurs années et au coeur de divers rapports.
Vers plus de pragmatisme
En 2023, 12'000 dossiers ont été traités par les procureurs. Un chiffre énorme qui ne cesse de croître, ont pointé les deux magistrates. «Je comprends les procureurs qui ont cette impression d'être toujours sous l'eau, et totalement débordés. Il faut les imaginer dans la cale d'un bateau qui prend l'eau avec une cuillère pour écoper», a imagé Béatrice Pilloud.
Avec l'octroi de six postes de greffiers par le parlement, ils sont désormais munis «d'une louche», a-t-elle complété. Avant d'ajouter toutefois: «Nous sommes toujours en manque d'effectif».
«Notre objectif aujourd'hui est de redonner confiance aux magistrats et à la population et d'amener davantage de pragmatisme», ont précisé les deux magistrates. Le pragmatisme, c'est d'améliorer les communications, par exemple en privilégiant l'usage du téléphone aux mails plus chronophages, note Béatrice Pilloud. Cela permet plus d'efficacité.
Séparation physique
Début septembre, le Grand Conseil avait accepté à l'unanimité la loi qui réorganise le Parquet. Pour incarner physiquement cette réorganisation, les bureaux des différents acteurs ont été revus. Désormais l'office central, dirigé par Catherine Seppey, occupe une aile du bâtiment, tandis que Béatrice Pilloud s'est installée avec son Etat-Major dans une autre.
Cette séparation répond à cette volonté d'avoir un procureur général indépendant, qui ne soit pas chef d'un office, mais qui puisse se concentrer sur la conduite globale du ministère public. Cette gouvernance permet ainsi à la nouvelle cheffe de «prendre de la hauteur». «Je suis là pour tout le monde et souhaite que le ministère public soit moins compliqué», ajoute la nouvelle procureure générale.
Plusieurs regards
Interrogée sur les dossiers médiatiques en cours, Béatrice Pilloud a indiqué qu'"aucun des gros dossiers" n'était arrivé à prescription. Plusieurs procureurs - jusqu'à quatre - se partagent désormais la tâche dans les cas les plus complexes, «afin de maintenir une continuité dans ces affaires, qui nécessitent de nombreuses décisions incidentes, qui sont, en plus, très souvent contestées».
Béatrice Pilloud, affiliée au PLR, remplace Nicolas Dubuis (Centre). Son adjointe Catherine Seppey (Centre) remplace Lucie Wellig (Gauche-Verte).