Initiative de limitationKarin Keller-Sutter défend les bilatérales
ATS
22.6.2020 - 11:42
L'initiative «pour une immigration modérée» aurait de graves conséquences pour l'économie si elle était acceptée le 27 septembre. Les entreprises n'ont pas besoin d'expérimentations risquées dans la période actuelle, estime la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter.
Entourée de représentants des syndicats et des employeurs, la cheffe du Département fédéral de justice et police a relancé lundi la campagne contre l'initiative de l'UDC et de l'ASIN. La votation initialement prévue le 17 mai a dû être reportée à cause de la pandémie de Covid-19.
L'initiative «pour une immigration modérée» ou initiative de limitation exige la fin de la libre circulation des personnes avec l'UE pour assurer la mise en oeuvre du texte contre l'immigration de masse, accepté en 2014 par le peuple.
L'enjeu de cette votation n'est pas seulement la libre circulation des personnes, a relevé Karin Keller-Sutter devant la presse, tout en saluant la réouverture des frontières fermées à cause de la pandémie de Covid-19. Cet accord avec l'Union européenne est étroitement lié à six autres accords. Remettre en jeu l'un d'entre eux rendrait tous les autres obsolètes, a indiqué la ministre de la justice.
Voie bilatérale louée
L'économie suisse est florissante grâce à la voie bilatérale. Cinquante pour cent des exportations helvétiques vont vers l'Union européenne. Mettre fin aux bilatérales n'est pas une bonne solution, encore plus en cette période de crise du coronavirus, a estimé la conseillère fédérale. Les entreprises ont besoin de stabilité.
Le Conseil fédéral veut limiter l’immigration au strict minimum. Il encourage et soutient par plusieurs mesures déjà le potentiel que représente la main-d'oeuvre déjà en Suisse, a ajouté Mme Keller-Sutter. Le Parlement vient de décider de donner une prestation transitoire aux chômeurs en fin de droit de plus de 60 ans pour couvrir leurs besoins vitaux jusqu'à la retraite.
L’obligation d’annoncer les postes vacants dans les professions connaissant un taux de chômage important a fait ses preuves, selon elle. En collaboration avec les partenaires sociaux, le Conseil fédéral a aussi pris des mesures pour augmenter les chances sur le marché de l’emploi des travailleurs d’un certain âge, notamment par du mentorat et par des formations et perfectionnements ciblés.
Front commun
Le Conseil fédéral n'est pas le seul à rejeter le texte. Au Parlement, tous les partis, à l'exception de l'UDC, s'y sont opposés. Et dans la campagne contre l'initiative, les employeurs et les syndicats font front commun.
Il est faux de prétendre que la fin de la libre circulation des personnes entraînera une baisse du chômage en Suisse, a affirmé Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'Union suisse des arts et métiers (USAM). Les PME sont fortement touchées par le manque de travailleurs qualifiés. L'initiative risque de les couper d'un important bassin de recrutement de main-d’oeuvre spécialisée.
La crise du coronavirus a aussi montré que sans les spécialistes européens qui travaillent en Suisse, le système de santé helvétique aurait rapidement atteint ses limites, a-t-il ajouté. L'approche bilatérale a permis de donner une impulsion économique à la Suisse, a renchéri le président de l'Union patronale suisse, Valentin Vogt.
Depuis l'entrée en vigueur des accords bilatéraux, les salaires réels ont nettement augmenté en Suisse et davantage d'emplois ont été créés au bénéfice de la main-d'oeuvre indigène.
Les représentants des syndicats estiment quant à eux que l'initiative de limitation vise à abolir les mesures d'accompagnement. Son but réel n'est pas de limiter l'immigration. Il est de déréguler le marché du travail et de faire pression sur les salaires, a expliqué le conseiller national Pierre-Yves Maillard (PS/VD), président de l'Union syndicale suisse.
Il faudrait alors renégocier les mesures d'accompagnement. Un argument repris par le président de Travail.Suisse Adrian Wüthrich. Pour lui, l'initiative représente un danger pour les emplois. Son acceptation freinerait le rétablissement économique après la crise du coronavirus.
Renégociations
L'initiative de l'UDC et de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) demande au Conseil fédéral de négocier la fin de l'accord sur la libre circulation avec Bruxelles. Si tous les efforts de négociation n'aboutissent pas, l'initiative prévoit comme dernier moyen la résiliation de cet accord.
Les initiants estiment que la libre circulation des personnes n'a eu que des effets négatifs sur notamment l'emploi et les salaires, les coûts de l'aide sociale liés au chômage de longue durée de migrants, ainsi que des loyers surélevés.
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