Affaire Maudet L'affaire Maudet pas prête de prendre fin

ATS

16.1.2019 - 20:25

L'affaire Maudet n'a pas fini de connaître des rebondissements (archives).
L'affaire Maudet n'a pas fini de connaître des rebondissements (archives).
Source: KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD

Les membres du Conseil d'Etat genevois ne s'attendent visiblement plus à une démission prochaine de leur collègue Pierre Maudet. Mercredi, ils sont convenus de revoir de manière pérenne l'organisation des départements cantonaux.

Les nouvelles mesures organisationnelles seront dévoilées d'ici à une semaine, a indiqué le gouvernement à l'issue de sa séance hebdomadaire. Il apparaît déjà certain que Pierre Maudet ne pourra plus présider l'exécutif, ni être chargé de la politique publique de la sécurité, qui est en lien avec le Ministère public.

Pierre Maudet avait déjà perdu une partie de ses attributions après avoir été prévenu, l'automne dernier, d'acceptation d'un avantage, dans le cadre d'un voyage controversé qu'il avait effectué aux Emirats, en 2015. Outre la perte de la présidence, il n'a plus à ce jour la responsabilité de la police ainsi que de l'aéroport.

Ces mesures n'avaient toutefois qu'un caractère provisoire à l'origine. Le Conseil d'Etat a changé de perspective à la suite des derniers rebondissements de l'affaire. Aujourd'hui, le gouvernement cantonal "ne peut que prendre acte de la volonté de M. Maudet de poursuivre son mandat électif".

Demande de récusation

Du côté judiciaire, la procédure visant Pierre Maudet risque de se prolonger. D'une part, le Ministère public souhaite poursuivre le magistrat sur un nouveau volet de l'affaire, impliquant une nouvelle levée d'immunité de la part du Parlement. D'autre part, Pierre Maudet veut récuser les procureurs qui enquêtent sur lui.

Il leur reproche d'avoir transmis au Conseil d'Etat genevois, sans en avoir reçu l'autorisation du Conseil supérieur de la magistrature, des extraits d'un procès-verbal d'une de ses auditions. Dans ce document, Pierre Maudet admettait avoir eu une attitude totalement indigne de sa fonction.

Pour les avocats du conseiller d'Etat, Grégoire Mangeat et Fanny Margairaz, cette communication du Parquet pourrait relever d'une violation du secret de fonction. Outre la récusation des procureurs, Pierre Maudet pourrait aussi exiger "le dépaysement de l'instruction" hors du canton de Genève, voire auprès du MPC.

L'affaire Maudet, qui empoisonne la vie politique genevoise depuis plusieurs mois, maintenant, a aussi pour conséquence de diviser profondément le PLR Genève. Mardi soir, les membres du parti se sont réunis en assemblée extraordinaire et ont accordé leur confiance, à une courte majorité, au magistrat.

Deux camps irréductibles se sont fait face. Les partisans du conseiller d'Etat ont défendu leur champion, mettant en avant son bilan et ses compétences. Les adversaires, dont une bonne partie du comité directeur du PLR Genève, ont condamné les mensonges de Pierre Maudet, estimant qu'il n'était plus capable de tenir son rang.

Un parti déchiré

Cette division au sein des libéraux-radicaux genevois aura pour conséquence immédiate le départ du président du parti, Alexandre de Senarclens. Celui-ci a confirmé qu'il remettait son mandat, ne pouvant plus être au côté d'un magistrat qui n'a plus aucune considération pour sa formation politique.

Cette fracture est d'autant plus préoccupante pour le PLR Genève, que les élections fédérales approchent à grands pas. Pour l'ancien conseiller national libéral genevois Jacques-Simon Eggly, il est évident que l'affaire Maudet ne pourra que nuire aux ambitions du premier parti du canton sur la scène fédérale.

Une inquiétude qui taraude également le PLR Suisse. Mercredi, il a à nouveau appelé à la démission de Pierre Maudet. "La confiance a été durablement détériorée", a-t-il fait savoir dans une prise de position écrite adressée à Keystone-ATS. La direction du parti avait déjà demandé le départ du magistrat le 28 novembre dernier.

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